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Un jardin urbain taillé sur mesure

De gauche à droite : Pierre-Alexandre Risser (dirigeant d'Horticulture & Jardins à Saint-Prix - 95) ; Didier Danet (dirigeant de Danet SA à Colombes - 92) ; Pascal Pinel (responsable du développement du secteur pépinière de Graines Voltz lors du colloque) ; Christian Bourlanges (chef de rayon de la jardinerie Truffaut à Herblay - 95) et Alain Cosson (chef de groupe de la jardinerie Truffaut à Herblay - 95).

Fin 2011, le centre de formation d'apprentis (CFA) des métiers de l'horticulture et du cheval de Saint-Germain-en-Laye/ Maisons-Laffitte (78) a organisé un colloque sur les tendances du jardin urbain. Si cet espace rétrécit, il prend une importance grandissante pour ses propriétaires...

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Pour la deuxième année consécutive, le CFA des métiers de l'horticulture et du cheval de Saint-Germain-en-Laye/Maisons-Laffitte (78) organise un après-midi de conférences-débats. En 2011, le thème retenu était celui du « jardin sur mesure ». Morcellement des grandes propriétés, périurbanisation, lotissement des campagnes... : l'évolution du cadre de vie a abouti en quelques décennies à la multiplication des petits jardins. Qu'ils soient situés en milieu urbain ou rural, ces espaces parfois minuscules requièrent, pour flatter l'oeil, un aménagement spécifique étroitement lié à leur dimension.

Si les petits jardins ont toujours suscité l'intérêt, s'invitant dans la plupart des traités consacrés à l'art paysager, Agnès Bourgoin, formatrice au CFA de Saint-Germain-en-Laye (78), a tout d'abord rappelé que leur développement récent donne naissance à de nombreuses théories, souvent catégoriques, concernant leur conception. Volontiers contradictoires, elles privilégient l'illusion d'optique ou, au contraire, la mise en valeur visuelle des spécificités du lieu. Un choix qui dépend bien sûr des sensibilités personnelles.

La part du végétal dans le chiffre d'affaires en baisse

L'enquête Unep-Ipsos 2011, « Le jardin rêvé des Français », présentée par Philippe Feugère, administrateur Unep, a révélé que « le jardin est pour la majorité des Français "la pièce magique" qui donne vie et valeur à la maison. Pour un Français sur six, il a pour but d'embellir l'habitation et de lui donner du cachet. Et ils n'ont pas tort, puisque l'on sait que les logements avec jardin mettent six semaines de moins à se vendre pour des prix 5 à 11 % supérieurs au marché ! Le jardin, c'est aussi la possibilité de se relaxer, de faire du sport et de jouer en plein air pour 17 % des Français, ou tout simplement de rencontrer des amis et de faire la fête pour 14 %. L'attirance pour le jardin comme lieu de détente concerne davantage les plus jeunes (33 % sont âgés de moins de 35 ans) et les résidents d'agglomérations de plus de 100 000 habitants, souvent en mal de verdure ». Toujours d'après cette enquête, pour un Français sur deux, le jardin c'est avant tout, bien sûr, du végétal. Cette dernière constatation est à tempérer selon Didier Danet, entrepreneur du paysage dans les Hauts-de-Seine depuis 1980 : « Pendant mes vingt premières années d'activité, le végétal représentait 30 à 35 % du chiffre d'affaires pour le secteur création de jardins de particuliers, alors que depuis dix ans la tendance minimise l'utilisation des plantes à 10 % de nos créations. »

Les jardineries, interlocuteurs indispensables

L'évolution est conforme à l'aspiration des clients, qui considèrent le jardin comme un espace extérieur de réception et de convivialité. Cette “pièce à vivre” est présente dans les petits jardins de 50 m2 comme dans les jardins plus vastes.

Les consommateurs privilégient désormais un jardin accueillant et confortable dans leur résidence principale plutôt que la recherche et l'acquisition d'une résidence secondaire, dont l'entretien est jugé économiquement lourd.

Pour Didier Danet, « cette pièce à ciel ouvert doit correspondre au style de vie dans la maison. On doit trouver une unité entre la décoration intérieure et celle de l'extérieur », d'où l'importance d'éléments comme le bois, les poteries et les bacs, l'eau, mais aussi – ce qui est nouveau –, les spas, les piscines... sans oublier la place réservée à l'éclairage, qui permet d'obtenir deux jardins pour le prix d'un ! L'arrivée des accessoires de décoration a également été soulignée par Alain Cosson et Christian Bourlanges, respectivement chef de groupe et chef de rayon à la jardinerie Truffaut d'Herblay (95). Ces structures sont en effet des interlocuteurs souvent indispensables pour certains clients qui souhaitent avoir des conseils sur la création et l'entretien de leurs petits jardins. L'avis des spécialistes ne se limite pas aux informations sur les végétaux mais aussi, et de plus en plus, sur les équipements et la décoration nécessaires pour rendre cette « cinquième pièce » agréable à vivre. Ces professionnels apportent de nombreux renseignements sur les tendances en termes de couleurs, de matières et d'ambiances – fluo, graphique, bien-être...

Des végétaux à double attrait

Depuis vingt-cinq ans, Pierre-Alexandre Risser, au sein de l'entreprise Horticulture & Jardins à Saint-Prix (95), réalise des jardins, des terrasses et des balcons essentiellement à Paris et dans la région Île-de-France. Il a présenté, en s'appuyant sur plusieurs exemples de transformation remarquable de jardin, une démarche de création spécifique basée sur des expérimentations menées chez lui, mais aussi chez ses clients. Il a ainsi vu évoluer la demande des citadins. « D'un décor original, agréable à regarder, le jardin en ville est devenu une pièce à vivre en plein air pour toute la famille. Il doit permettre les jeux de ballon, le roller, le farniente et les repas entre amis. C'est à la fois un cocon protecteur contre les agressions quotidiennes de nos vies trépidantes, un endroit convivial où famille et amis aimeront se retrouver... »

Le végétal n'est pas oublié dans les petits jardins urbains. Pierre-Alexandre Risser ne tarit pas d'éloges sur ses espèces fétiches (jasmin étoilé, Cercis 'Forest Pansy', bambou, Nandina...) qui ont au moins un double attrait esthétique : une floraison et un feuillage persistant ou coloré à l'automne, un panaché, des fleurs et des fruits, une silhouette naturelle gracieuse au printemps... Pascal Pinel, responsable du développement du secteur pépinière de Graines Voltz au moment de la manifestation, a précisé que « choisir un arbre mérite réflexion car plus le jardin est petit, plus l'espace est compté et plus ce choix est important : ses fleurs, sa silhouette, son tronc, son écorce, son feuillage, ses couleurs d'automne pourront tour à tour capter l'attention. La logique veut que plus l'espace est petit, plus l'arbre qui pourra y pousser devra cumuler les attraits afin de rester beau et admirable tout au long de l'année. Si la floraison (Malus Perpetu® 'Evereste'...), la couleur du feuillage (Prunus serrulata 'Royal Burgundy'...), la production de fruits décoratifs (Malus 'Golden Hornet'...) ou de belles couleurs d'automne (Acer trifolium...) sont importantes, elles ne surpassent pas la forme, la silhouette, le port de l'arbre (Cornus controversa 'Variegata'...) que l'on aura en permanence sous les yeux. »

Luis Da Costa

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