Truffaut Orléans adopte l'attitude « Jardiner au naturel
Sur les étals de Truffaut à Saint-Jean-le-Blanc (45), de nombreux macarons attestent de la participation de l'enseigne à l'opération « Jardiner au naturel, objectif zéro pesticide ». Le magasin souhaite promouvoir les techniques alternatives auprès des jardiniers amateurs.
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« P roposer des méthodes alternatives à nos clients est l'une de nos orientations nationales. Alors, lorsque les associations locales ont proposé de nous accompagner dans cette démarche, nous n'avons pas hésité », résume Pascal Ploton, le directeur de la jardinerie Truffaut, à Saint-Jean-de-Blanc, près d'Orléans.
Depuis 2006, Loiret nature environnement (LNE) et la Fredon Centre mettent en place l'opération « Objectif zéro pesticide dans nos villes et villages ». En 2009, les deux associations réfléchissent à la sensibilisation des jardiniers amateurs. Le conseil doit être délivré lors de l'achat. Loiret nature environnement contacte donc les jardineries, les grandes surfaces de bricolage et les libres services agricoles de l'agglomération orléanaise qui vendent des produits phytosanitaires. Les treize enseignes acceptent et adhèrent à la charte.
Tous les rayons de la jardinerie sont réaménagés
Le principe est simple : LNE communique sur la démarche. « En plus de l'affichage en magasin, nous organisons des animations dans les enseignes, un jeu-concours dans la presse et une conférence », détaille Moea Labour, chargée de mission « Jardiner au naturel » à LNE. En échange, le magasin s'engage à conseiller des techniques alternatives. Dans la théorie, c'est simple, mais, dans la pratique, cela demande du temps.
Le magasin Truffaut a mis en place un espace dédié aux produits bio, identifiables grâce à leurs emballages bleus, pour la marque distributeur. « De plus en plus de produits alternatifs sont commercialisés. C'est plus facile de faire un linéaire de trois ou quatre mètres réservés à ces produits », raconte Didier Courtois, chef du rayon équipement et produits. Dans cet espace bleu, entre les prix, on peut voir les réglettes « Jardiner au naturel » et lire les slogans « Et si l'on jardinait sans polluer » ou encore « Les pesticides, ce n'est pas systématique ». La place du rayon d'alternatives aux pesticides a augmenté, notamment le rayon prairie ou jachère fleurie.
Les produits phytosanitaires sont entreposés dans le linéaire d'en face. Une petite étiquette indique qu'ils sont dangereux pour la santé et l'environnement. « C'est la seule jardinerie de l'AgglO (communauté d'agglomération Orléans Val de Loire qui affiche ce genre de message en dehors de nos réglettes », note Moea Labour.
Outre ces pancartes, un espace réfrigéré contenant des larves d'auxiliaires a fait son apparition à côté du comptoir. Des « jardifiches » et les bulletins de santé du végétal sont à la disposition des clients.
La démarche « Jardiner au naturel » s'applique aussi au sein du rayon des vivaces, de la pépinière, des équipements... Au détour du rayon paillage, on aperçoit une structure imposante. Le consommateur peut toucher une vingtaine de paillis. « C'est un support théâtral pour accompagner le client. Il y a un gros travail à effectuer pour montrer qu'il existe d'autres paillages que l'écorce de pin », explique le chef du rayon.
Encore des progrès à faire
La démarche ne s'arrête pas à l'aspect visuel du magasin. Pour pouvoir renseigner correctement les clients, les vendeurs sont formés. Chez Truffaut, seize personnes ont suivi un stage dispensé par la Fredon Centre. Le premier niveau de formation est théorique. Sur une journée, les stagiaires apprennent à maîtriser l'enherbement spontané et à poser les bonnes questions pour un diagnostic efficace. Ils découvrent aussi les différents auxiliaires et les techniques de prévention contre les maladies ou les ravageurs. Le deuxième niveau est consacré à la pratique : organisation de podiums sur les techniques alternatives et visites de serres en lutte biologique.
Après deux ans d'activité, l'opération commence à porter ses fruits. Didier Courtois, le chef de rayon, le constate : « Aujourd'hui, je cherche davantage à prévenir qu'à guérir. Je conseille moins les produits phyto, et je vends plus de vivaces, de paillages, de désherbeurs thermiques. J'ai noté un changement d'attitude de consommation chez les clients de moins de 40 ans. En revanche, les personnes plus âgées gardent leurs habitudes. »
Comme les autres jardineries, Truffaut s'est engagé à fournir le chiffre de ses ventes à LNE. Entre 2009 et 2010, l'association note, en moyenne sur toutes les enseignes, une augmentation de 10 % des ventes de techniques alternatives. Le paillage remporte un franc succès, avec une progression de 43 %.
Mais le chemin est encore long. À la suite d'enquêtes mystère, Loiret nature environnement relève qu'une solution sans pesticides n'est conseillée que dans 30 % des cas. « Les signataires de la charte font encore de grosses erreurs sur la reconnaissance de la larve de coccinelle et préconisent régulièrement un insecticide. Contrairement aux autres magasins non signataires, les solutions proposées sont uniquement des insecticides autorisés en agriculture bio, mais ce n'était pas la réponse attendue », explique Moea Labour. L'opération, d'un montant de 150 000 euros (*) sur deux ans, devrait être reconduite en 2012-2013.
Aude Richard
(*) Partenaires financiers de « Jardiner au naturel » : l'AgglO, le conseil régional, l'agence de l'eau Loire Bretagne, l'Ademe, Loiret nature environnement et la Fredon Centre.
SignalerSur les étals de Truffaut à Saint-Jean-Le-Blanc, dans le Loiret, de petits macarons « Jardiner au naturel » ont fleuri...
InformerLa charte s'affiche dans tous les rayons : des produits phytosanitaires aux vivaces en passant par les équipements.
MontrerUn présentoir montre les divers paillages, ce qui a permis d'augmenter le chiffre de vente de ce rayon de plus de 40 %.
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