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Fleurissement : les chiffres parlent...

Le coût du fleurissement est un sujet qui intéresse les gestionnaires depuis plusieurs années, au même titre que les coûts des espaces verts en général. L'évolution de ces coûts est intimement liée à l'évolution des pratiques, d'où l'intérêt de l'enquête, complète, menée par l'ARF.

Tributaire des budgets des collectivités, mais aussi des modes, de la demande sociale..., le fleurissement connaît une véritable mutation. L'enquête menée au printemps par l'association régionale du fleurissement de la région Centre (ARF) en témoigne.

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Lors des dernières Assises régionales du Centre, à Chartres le 22 septembre dernier (voir le Lien horticole n° 770 du 12 octobre 2011, page 6), Roland-Marie Marceron, directeur du service espaces verts de Bourges (18), a présenté les résultats d'une enquête sur l'évolution et le coût du fleurissement, menée au cours du printemps par l'ARF de la Région. Quatre cent cinq communes ont répondu à cette enquête, assurant à ce travail une bonne représentativité, même si les petites communes ont davantage participé que les grandes. En effet, 306 communes de moins de 3 000 habitants ont retourné le questionnaire, contre 50 de 3 000 à 10 000 habitants, 25 de 10 000 à 30 000, 7 de 30 000 à 50 000, 10 de 50 000 à 100 000 et 7 de plus de 100 000 âmes...

Le fleurissement est surtout estival dans les villages

Le fleurissement est souvent perçu comme bon marché, mais il est gourmand en main-d'oeuvre. Or, « cette dernière représente plus de 50 % du budget de fonctionnement des communes, a précisé d'emblée Roland-Marie Marceron, et même 80 % dans les espaces verts ». En période de restriction, il est donc tentant de montrer les services espaces verts du doigt et de leur imposer des tours de vis drastiques. Pour les éviter, « il importe de bien connaître le coût de nos prestations », poursuit le gestionnaire. Dans sa ville, Roland-Marie Marceron précise que les espaces verts représentent 16 000 heures de travail, soit 2 h 30 par mètre carré et par an. Parmi les vingt-huit tâches répertoriées, les tailles d'arbustes représentent 18,8 %, le nettoyage 8,7 %, la tonte 8,6 %. Quant aux massifs fleuris, ils arrivent derrière avec 6,7 % du temps passé, devant le désherbage (6 %). Et ailleurs ? Dans les communes de moins de 3 000 habitants, quand on parle de fleurissement, on entend tout d'abord fleurissement estival. L'idée que les arbustes et vivaces y contribuent fait son chemin et il arrive devant celui de printemps, souvent hors de portée des petites communes.

Les toitures végétalisées et les bisannuelles plébiscitées

Les villes de plus de 3 000 habitants ont intégré que le fleurissement doit s'étendre sur les quatre saisons. Environ 91 % pensent que le fleurissement durable, à partir de plantes peu gourmandes en eau, va continuer à prendre de l'ampleur. Environ 68 % pensent qu'il a toujours autant d'importance pour les habitants, mais près du tiers estiment tout de même qu'il a perdu une part de son aura. Le score est encore plus serré concernant le fleurissement aérien : 62 % des communes pensent qu'il faut le conserver, contre 37 % qui pensent l'abandonner... Les suspensions restent pourtant intéressantes pour apporter de la couleur dans des lieux très urbanisés et si l'arrosage est intégré, leur coût n'est pas forcément prohibitif.

Seuls 20 % des communes ayant répondu au questionnaire pensent développer des murs végétalisés. Par contre, elles sont 73 % a accueillir favorablement l'idée d'avoir des toitures végétalisées. Le fleurissement éphémère séduit 63 % des communes. Enfin, 92 % des localités refusent l'idée de supprimer le fleurissement de printemps pour réaliser des économies. Les bisannuelles restent appréciées, mais près de la moitié (48 %) des communes se disent prêtes à cesser de fleurir en automne avec des chrysanthèmes. Au vu de la diminution déjà constatée, on peut considérer comme positif que 51 % des personnes interrogées souhaitent défendre un budget fleurissement élevé... À noter, enfin, que les trois quarts des villes sont prêtes à réduire le nombre de points fleuris. Une démarche déjà bien engagée, un peu partout en France.

Pas de vraies grosses surprises

Au final, peu de chiffres surprennent vraiment, si ce n'est à la marge. Les murs végétaux, pourtant très en vogue, qui ne séduisent que 20 % des villes, par exemple. De manière générale, les tendances décrites sont bien celles constatées sur le terrain : des villes qui rationalisent les points fleuris et des villages encore tournés vers les annuelles, un développement de la qualité au détriment de la quantité, la propension à parler de cadre végétal plus que de fleurissement... L'enquête présente surtout de vraies données susceptibles d'encourager la production horticole. La volonté de ne pas céder sur le fleurissement de printemps ou l'événementiel est un indicateur positif pour le secteur. Les budgets seront-ils à la hauteur de cette volonté exprimée ? On ne peut que l'espérer.

Pascal Fayolle

Fleurissement de printempsLes bisannuelles restent largement plébiscitées par les villes ayant répondu à l'enquête de l'ARF Centre.

SuspensionsDe plus en plus de collectivités envisagent de les supprimer. Elles apportent pourtant de la couleur en centre-ville.

ÉvénementielRéaliser des décors éphémères reste important aux yeux de la majeure partie des communes aujourd'hui.

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