Parole de Pro Yorik Baunay (Ubyrisk Consultants)
Les conséquences attendues du réchauffement climatique plus dangereuses que les catastrophes naturelles pour l'horticulture...
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Les conséquences attendues du réchauffement climatique plus dangereuses que les catastrophes naturelles pour l'horticulture...
Les derniers mois ont encore été émaillés de nombreux accidents climatiques (inondations dans le Var en novembre dernier, mini-tornade près d'Angers il y a quelques semaines...). Quand peut-on parler de catastrophes naturelles ? Sont-elles vraiment de plus en plus nombreuses ? Yorik Baunay, de Ubyrisk Consultants, organisme qui collecte les informations sur l'ensemble des catastrophes naturelles qui se produisent dans le monde (http://www.catnat.net), donne son avis sur le sujet.
L.H. : Le nombre des catastrophes naturelles dans le monde est-il en augmentation significative ? En est-il de même en France ?Y.B. : La moyenne annuelle du nombre de catastrophes naturelles recensées par notre base de données BD CATNAT sur la période 2001-2011 s'établit à 786 évènements dans le monde et à 92 pour la France. Les variations autour de ces moyennes sont notables d'une année sur l'autre si bien qu'il est difficile de conclure à une tendance. Sur le long terme (30 ou 40 dernières années), il semble qu'il y ait une augmentation du nombre de catastrophes naturelles à l'échelle du monde. Cependant, les causes de cette augmentation ne sont pas encore bien définies et pas nécessairement imputables au réchauffement climatique. En effet, la densification de la couverture médiatique mondiale qui informe du moindre évènement se produisant dans les régions les plus reculées, l'augmentation démographique dans des pays en voie de développement naturellement exposés à de multiples aléas naturels, l'urbanisation et l'aménagement de zones à risques sont autant de paramètres qui expliquent une grande part de l'augmentation statistique constatée.Plus que l'augmentation apparente du nombre de catastrophes, il faut peut-être davantage focaliser sur l'augmentation constante de leurs coûts humains et économiques avec une très forte dichotomie Nord/Sud. En effet, les catastrophes naturelles sont de plus en plus coûteuses dans les pays développés, tandis qu'elles sont de plus en plus meurtrières dans les pays du Sud.Pour ce qui est de la France, le nombre d'évènements annuel est assez stable depuis 30 ans. En revanche, le coût moyen des évènements ne cesse d'augmenter (les catastrophes naturelles ont coûté plus de 32 milliards d'euros en dommages assurés depuis 1984).
L.H. : Qu'est-ce qui caractérise une catastrophe naturelle et le mode de désignation a-t-il évolué ?Y.B. : Pour notre cabinet, comme pour les grandes institutions internationales (ONU, banque mondiale...), une catastrophe naturelle est un évènement d'origine naturelle ayant des conséquences dommageables sur les biens matériels (destruction partielle ou totale) et/ou sur les humains (blessés, morts, sans-abris, évacués). Bien entendu, il existe une gradation des évènements basée sur des paramètres variés (nombre de victimes, extension géographique de l'évènement...).En France, nous disposons d'un régime d'indemnisation des catastrophes naturelles obligatoire presque unique au monde qui permet d'être indemnisé par les compagnies d'assurance lors que le gouvernement décrète l'État de catastrophe naturelle. Sont ainsi considérés comme catastrophes naturelles les périls suivants, lorsque leur intensité dépasse une durée de retour décennale : séismes, inondations, mouvement de terrain, avalanches, éruptions volcaniques, vents cycloniques et tassements différentiels. Les tempêtes, chutes de neige et de grêle et les sècheresses ne sont pas considérées comme des catastrophes naturelles au sens assurantiel et donnent lieu à des régimes d'indemnisation spécifiques (garantie tempête, calamités agricoles...). Si le mode de désignation des catastrophes naturelles n'a pas évolué depuis 1982, un durcissement des critères de qualification des catastrophes naturelles va être adopté dans les prochains mois afin de limiter l'augmentation des coûts des sinistres pour les assureurs, et pour l'État qui leur offre sa garantie.
L.H. : Comment s'en protéger ? Quelles peuvent être leurs conséquences à l'avenir pour notre secteur de l'horticulture ornementale ?Y.B. : D'une façon générale, pour lutter contre les catastrophes naturelles il faut agir :. soit sur l'aléa lui-même (quand cela est possible), en tentant d'en réduire l'intensité ;. et/ou agir sur les conséquences dommageables des aléas. Les actions sur l'aléa appartiennent au domaine de la protection : digues ou barrages-réservoirs pour lutter contre les inondations et crues, paravalanches pour les avalanches... Les actions sur les conséquences des aléas regroupent les mesures de prévention : information des populations, normes parasismiques, règlementation de l'occupation du sol en fonction des risques existants (zones inondables par exemple), obligation de débroussaillage pour lutter contre les incendies... A notre sens, la plus grande menace qui pèse sur le secteur de l'horticulture ornementale est moins liée aux catastrophes naturelles qu'aux conséquences attendues du réchauffement climatique global. En effet, celui-ci risque d'impacter fortement le secteur : évolution rapide des écosystèmes, déplacements des zones climatiques, changements des régimes hydriques, apparition de nouveaux parasites...
P.F.
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