C'est le 18 novembre dernier qu'a été pris l'arrêté de catastrophe naturelle afin de permettre aux victimes des récentes intempéries dans le Sud-Est d'engager des procédures d'indemnisation. Claude Guéant, le ministre de l'Intérieur, l'avait annoncé dès le lundi 14. Aux victimes qui ont manifesté la crainte d'être abandonnées par leurs assureurs, après deux sinistres majeurs, Claude Guéant a affirmé qu'il « pouvait imposer à une compagnie de couvrir des risques et que l'adoption par les communes des plans de protection du risque inondation (PPRI) était un gage contre l'augmentation des franchises ».
Il avait aussi annoncé, dès le 8 novembre à l'Assemblée nationale, une aide d'urgence de 300 000 euros. Pour l'ensemble des régions touchées, le préjudice est estimé entre 550 et 800 millions d'euros. Selon la chambre d'agriculture du Var, une trentaine d'horticulteurs et pépiniéristes ont déclaré des préjudices.
« Coups de gueule »
Dès le 10 novembre, une cellule de crise s'est réunie. Un guichet d'accueil et de recensement a été mis en place à Vidauban, avec un numéro unique : 04 94 99 74 00. Les agriculteurs sinistrés doivent se déclarer auprès de leur mairie, de leur assureur et de la cellule de crise. Des dispositifs d'urgence ont été mis en place (chômage partiel, mesures de la MSA, mesures bancaires, étalement de la TVA, des impôts et taxes). Pour en savoir plus : www.ca83.fr. Un appel à la solidarité a été lancé.
Le 7 novembre, à la réunion de crise, Ollivier Ottenwalder, producteur à Fréjus et secrétaire général de la FNPHP, notait que des « coups de gueule » ont été poussés : « On peut être très en colère de voir que depuis la catastrophe de juin 2010, presque rien n'a été fait pour le nettoyage des cours d'eau ou la remise en état des digues. Des agriculteurs ont même été verbalisés par la police de l'eau à la suite d'opérations de nettoyage de cours d'eau ou de remontée de digues qu'ils avaient effectuées eux-mêmes. »
Une cinquantaine d'emplois perdus
Chez Raphaëlle Vacherot, où l'eau est montée juste au-dessus des tablettes, noyant les plantes et aussi les appareils de chauffage, indispensables en cette saison pour certaines cultures, la mobilisation des confrères et de la chambre d'agriculture a permis de trouver rapidement du matériel de rechange. Aux établissements Bury, l'eau a laissé sur son passage une quantité de boue conséquente. Sur le site principal, l'eau est montée jusqu'à 80 cm (1,30 m en 2010), s'arrêtant par chance à 1 cm des cultures par endroit. Sur les autres sites restés en l'état après les inondations de 2010, l'eau est montée jusqu'à 1,50 m, ajoutant à la désolation. Les infrastructures et installations techniques n'ont été cette fois que faiblement touchées. « Nous avons pris un bon coquard, mais nous ne sommes pas KO », commentait Bruno Bury, le mercredi 9 novembre au matin...
Pour ce qui concerne les autres gros horticulteurs de la vallée de l'Argens, sinistrés en 2010, Tournesol (M. Roosen) avec 5 hectares de serres n'a pas pu redémarrer son activité. Kientzler, avec 4 hectares de serres, avait repris l'exploitation sur l'un de ses trois sites, mais a jeté l'éponge et arrêté la société Kientzler France le 30 septembre 2011. Chez Bury, sur les 7 hectares de serres en culture avant 2010, seuls 3 sont encore exploités : « Si on fait le bilan au niveau des emplois perdus, rien que pour ces trois entreprises, on arrive vite à une cinquantaine ! », précise Ollivier Ottenwaelder.
Quant aux dossiers de sinistres, « beaucoup n'ont pas (ou très peu) été indemnisés pour la dernière inondation, et ils se demandent s'il est nécessaire de refaire des démarches pour rien ou pas grand-chose »...
Enfin, la digue du Reyran a donné des signes de faiblesse. Les établissements Morel, à Montourey (83), ont même failli être évacués. Conséquence : les deux rives sont maintenant classées en zone à risque et tout permis de construire est suspendu jusqu'à l'avis des experts de l'État, qui doivent dire quels travaux effectuer pour la remise en état pérenne de l'ouvrage. Dans la zone concernée du Var, personne n'est encore tiré d'affaire.
Pascal Fayolle