Sols Un premier bilan

« Les sols constituent une ressource naturelle non renouvelable. Leurs usages et leur devenir représentent un enjeu collectif majeur, tant pour les activités agricoles ou sylvicoles que pour la préservation de la qualité de notre environnement », note le Groupement d'Intérêt Scientifique sur les sols, Gis Sol, dans un rapport sur l'état des sols en France qui vient d'être publié.

Après dix ans de travaux et l'analyse de 13 000 échantillons prélevés sur 2 200 sites, l'organisme met en avant plusieurs points positifs. Parmi eux, des teneurs faibles pour la majorité des contaminants (métaux lourds) et une bonne gestion de certaines propriétés des sols. De nombreux polluants organiques ont été analysés et ne sont pas, ou très rarement, observés dans les échantillons. Si certains peuvent poser de réels problèmes sanitaires, la plupart d'entre eux ne présente qu'un risque minime de transfert dans la chaîne alimentaire. Côté réserves minérales, les terrains agricoles « ne présentent pas d'évolution mesurable de leur acidité, ce qui indique une bonne gestion à l'échelle nationale. Ils ne montrent pas non plus de baisse mesurable de leurs teneurs en potassium, malgré une diminution importante des apports minéraux externes », précise le rapport.Enfin, l'analyse réalisée sur l'ADN microbien montre qu'aucun sol ne paraît stérilisé.

Des inquiétudes pour l'avenirReste que certains contaminants sont présents dans les échantillons de sols de tous les sites analysés, « même dans ceux où ils n'ont manifestement jamais été épandus, comme le DDT et le lindane, deux insecticides interdits en Europe mais fortement rémanents », précisent les auteurs du travail. Les teneurs en phosphore sont faibles dans de nombreux échantillons, ce qui pose, à long terme la question de la durabilité du système agricole. A l'inverse, l'augmentation des teneurs en phosphore dans les régions d'élevage concentré, reste très préoccupante en raison de son impact sur la qualité des eaux et sur l'eutrophisation des milieux. La juxtaposition de situations d'excédents et d'insuffisances potentielles soulève la question d'une meilleure valorisation des effluents d'élevage pour corriger les unes et les autres.Une inquiétude majeure concerne la progression de l'artificialisation des sols qui s'est accélérée durant la dernière décennie (8,9 % des sols en 2010). La gestion des sols périurbains est donc « un enjeu important », poursuit le rapport qui précise que « l'érosion est également menaçante car susceptible de remettre en cause la durabilité à long terme de certains agro-écosystèmes. Elle pourrait en outre s'accélérer sous l'effet du changement climatique ».

Reste que de nombreuses interrogations subsistent, comme le stockage du carbone et son devenir sous l'effet du changement climatique, ou l'évolution de la biodiversité des sols... Le GisSol a de beaux jours devant lui.

Pour en savoir plus sur le GisSol : http://www.gissol.fr/actualite/evenements.php

P.F.