JEAN-MARC AURAY, DIRIGEANT DES PÉPINIÈRES DU VAL D'ERDRE, À SAINT-MARS-DU-DÉSERT (44) « Valoriser les efforts des producteurs ! »
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Quel est votre avis sur les mesures prises dans l'esprit du Grenelle de l'environnement ?
On ne peut qu'être d'accord avec tout ce qui concourt à un mode de production responsable vis-à-vis de l'homme et de l'environnement, donc toutes ces démarches vont dans le bon sens. Mais la production n'a pas attendu le Grenelle pour faire des efforts. Grâce à l'appui de nos structures de développement, beaucoup d'avancées ont été faites en matière de gestion des intrants, de méthodes de lutte alternatives comme la protection biologique intégrée (PBI), de gestion de l'eau et d'efficacité énergétique. Cependant, les producteurs ont du mal à y voir clair et à se situer face aux multiples réglementations. D'où l'intérêt de l'outil de diagnostic de conformité à la réglementation mis en place par le BHR dans le cadre de son parcours développement durable (*). Ma seconde préoccupation est d'ordre économique : la mise en oeuvre de systèmes de culture plus sobres en intrants demande un travail de fond qui nécessite plus de prévention et de surveillance, donc plus de main-d'oeuvre. Par ailleurs, les produits « alternatifs » sont généralement plus coûteux que les conventionnels. Enfin, les certifications apportent la crédibilité d'un contrôle extérieur, mais ont un coût. C'est là que le bât blesse : pour que nos entreprises restent viables, il faut éviter les empilements de procédures générateurs de surcoûts, tenir compte des réalités du terrain et surtout valoriser les efforts des producteurs. Sinon, ils seront voués à l'échec.
Quels facteurs de réussite sont nécessaires selon vous ?
Le développement durable, c'est aussi la prime à la proximité, à la fois au plan de la réduction des émissions de CO2 que du maintien d'un tissu de PME de production génératrices d'emplois et de rentrées fiscales. Aujourd'hui, et malgré les principes inscrits dans le Grenelle, la pression du marché et la politique du moins-disant conduisent trop souvent à favoriser les entreprises étrangères qui n'ont pas toutes le même souci de production responsable. Cela met en difficulté de nombreux producteurs et conduit un certain nombre à délaisser la production au profit du négoce, avec, à la clé, une diminution des emplois et de la valeur ajoutée française. Nous avons besoin d'un partenariat accru entre production et marché pour mieux valoriser des approches sincères et mesurables sur les trois piliers du développement durable : responsabilité environnementale, responsabilité sociale et sociétale et viabilité économique.
Marie-Françoise Petitjean, chargée de mission BHR et coordinatrice MPS-France
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