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Paysage En quête d'indicateurs de valeur

Les Assises du paysage de Strasbourg ont été l'occasion, pour la filière de passer 3 jours à élaborer des plans visant à revaloriser son action.

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Les Assises du paysage de Strasbourg ont été l'occasion, pour la filière de passer 3 jours à élaborer des plans visant à revaloriser son action.

Les Assises du paysage sont organisées tous les 2 ans par Val'Hor. Elles ne s'inscrivent donc plus, désormais, dans un processus de dialogue entre concepteurs du paysage, comme c'était le cas lorsque ce rendez-vous était proposé par la FFP, Fédération française du paysage, mais comme une plate-forme d'échange pour la filière.Le thème retenu pour le rendez-vous de Strasbourg, du 10 au 12 octobre, était d'ailleurs particulièrement attractif, pour les concepteurs, évidemment, mais aussi pour les entreprises du paysage ou pour les producteurs : « le paysage, créateur de richesse ». Pour autant, il n'a pas attiré autant de participants qu'on aurait pu l'imaginer : environ 300 personnes se sont déplacées, soit un chiffre comparable à celui des Assises de 2009, alors que les organisateurs tablaient sur une augmentation de la fréquentation. On peut aussi regretter la quasi absence du monde de la production, ou la faible participation des paysagistes ayant pignon sur rue. Néanmoins, les débats, organisés en deux jours articulés autour d'une autre journées passée sur le terrain, se sont révélés constructifs.

Si les concepteurs sont toujours à la recherche d'une reconnaissance au niveau de leur statut, ils ont reconnu volontiers que leur travail est mieux valorisé aujourd'hui qu'il y a 20 ans, sur le terrain. Ils sont présents dans le travail interdisciplinaire qui conduit à la conception des nouveaux quartiers urbains, par exemple, et Michel Desvigne vient même d'être récompensé par le Grand Prix de l'Urbanisme. Gilles Vexlard, pour sa part, estime qu'il a « débuté sa carrière en travaillant à l'aval des projets », pour placer quelques touches de verdure là où les bâtiments voulaient bien laisser un peu de place, pour la terminer « en amont », au coeur du travail de conception.

Mais, aujourd'hui, notre filière reste mal rémunérée, et la crise actuelle n'arrange rien, plaçant quelques voyants à l'orange, voire au rouge : grosses difficultés dans le monde de la production et ralentissement inquiétant du côté du paysage. Il importe donc de trouver de nouveaux axes de valorisation. Et, pour cela, nos métiers ont quelques atouts, comme l'a rappelé le désormais incontournable Erik Orsenna : le paysage et le cadre de vie en général sont aujourd'hui plébiscités par les citoyens qui veulent des espaces verts à proximité de chez eux. Il faut donc que la filière encourage les élus à investir dans les parcs, jardins, squares et autres espaces verts de proximité. C'est le but du manifeste Cité Verte : le projet avait été lancé, à Strasbourg, déjà, il y a deux ans, sa matérialisation concrète a été portée sur les fonts baptismaux au même endroit, la semaine dernière. Nous y reviendrons en détails dans une prochaine édition.

Des citoyens sont demandeurs, c'est un gage solide pour les professionnels. Les élus chargés de répondre à leur demande doivent être sensibilisés. De même, le 4 octobre, après présentation à la presse du Manifeste Cité Verte, son porte parole Dominique Douard, désormais président de Val'Hor, a obtenu audience auprès de Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l'environnement. Elle n'est pas venue à Strasbourg, mais une vidéo de cet entretien a été projetée à Strasbourg : elle a permis de bien percevoir l'implication de la ministre : « je suis prête à appuyer une politique volontariste du paysage, à conditions d'avoir, face à moi, des professionnels organisés ». Un message clair pour l'unité de la filière. Tous les éléments du puzzle sont donc réunis pour réussir la mutation verte qui s'impose à notre société. Tous, sauf un mais de taille : le manque d'indicateurs. Les espaces verts sont bons pour la santé ? Oui mais, dans quelle mesure, à quel prix et pour quelles économies pour la Sécurité Sociale ? Et si les jardins permettent de consommer moins d'antidépresseurs, il ne faut pas oublier que leur consommation participe à faire progresser le sacro-saint PIB, produit intérieur brut, indicateur dépassé de l'avis unanime, mais qui reste aujourd'hui omniprésent dans les décisions économiques. Un effet pervers que l'on ne mesure pas toujours très bien...

Trouver un meilleur indicateur de niveau économique que le PIB mieux mesurer les retombées économiques directes, indirectes, sociales, environnementale, etc., être capable de mieux préciser les bénéfices que le paysage doit apporter à la société et exiger des efforts de recherche en ce sens (même si Damien Provendier, de Plante et Cité, a rappelé au passage que le travail de l'association couvrait déjà une partie du champ d'investigation défini par les participants) : à n'en pas douter, une machine lourde de promotion de la filière est en marche, tout doit être fait pour que l'ensemble de la filière puisse la porter.

P.F.

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