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Des pelouses diversifiées mais un vocabulaire unifié !

Une commission de la Société française des gazons (SFG) a travaillé sur la classification des « pelouses alternatives extensives ». Ce nouvel usage du gazon reste en effet peu codifié et aucun langage commun n'existait jusqu'ici pour assurer un dialogue cohérent dans les appels d'offres...

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C'est peu dire qu'affirmer que la notion de gazon a évolué au cours des dernières années. Si, avec l'apparition de la notion de gestion différenciée, l'ensemble des pratiques horticoles a été bousculée, les pelouses font partie de celles qui ont subi les évolutions les plus profondes. Qui aurait imaginé, il y a quinze ans, qu'un jour, les professionnels de la semence de gazon proposeraient des légumineuses dans leurs mélanges ? Qu'une pelouse pourrait accueillir des fleurs, voire être semée dans le but essentiel d'en donner ? Dans les années 70 ou 80, un gazon était un tapis de graminées tondu ras et souvent, duquel on chassait tout intrus à feuille large et qu'il convenait de tenir bien vert. Aujourd'hui, il peut porter le brin à différentes hauteurs, passer moins souvent sous la tondeuse, subir même la barre de la faucheuse, fleurir à certaines périodes de l'année...

1 CHANGEMENT DE STYLE SUR LE TERRAIN, MAIS DANS LES TEXTES ON EST RESTÉ AU SIÈCLE DERNIER.

Ou à peu près. Logique, car les documents auxquels la profession fait référence en la matière datent un peu, que ce soit l'Encyclopédie des gazons ou le fascicule 35, qui régit le code des marchés publics. La SFG, Société française des gazons, s'est penchée sur la question en 2010, avec l'appui de Plante & Cité en tant qu'organisme « valideur ». La commission de « codification des pelouses alternatives extensives » a présenté dès l'été dernier des propositions de classification et des fiches techniques permettant de hiérarchiser les nouvelles pratiques constatées sur le terrain afin d'établir un référentiel pour la création, la maintenance et la reconversion de ces espaces, tout en définissant les termes employés. Ces fiches décrivent les itinéraires techniques débouchant sur le résultat constaté pour chaque classe.

Gilbert Turcan, responsable du département « Relations Entreprises & Formation Continue » à Tecomah, l'École de l'environnement et du cadre de vie de Jouyen-Josas (78), et animateur de cette commission, a présenté les résultats de ses réflexions lors de la journée technique de la SFG, le mardi 15 mars dernier, à l'hippodrome d'Auteuil (Paris).

2 LIMITER LE RECOURS AUX INTRANTS.

Pour lui, l'apparition de ces nouvelles techniques d'entretien est liée à la prise en compte de l'environnement dans les itinéraires techniques de la filière. « Dans la logique d'une démarche de développement durable, les gestionnaires des espaces recherchent les moyens de limiter au maximum les impacts de nos activités sur l'environnement. Ils cherchent à limiter le recours aux intrants par des choix variétaux et des techniques d'entretien spécifiques, explique Gilbert Turcan. Mais on voit aussi apparaître de nouvelles notions, comme le raisonnement de la hauteur de tonte pour le respect de la biodiversité ou pour diversifier le paysage... »

Au chapitre des techniques d'entretien, la tonte est une entrée incontournable. « Elle perturbe l'environnement, limite la diversité animale et végétale, est source de nuisances sonores. Elle consomme et pollue et, surtout, elle prend du temps. Adapter la hauteur de tonte permet donc d'optimiser les temps de travaux, de réduire l'usure du matériel, de moins polluer, de gagner du temps, de l'énergie et de l'eau, car un gazon tondu moins ras voit son point de flétrissement diminuer », poursuit Gilbert Turcan

3 TROIS CATÉGORIES DE PELOUSES ALTERNATIVES EXTENSIVES.

Au vu de toutes ces pratiques et de l'ensemble des résultats constatés sur le terrain, la commission de la SFG a choisi de distinguer des catégories en prenant en compte l'état des lieux des surfaces, ainsi que l'utilisation, le fonctionnement et l'objectif de l'aménagement.

Les premières catégories définies concernent les « pelouses alternatives spécialisées » : couvre-sol, espaces fleuris, friches urbaines, toitures, talus et berges et abords routiers. Cette approche reste à affiner. « Il doit y avoir des classes à définir au sein de ces catégories », précise Gilbert Turcan. Ce sera une prochaine étape.

Aujourd'hui, un langage commun a été défini pour les « pelouses alternatives extensives », les plus fréquentes et potentiellement les plus à même de porter à caution dans le rapport donneur d'ordre/adjudicataire. La commission y a distingué trois classes (voir encadré) :

- Classe 1 : pelouses des zones et espaces structurés jardinés. On les trouve dans les espaces jardinés, les jardins d'accompagnement, les espaces verts de lotissement, zones de jeux, bases de loisirs, et cheminements engazonnés ;

- Classe 2 : pelouses des zones et espaces rustiques. Ils peuvent être rencontrés dans les dépendances vertes, accotements routiers, bords de cheminement, noues, bassins de rétention, aires de pique-nique, liaisons douces, coulées vertes, zones d'activités ;

- Classe 3 : pelouses des zones et espaces à vocation naturelle. Ce peuvent être des prairies, dépendances vertes, zones humides, parcours de randonnée, bords de rivières, talus et accotements, littoraux, bois et bosquets, réserves écologiques et parcs naturels.

Les premières sont maintenues entre 7 et 9 cm, les secondes entre 9 et 20 cm, les troisièmes ont une hauteur qui varie en fonction de la composition floristique... Il peut être possible de passer d'un mode de gestion à un autre, en faisant simplement évoluer les pratiques dans certains cas ou en créant un nouvel aménagement avec des techniques et espèces adaptées.

4 UNE LANGUE COMMUNE POUR LES DONNEURS D'ORDRES ET LES ADJUDICATAIRES.

Si le sujet peut sembler purement rhétorique, un véritable enjeu technique est néanmoins sous-jacent : l'élaboration d'un langage partagé par les donneurs d'ordre et les adjudicataires des travaux.

Un code commun de prestations peut ainsi être défini entre tous les acteurs du marché, élus, gestionnaires et techniciens. « Notre objectif est que cette classification intègre les règles de l'art, qu'elle permette de comparer des prestations dans les devis et les appels d'offre », précise Gilbert Turcan. En un mot, il faudrait les intégrer dans le fascicule 35. Reste à savoir si les décideurs y sont prêts...

Pascal Fayolle

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