PIERRE-MARIE TRICAUD, VICE-PRÉSIDENT DE LA FÉDÉRATION FRANÇAISE DU PAYSAGE (FFP), À L'ORIGINE DU CONCEPT DES ASSISES EUROPÉENNES DU PAYSAGE (*) « La création de richesses, un thème délibérément provocateur »

En cette période économique difficile, la question de la création de richesses par le paysage est d'actualité. Mais notre filière, en particulier l'horticulture, est loin d'échapper aux difficultés. Le thème retenu pour les prochaines Assises du paysage ne risque-t-il pas d'être perçu comme un peu provocateur ?

Oui, le thème est provocateur. Délibérément oui. Il l'est par rapport au grand public. Nous sommes effectivement dans une période de crise, parler de bien-être peut paraître futile. Mais, il y a quinze ans, j'ai participé, avec la FFP, à une opération de replantation d'arbres à Sarajevo, juste après la guerre en ex-Yougoslavie. Ici, en France, les gens avaient le sentiment qu'il y avait plus urgent à faire, mais sur place, les habitants demandaient ces plantations. Ils avaient coupé les arbres pour se chauffer, s'étaient fait tirer dessus par les snipers alors qu'ils n'avaient plus rien pour se cacher. La replantation incarnait plus que tout la fin de la guerre et la paix. L'arbre a une valeur symbolique et culturelle dont on ne peut se passer. Le thème est aussi provocateur pour la filière, qui évolue elle aussi dans un climat morose. Mais il marque justement notre volonté d'aider l'ensemble des métiers à croire en l'avenir. Les entreprises de production ou du paysage disposent de compétences et de moyens humains qui doivent être mieux reconnus.

Quelles sont les pistes qui seront concrètement explorées pour mieux valoriser le paysage ?

Notre volonté est de réunir des représentants de la filière, mais aussi des économistes, des philosophes, des acteurs du monde économique et politique... pour montrer que la réussite économique de la filière est l'affaire de tous. Ce thème sera décliné tout au long des Assises, au travers d'ateliers consacrés à la création de richesses par le paysage. Celles-ci peuvent être monétaires, indirectes, culturelles, sociales ou encore d'ordre sanitaire... Tous les ateliers seront organisés sur le même principe, avec un chercheur qui resituera le sujet dans son contexte, puis la présentation de quatre à cinq expériences concrètes dans des villes de France ou d'autres pays européens, puisque nos assises sont européennes.

Il y a deux ans, à Strasbourg déjà, était lancé le projet de Cité Verte. Depuis, on n'en a guère entendu parler dans la filière, et le concept reste inconnu du grand public. Où en est-on sur ce dossier ?

« Effectivement, il n'a pas été beaucoup question de Cité Verte depuis les dernières Assises de Strasbourg. Mais il faut laisser le temps au temps... Nous avions alors semé, nous allons maintenant faire éclore notre production. Une liste de soixante-dix propositions concrètes sera présentée lors des Assisses, au nombre desquelles dix actions phares permettant à l'ensemble de la filière de montrer comment elle peut créer de la richesse pour le bénéfice de toute la société. Alors, rendez-vous à Strasbourg !

Pascal Fayolle

(*) Organisées par Val'Hor du 10 au 12 octobre 2011 à Strasbourg sur le thème « Le paysage, créateur de richesses ».