Économie. Le paysage en quête d'indicateurs de valeur
Les Assises du paysage de Strasbourg ont mis en lumière les forces et les faiblesses de la filière, et esquissé des pistes de progrès pour l'avenir.
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Les Assises du paysage sont organisées tous les deux ans à Strasbourg, à l'initiative de Val'Hor. Le rendez-vous 2011 s'est tenu du 10 au 12 octobre dernier autour d'un thème particulièrement attractif pour les concepteurs, mais aussi pour les entreprises du paysage et les producteurs : « Le paysage, créateur de richesses ».
Un travail de valorisation à poursuivre
Pour autant, il n'a pas attiré autant de participants qu'on était en droit de l'attendre : environ trois cents personnes avaient fait le déplacement, une fréquentation comparable à celle des Assises de 2009, alors que les organisateurs tablaient sur une augmentation du nombre de visiteurs.
Les débats, organisés sur deux jours autour d'une troisième journée passée sur le terrain, se sont néanmoins révélés constructifs. Si les concepteurs sont toujours à la recherche d'une reconnaissance de leur statut, ils sont conscients que leur travail est mieux valorisé aujourd'hui qu'il y a vingt ans. Certains interviennent dans le cadre de schémas interdisciplinaires pour la création de nouveaux quartiers urbains, comme Michel Desvigne lauréat du Grand Prix de l'Urbanisme. L'architecte-paysagiste Gilles Vexlard a, pour sa part, rappelé qu'il avait « débuté sa carrière en travaillant à l'aval des projets », plaçant quelques touches de verdure là où l'emprise des bâtiments le permettait, pour la terminer “en amont”, au coeur de la conception. La filière paysage reste cependant mal rémunérée, et la crise actuelle n'arrange rien. Elle place quelques voyants à l'orange, voire au rouge, pointe de grosses difficultés dans le monde de la production et un ralentissement inquiétant du côté du paysage.
Il importe donc de trouver de nouveaux axes de valorisation. Et, pour cela, nos métiers ont quelques atouts, a rappelé Érik Orsenna : le paysage et le cadre de vie en général sont plébiscités par les citoyens. Il faut que la filière encourage les élus à investir dans les parcs, jardins, squares et autres espaces verts de proximité. C'est le but du Manifeste Cité Verte, passé de l'intention à la réalisation concrète lors de ces Assises. Nous y reviendrons en détail dans une prochaine édition.
Une ministre de l'environnement à l'écoute
Des citoyens demandeurs, des élus qui ont la volonté de suivre, mais aussi une ministre de l'Environnement, Nathalie Kosciusko-Morizet, à l'écoute : les professionnels ont tous les atouts en main. C'est du moins ce que l'on peut déduire de la journée du 4 octobre, au cours de laquelle, après la présentation à la presse du Manifeste Cité Verte, son porte-parole Dominique Douard, désormais président de Val'Hor, a rendu compte, par vidéo interposée, de son entretien avec la ministre de l'Environnement. « Je suis prête à appuyer une politique volontariste du paysage, à condition d'avoir, face à moi, des professionnels organisés », tel fut le message adressé par la ministre à la profession. Un message clair pour l'unité de la filière.
Préciser les bénéfices du paysage pour la société
Tous les éléments sont désormais réunis pour réussir la mutation verte qui s'impose à notre société. Tous, sauf un, mais de taille : le manque d'indicateurs. Les espaces verts sont bons pour la santé ? Oui, mais dans quelle mesure, à quel prix et quelles seront les économies pour la Sécurité sociale ? Et si les jardins sont les meilleurs des antidépresseurs, il ne faut pas oublier que leur consommation contribue au produit intérieur brut, le sacro-saint PIB, indicateur dépassé de l'avis unanime mais toujours omniprésent dans les décisions économiques. La filière doit trouver un meilleur indicateur de niveau économique que le PIB, mieux mesurer les retombées économiques directes, indirectes, sociales, environnementales du paysage et exiger des efforts de recherche en ce sens – même si Damien Provendier, de Plante & Cité, a rappelé au passage que le travail de l'association couvrait déjà une partie du champ d'investigation défini par les participants.
Une ambitieuse entreprise de promotion est à l'oeuvre. Tout doit être fait pour que l'ensemble de la filière puisse la porter.
Pascal Fayolle
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