Les réglementations et les acteurs liés à l'eau forment un schéma complexe sur lequel Mélanie Hovan, conseillère environnement à la chambre d'agriculture du Loiret (45), n'a pas voulu trop s'étendre, de peur – justifiée – d'effrayer les quelque soixante-dix producteurs, fournisseurs et techniciens lors de la journée technique du 7 septembre, à la station d'expérimentation de Saint-Cyr-en-Val. Mais son constat était là : l'horticulteur, au même titre que l'industriel, la collectivité ou le consommateur, en tant qu'utilisateur d'eau, sera de plus en plus concerné par les dispositifs qui se mettent en place.
Des règles et des acteurs multiples
La déclinaison à l'échelle nationale de la Directive cadre sur l'eau et de la Directive nitrate européennes, pour ne citer que celles-ci, vise à préserver la ressource en eau, à la fois en quantité et en qualité. Les enjeux impliquent tout autant les ministères de l'Agriculture, de l'Environnement et de la Santé.
Les objectifs d'amélioration se mettent en place au sein des Schémas directeurs d'aménagement et de gestion des eaux (Sdage), à l'échelle du bassin hydrographique. À une échelle plus locale, celui du bassin versant, le producteur devra connaître les mesures fixées par le(s) Sdage dont il dépend, établi(s) par la commission locale de l'eau.
Prenant l'exemple du Loiret, dont le niveau des nappes reste bas depuis plusieurs années et dont de nombreux captages sont déclassés par la présence de pesticides (l'atrazine et son produit de dégradation, la déséthylatrazine notamment) et nitrates, Mélanie Hovan a cité les changements qu'induiront les Sdage, une fois validés. Des nappes pourraient ainsi être « réservées à l'alimentation en eau potable ». Certains forages dits proximaux, situés trop près de cours d'eau, devront en être éloignés.
Les forages suspendus
D'ores et déjà, en attendant les conclusions de l'étude hydrogéologique en cours dans le secteur du Val, qui permettra d'établir si besoin des règles de gestion, les nouveaux forages ne sont plus autorisés. L'étude Bac (Bassin d'alimentation de captage) sur les captages d'Orléans déterminera leur vulnérabilité en lien avec les pratiques phytosanitaires. Au printemps, la ville d'Orléans, la chambre d'agriculture du Loiret et la Lyonnaise des Eaux ont signé une troisième convention pour diminuer l'impact des pollutions diffuses, limiter le gaspillage de l'eau et favoriser sa réutilisation.
Les ateliers proposés le 7 septembre présentaient les moyens dont dispose le producteur pour limiter ses besoins en eau et faire face à un cadre réglementaire de plus en plus contraignant : choix d'espèces tolérantes à la sécheresse, terreaux rétenteurs d'eau, irrigation de précision...
Des solutions pour les producteurs
Les sondes capacitives Sentek, présentées par Thierry Tuloup (Agralis Services), facilitent le pilotage de l'irrigation avec des courbes exprimées en millimètres d'eau ; elles obtiennent de bons résultats en pleine terre et espaces verts, et restent à tester en culture en conteneurs. « La gestion optimisée des apports et des pertes constitue un préalable indispensable à tout investissement visant à recycler l'eau », a rappelé Jean-Marc Delacour, coordinateur expérimentation et conseil technique au CDHR Centre, en mentionnant l'aide apportée en ce sens par le diagnostic Plante bleue. De l'aménagement de son aire de culture – tablettes, enrobés, aires de culture étanches ErfGoed ou Oméga – à la désinfection, en passant par le stockage de l'eau, le producteur peut ensuite imaginer la configuration de recyclage adaptée à son entreprise (2).
Valérie Vidril
(1) Comité de développement horticole de la région Centre. (2) Voir le dossier « Recycler l'eau, ça coule de source », paru dans le Lien horticole n° 760 du 6 juillet 2011, pp. 12-15.