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Des jardins privés très prisés du grand public

Les jardins des Renaudies, à Colombiers-du-Plessis proposent, sur un peu plus de 4 hectares, une palette végétale très large, intéressant un public diversifié.

Où en sont les jardins privés ouverts au public ? La découverte de sites où le végétal occupe une place de choix permet de proposer des réponses... Visite guidée aux jardins des Renaudies, à Colombiers-du-Plessis, en Mayenne (53).

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C'est Jean Renault, fondateur des pépinières du même nom, situées à Gorron, à deux pas, qui a créé les jardins des Renaudies. Jardins à l'anglaise, entourés d'un double alignement de chênes et composés de grands massifs d'arbustes, vivaces et annuelles, ils ne possèdent pas de collection nationale, bien que l'on puisse y voir environ 400 variétés d'hortensias et quelques espèces rares, et que les floraisons s'y étalent de février à octobre grâce à une grande diversité végétale. Ce ne sont pas non plus des jardins à thème ou de démonstration. Sur plus de 4 hectares, il s'agit de l'oeuvre d'un passionné, qui a cédé en 2001 son bébé à la communauté de communes locale. De 2001 à 2007, les équipes chargées d'administrer les lieux en ont essentiellement assuré l'entretien classique. Depuis, la volonté de relancer sa dynamique semble s'affirmer, ce que confirme le nombre des visiteurs, en hausse sur cette période. Plus de 13 000 personnes se sont ainsi rendues dans les jardins l'an dernier, soit une hausse de 25 % sur trois ans.

Des passionnés assidus, même sous la pluie...

Pour Jean-François Le Ray, responsable du site et des trois jardiniers (dont un à temps partiel) depuis 2007, l'ensemble de ces visiteurs peut être classé en plusieurs groupes. Il y a les passionnés, qui viennent le matin et à qui la pluie ne fait pas peur. Un nombre non négligeable d'entre eux sont anglais : ils sont friands de vacances dans la région, certains y prennent même leur retraite et sont généralement de grands amateurs de jardins. « Certains jours, on n'a même que des Britanniques », précise Jean-François Le Ray. Anglais ou pas, les passionnés vont facilement voir les jardiniers, volontiers disponibles pour répondre à leurs questions, les interrogent sur les plantes rares, mais aussi parfois sur la manière dont leur travail est organisé. Certains n'hésitent pas à « emprunter » les étiquettes des plantes pour se souvenir des noms.

En été, le public est souvent familial. Un labyrinthe de maïs est proposé pour amuser les enfants. « Globalement, les jardins sont suffisamment vastes pour qu'ils n'abîment pas les plantes », fait remarquer le chef jardinier.

Il y a enfin les publics spéciaux, les scolaires, en mai et juin, ou bien les amateurs de la fête de la citrouille, qui est organisée en octobre et qui permet de vendre plusieurs centaines de courges...

La conception des jardins, qui combinent esthétisme et botanique, permet à chacun de ces publics d'apprécier les lieux. Cependant, depuis les débuts de leur création, en 1988, les massifs ont quelque peu vieilli. Trois viennent d'être redessinés, soit une surface de plus de 1 000 m² qui a été entièrement replantée. « Nous avons essayé de conserver l'esprit du créateur tout en apportant notre patte, explique Jean-François Le Ray. Une rivière sèche a été créée avec des élèves de bac pro d'un lycée horticole local. Nous avons diminué le nombre d'annuelles que nous plantons chaque année. Nous n'en installons plus de 4 000 à 5 000, par contre, nous utilisons davantage de vivaces, d'arbustes et d'arbres. Et pour les annuelles que nous plantons encore et que nous produisons sur place, les choses ont beaucoup évolué : les bégonias et les impatiens ont fait place à des cléomes ou à des Rudbeckia. »

Pour ce qui concerne les collections, les jardiniers poursuivent la diversification de la gamme d'hortensias par exemple : la variété 'Vanille-Fraise', arrivée sur le marché il y a quelques années, a été plantée pour permettre au public de mieux la connaître. Les collections d'érables japonais (le sol est acide, pH de 5,5 à 6) et de roses botaniques sont aussi plébiscitées.

Les visiteurs ne sont pas les seuls à apprendre sur les végétaux. Les jardiniers en découvrent eux-mêmes tous les jours. Ils ont pu constater que le Buxus hard-worthiensis est particulièrement résistant aux maladies qui déciment en ce moment les haies basses qui structurent les jardins à la française et n'est pas gélif non plus.

Un mode de gestion revu et corrigé

Mais, plus que tout, c'est dans les modes de gestion que les pratiques ont certainement le plus évolué ces dernières années. Les paillages et le choix de systèmes d'arrosage plus performants ont permis de limiter les quantités d'eau utilisées. Pour les paillages, les déchets de taille sont broyés, mais du Miscanthus produit localement (à une dizaine de kilomètres) et des écorces de merisier et de hêtre, issues d'une production basée à 2 kilomètres, sont aussi mis à contribution. Des produits choisis « parce qu'ils demandent peu de transport », précise Jean-François Le Ray.

Plus aucun insecticide n'est utilisé dans l'ensemble des jardins. « Nous utilisons encore un peu de désherbant à l'avant des massifs, là où la vue des adventices et la plus sensible », poursuit le chef jardinier. Les engrais des pelouses sont bio, et pour le potager, essentiellement planté d'aromatiques, c'est zéro phyto. Dans l'ensemble, ces tendances rejoignent très largement celles que l'on peut constater aujourd'hui dans les jardins de particuliers ou dans les collectivités...

Pascal Fayolle

L'esprit du créateur. Jean-François Le Ray, responsable du site, conserve l'esprit du créateur tout en y ajoutant la patte de l'équipe des jardiniers.

L'air du temps. Les nouveaux massifs offrent une large place aux paillages, aux vivaces et aux pratiques de conception et de gestion actuelles.

L'adaptation aux besoins. Les jardins ne sont pas « précieux ». Ils répondent aux attentes d'un public familial. Les enfants peuvent s'y ébattre.

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