Vous souhaitez changer d'énergie mais vous ne savez pas par où commencer. Quatre étapes incontournables devront jalonner votre projet : le diagnostic énergétique des serres et bâtiments ; le choix d'une nouvelle énergie ; l'étude technique ; l'étude financière. Respectivement franchies avec l'aide d'intervenants spécifiques, ces étapes vous permettront de passer à la phase finale : la réalisation de la future installation. Du côté des délais, la prévoyance est également de mise : comptez de 18 à 24 mois avant la date programmée de démarrage du chauffage !
Dossier réalisé par Gaëlle Cheminat et Odile Maillard
PAROLE D'EXPERT
Comment des producteurs qui se lancent dans une conversion d'énergie peuvent se donner le maximum de chances pour réussir dans leur projet ?
Il faut, avant tout, s'encadrer de professionnels compétents (bureaux d'études spécialisés, Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie - Ademe...), et ne pas seulement écouter les conseils (bons ou mauvais) de l'entourage ou de personnes dont ce n'est pas le métier. Certains organismes sont incontournables légalement, ils aideront l'entreprise à visualiser le projet de manière concrète, technique.
Quels principaux écueils faut-il éviter ?
D'une part, se fixer un délai trop court. Il faut commencer les réflexions et les études au moins un an et demi à l'avance. Les études technique et financière sont rapides, mais il faut compter des mois pour une simple décision administrative ! Et d'autre part, partir du principe qu'une pompe à chaleur (Pac) est une solution miracle... Une Pac, comme toute autre source d'énergie, peut très bien convenir à une entreprise et pas du tout à sa voisine... il n'y a pas que le climat qui compte, il faut regarder les cultures, les besoins en chaleur, à quelle(s) période(s)... C'est un ensemble vraiment complexe. Et même si, globalement, on peut dire qu'une Pac est un bon outil d'économie d'énergie, c'est une solution qui s'étudie au cas par cas. Elle n'est pas universelle. Parfois, les études technique et financière démontrent que la Pac n'est pas adpatée aux besoins de l'entreprise, et le commanditaire est très déçu de voir son projet « tomber à l'eau »...
Dédiée spécialement à la coordination du projet du CDHR Centre, qu'avez-vous pu apporter à l'équipe ?
Dans ce projet de Pac, la directrice Mireille Savajols avait beaucoup d'autres dossiers en cours (expérimentations...) : elle ne pouvait pas s'y consacrer tous les jours pendant plus d'un an. J'ai donc pris le relais en la déchargeant de toute la coordination de ce dossier, à savoir la mise en relation avec les différents organismes, la réalisation des études technique et financière, le montage des dossiers administratifs... Il est plus facile de gérer un projet d'une telle ampleur quand le coordinateur est une seule et même personne et dédie son temps à cela avec, en plus, les connaissances techniques sur le sujet et sur les acteurs.
Comment et où un horticulteur peut-il choisir et trouver un bon coordinateur ?
Il doit contacter les premiers acteurs : l'Ademe, son centre d'expérimentation, la Région. Ceux-ci le guideront vers des coordinateurs de projet. Il faut cependant souligner que ces derniers sont rares...
Conseils pratiques
Le point d'achoppement dans le bon déroulement de l'installation ne sera pas forcément technique. Il est plus souvent administratif ou dans la coordination. Les problèmes peuvent être tout simples mais rédhibitoires : attente pour obtenir un « tarif jaune », oubli de prévoir un seul point de raccordement à ERDF...
Pour être réellement viable, un projet d'investissement doit être rentable sans les aides escomptées. Ces dernières ne sont pas garanties a priori. Elles doivent rester un bonus et être considérées comme un complément à l'investissement global. D'autant que leur versement, au moins pour partie, arrive souvent après la réalisation finale.
S 'adresser à un coordinateur de projet permet de perdre le moins de temps possible pour réaliser les étapes, contacter les organismes, prendre les décisions. Si le projet est plus modeste, l'aide d'un conseiller ou d'un technicien horticole peut être suffisant.
PAROLE D'EXPERT
Où en sont les évolutions de la circulaire Serres concernant les aides au chauffage ?
Dans la majorité des cas, les producteurs qui souhaitent faire évoluer leur système de chauffage le font pour le bien de leur entreprise et en fonction de leurs possibilités financières. Les aides possibles proposées par l'État ou la Région constituent une opportunité d'alléger la dépense, mais elles ne doivent pas conditionner le projet, la réalisation ou non de l'investissement. La circulaire Serres est suspendue depuis le 2 mars 2011. Si la dynamique des investissements est ralentie cette année, ceci s'explique essentiellement par un contexte économique global difficile pour la filière plus que par l'arrêt du dispositif d'aide. La nouvelle circulaire est en cours de validation et devrait être diffusée au cours du second semestre 2011.
Quelles sont vos préconisations pour les démarches de conversion énergétique ?
Toute démarche de conversion doit commencer par une étude approfondie de l'entreprise, de ses besoins et des améliorations à apporter. L'accompagnement d'un professionnel de la thermique des serres est indispensable. La viabilité du projet se joue dans la réflexion en amont, surtout lorsqu'il s'agit du système de chauffage. L'enjeu économique étant considérable, les risques d'échec doivent être minimisés. Concernant les solutions existantes sur le marché, essentiellement pompe à chaleur et chaudière à bois, chaque entreprise doit trouver la solution qui lui correspond le mieux en fonction du contexte local et de la ressource disponible. Il est, par contre, conseillé de conserver une chaudière à énergie fossile afin de parer aux pannes et aux coups de froid.