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Gestion des arbres urbains : davantage de matière grise et moins de peur bleue...

Des experts plus pointus, des outils mieux maîtrisés, une communication optimisée et des échanges d'expériences : voilà quatre atouts qui plaident en faveur d'une meilleure gestion de l'arbre en ville. Indispensable à l'heure du « risque zéro »...

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La gestion des arbres d'ornement est devenue une préoccupation des collectivités territoriales. Les arbres constituent un atout pour l'introduction et la diversification de la nature en ville. La nécessité de développer une politique globale cohérente est souvent actée. Celle-ci s'accompagne d'un suivi régulier de l'état sanitaire et mécanique des arbres et d'une planification en amont des travaux d'entretien permettant le renouvellement et l'enrichissement du patrimoine.

La peur de l'accident n'est pas forcément très bonne conseillère...

Mais, trop souvent, la démarche est liée à la peur de l'accident. « L'approche sécuritaire a tendance à se renforcer », avait souligné Francis Kuen, responsable du département « arbres » de Strasbourg, lors des rencontres nationales de la SFA (Société française d'arboriculture, en septembre 2010 à Strasbourg, sur le thème « 20 ans de gestion du risque mécanique de l'arbre ». Ce phénomène a plusieurs origines. Les arbres peuvent atteindre de grandes dimensions et sont implantés sur l'espace public pour plusieurs décennies. Ils représentent les végétaux potentiellement les plus dangereux pour les biens et les personnes. La société est tournée vers un besoin de sécurité de plus en plus fort. Elle accepte mal les dommages liés à des événements tels que la chute d'un arbre, même s'ils sont la conséquence de catastrophes naturelles imprévisibles. Le recours aux tribunaux devient fréquent...

Il manque une réglementation précise sur le suivi des arbres

Même si les propriétaires d'arbres ont des responsabilités, il n'existe pas de réglementation précise qui formalise les modalités du suivi et du contrôle du patrimoine arboré, à l'image de ce que l'on trouve pour les aires de jeux.

C'est au professionnel de l'arbre de savoir quel principe de précaution appliquer. Pour limiter les risques de sanctions pénales en cas d'accident, le gestionnaire ne doit pas être pris en défaut de négligence. Le suivi sécuritaire doit être rigoureux, avec un niveau de traçabilité écrite élevé sans pour autant atteindre le risque zéro, qui ne peut être garanti car l'arbre est un être vivant dont le comportement est particulièrement difficile à prévoir, malgré les progrès réalisés ces vingt dernières années dans le domaine de la biomécanique et de l'analyse des risques. Les points les plus difficiles à appréhender sont la réalité de l'ancrage racinaire et l'aérologie locale.

Mieux protéger les arbres sur les chantiers permet d'avoir moins d'altérations...

On pourrait certes limiter les dangers liés aux arbres en les sécurisant sur les chantiers. En effet, les témoignages de gestionnaires lors du colloque de Strasbourg ont clairement montré que la majorité des problèmes de défauts mécaniques rencontrés sur les arbres d'ornement sont liés à des activités humaines sur l'espace public. Les travaux de voirie, les interventions sur les réseaux engendrent des blessures au niveau du collet et du système racinaire dont on ne mesure pas immédiatement les conséquences. L'évolution des dégâts est souvent difficile à suivre tant que l'on ne se trouve pas à un stade avancé de dégradation.

Il faut donc avoir recours aux méthodes de diagnostic de l'état mécanique des arbres et l'on ne peut que se féliciter qu'elles aient beaucoup progressé ces dernières années, avec des analyses beaucoup plus fines et précises mais dans le même temps les interprétations qui en découlent sont plus délicates. « Le partage d'expérience et l'utilisation croisée de différents matériels permettent de renforcer son jugement », explique Christophe Marx, en charge de la cellule « expertise » au sein du département « arbres » de Strasbourg. En sachant bien qu'au final, c'est à l'expert de conclure sur le devenir de l'arbre examiné, en tenant compte des mesures issues de ces outils, mais aussi du contexte environnant et des objectifs du gestionnaire.

La gestion du risque n'est pas une science exacte... Et lorsqu'un abattage est préconisé, les actions de communication auprès du public revêtent une grande importance pour un chantier sans heurts. L'expérience de la région Bruxelles Capitale est intéressante en la matière...

Dossier réalisé par Yaël Haddad

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