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MIREILLE SAVAJOLS, DIRECTRICE DU CDHR CENTRE, STATION D'EXPÉRIMENTATION HORTICOLE, À SAINT-CYR-EN-VAL (45) « Notre rôle d'assembleur de compétences est primordial »

PHOTO : CDHRC

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Le CDHRC aide ses adhérents via des essais menés à leur demande, mais aussi des services d'accompagnement. Le dossier « Énergie, raisonnez votre conversion », paru dans le Lien horticole n° 765 du 7 septembre 2011, illustre ces démarches. Comment cela s'organise-t-il ?

La station accompagne les professionnels dans leur démarche de conversion et de choix d'une énergie plus « durable ». Organisé et coordonné par le CDHRC, financé par ses adhérents, ce travail, - présenté dans le dossier du Lien horticole -, a été mené autour d'un projet de pompe à chaleur (Pac eau-eau). Cette action, initiée dans le cadre de Cap Filière Régional de la région Centre, contrat d'appui à la filière horticole (cofinancé à 70 % par FranceAgrimer et le conseil régional), a permis une sensibilisation et le transfert technique auprès d'entreprises.

Un document-support, déclinant une synthèse de la méthodologie à suivre, a été distribué aux adhérents lors d'une journée technique, avec la visite de deux installations récentes de pompe à chaleur. La brochure distribuée donnait nos préconisations sur les cinq principales étapes à suivre : diagnostic, décision de changer, études techniques et financières, réalisation (en fonction des résultats des études). C'est un exemple concret de ce qu'une station régionale, membre de l'Institut technique Astredhor, peut proposer à ses adhérents.

Comment avez-vous accompagné les entreprises (1) récemment engagées dans une conversion énergétique dans votre région ?

Bien en amont, à partir d'une formation à la conversion énergétique en 2008, en partenariat avec la chambre d'agriculture du Loiret et des entreprises du secteur de l'énergie. Parallèlement, nous avions travaillé sur le cahier des charges préalable (audit pré-énergétique), en collaboration avec l'Ademe (2) et la Région : les entreprises ont pu engager leur propre démarche, et l'une nous a demandé d'établir un dossier dans le cadre des aides liées à la circulaire Serres.

Le CDHRC a suivi toute la méthodologie pour son propre compte (projet gaz vers option Pac eau-eau). Quelle a été votre décision au final ?

La démarche a été menée jusqu'au bout, et le calcul de retour sur investissements (hors subventions potentielles) était plutôt prometteur. Mais nous nous sommes heurtés à deux écueils. Le premier, lié à notre implantation sur le périmètre rapproché de la zone de captage d'Orléans, entraînait des autorisations trop compliquées à obtenir.

Le second, beaucoup plus pratique, concernait l'obligation de n'avoir qu'un seul compteur EDF pour pouvoir changer de tarification. Or, notre station est divisée en trois secteurs distincts. Le surcoût de cette opération n'était donc pas envisageable dans le simple cas d'un investissement énergétique. Les options de solution Pac air/eau ou d'une conversion au bois n'étaient pas compatibles avec nos besoins, plutôt faibles. Les aspects relatifs à l'isolation thermique (écrans, cloisonnement...) ont déjà été travaillés. Aujourd'hui, nous essayons de trouver une optimisation à partir du gaz, avec l'optique d'un transfert possible dans les entreprises moyennement consommatrices en énergie.

Au-delà, dans quelles voies d'essai ou d'accompagnement autour des problématiques énergétiques s'engage le CDHRC ?

La station sert de vitrine à ce qu'il est possible de faire en entreprises, quelle que soit leur taille. Il y a trois ans, nous avons débuté l'accompagnement dans les audits pré-énergétiques. Nous les réalisons nous-mêmes auprès de nos adhérents. Ils sont déjà de bons supports d'économies. En relais, vient l'accompagnement au diagnostic environnemental proposé pour la certification « Plante Bleue ».

La seconde démarche concerne l'ensemble des expérimentations en conduite de culture avec, par exemple, les modèles de protection biologique intégrée sur des cultures aromatiques conduites « à froid » (...) Le fait d'avoir fait appel à un coordinateur de projet pour l'étude énergétique de la station nous permet aujourd'hui de mettre en relation des experts sur ces domaines (hydrologie, thermiciens, foreurs...) et d'orienter nos adhérents, s'ils le souhaitent. Ce rôle « d'assembleur » de compétences est primordial. Il nous permet de conserver une structure légère (six salariés permanents) pouvant apporter des réponses à des types de demandes très diverses. L'énergie est un domaine complexe, très technique, les références spécifiques à l'horticulture ornementale manquent encore cruellement. Chaque entreprise est un cas particulier : notre rôle consiste aussi à aider les exploitations à dégager leurs vraies priorités.

Odile Maillard

(1) - Horti Sologne, « La pompe à chaleur au lieu du propane, trop cher », voir le Lien horticole n° 732 du 15 décembre 2010, p. 10 ; - Jean-Marc Dillon, « La pompe à chaleur a sauvé mon entreprise », voir le Lien horticole n° 721 du 29 septembre 2010, p. 8. (2) Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie.

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