Phytosanitaires. Les bonnes pratiques doivent être automatiques

L'empilement de textes concernant les produits phytosanitaires est tel, depuis une vingtaine d'années, qu'ils en sont devenus parfois contradictoires. Le message du ministère : en respecter l'esprit, un exercice pas forcément facile...PHOTO : UPJ
L'empilement de textes concernant les produits phytosanitaires est tel, depuis une vingtaine d'années, qu'ils en sont devenus parfois contradictoires. Le message du ministère : en respecter l'esprit, un exercice pas forcément facile...PHOTO : UPJ

L'UPJ poursuit son travail d'information des professionnels pour les aider à y voir plus clair dans un contexte législatif et réglementaire renforcé.

Sans ignorer le vent du « zéro phyto », mais estimant que la filière doit plus que jamais organiser l'usage des produits phytopharmaceutiques, l'Union des entreprises pour la protection des jardins et des espaces publics (UPJ), qui regroupe la plupart des fabricants de produits, poursuit son travail de formation et d'information.

Dans ce cadre, à l'occasion de Salonvert, qui s'est tenu les 21 et 22 septembre derniers à Saint-Selve, près de Bordeaux, l'organisme a proposé une conférence sur le thème « Les nouveaux enjeux de l'utilisation des produits phytosanitaires en espaces publics ». Signe des temps, cette rencontre a fait le plein de participants.

Premier point abordé, le Certiphyto. « Toute personne en contact avec des produits devra être agréée, a rappelé Jacques My, directeur de l'UPJ. Le Certiphyto sera délivré par l'administration, par l'intermédiaire d'un organisme certificateur. Les titulaires d'un Dapa ont jusqu'en 2013, mais tous ceux qui ne sont pas titulaires de ce certificat doivent se préparer à se mettre en conformité au plus vite. Le Certiphyto sera délivré par métier, applicateur, vendeur ou conseiller. Toute personne exerçant deux métiers ou plus devra déterminer lequel est prépondérant dans son activité. Des passerelles entre métiers devraient voir le jour rapidement. Quand tout le personnel d'une entreprise est certifié, il ne reste plus qu'à faire la demande d'agrément en collaboration avec l'organisme certificateur. »

Autre élément d'actualité, l'arrêté du 27 juin relatif aux personnes vulnérables (voir le Lien horticole n° 765 du 7 septembre 2011, page 8). Gilbert Chauvel, expert zones non agricoles (ZNA) auprès du ministère de l'Agriculture, a admis que le texte contenait des éléments difficiles à comprendre. Il est interdit d'appliquer certains produits à moins de 50 m des bâtiments accueillant un public fragile (enfants...), mais si l'immeuble jouxte une propriété ne lui appartenant pas, le voisin aura tout loisir d'appliquer les spécialités de son choix. De la même manière, certains produits sont interdits près de bâtiments accueillant certains publics vulnérables, mais pas des handicapés, pourtant visés par le décret... Et que dire du fait que certains organismes de quarantaine lèvent ces interdictions (sauf le balisage et l'affichage) pour le chancre coloré du platane, Phytophthora ramorum... mais pas la processionnaire du pin, qui pose pourtant des problèmes sanitaires bien plus importants ?

Un catalogue pensé en termes d'usages

Par contre, le nouveau catalogue des usages apporte des avancées significatives pour la filière, en prenant mieux en compte la nature et l'importance du risque. Avant, un produit homologué contre la processionnaire ne permettait pas d'intervenir contre la tenthrède. C'est devenu possible. Le catalogue est pensé en termes d'usage (gazon, arbres...) et de groupes de nuisibles.

L'Association des applicateurs professionnels de produits phytopharmaceutiques (AAPP) défend pour sa part les ZNA au niveau des Comités régionaux d'orientation et de suivi (CROS) du plan Ecophyto. « Peu d'États en Europe ont décidé de privilégier la baisse des quantités appliquées, la plupart se sont focalisés sur les impacts des produits », précise Philippe Beuste, président de l'AAPP. L'association veut promouvoir un slogan : « Les bonnes pratiques doivent être automatiques » et plaide pour un durcissement des règles d'application qui obligerait les gestionnaires à faire appel à des entreprises qualifiées.

Les questions soulevées par cette actualité sont nombreuses, d'autant que, Gilbert Chauvel l'a reconnu, l'accumulation de textes depuis une vingtaine d'années rend leur mise en pratique impossible. Il recommande d'en suivre l'esprit. Le but poursuivi par l'arrêté de juin est de ne pas contaminer quelqu'un pendant un chantier d'application, et donc d'éloigner le public. C'est le résultat qui compte. Mais, pour les professionnels, percevoir l'esprit de ces textes reste un exercice délicat...

Pascal Fayolle

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