Login

Dans les Jardins d'Eyrignac, la couleur s'impose en douceur

L'impressionnante allée des Charmes du manoir d'Eyrignac... Le jardin, d'abord essentiellement composé dans un camaïeu de verts, s'est progressivement ouvert à la couleur.

La saison battra bientôt son plein... Reflets des tendances enregistrées ces dernières années, les jardins ouverts au public devraient, cette année encore, faire le plein de visiteurs. Démonstration au domaine d'Eyrignac, en Dordogne.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Les jardins du manoir d'Eyrignac sont une affaire de famille. « Le domaine appartient à ma famille depuis plus de cinq cents ans », rappelle non sans fierté Patrick Sermadiras, actuel propriétaire des lieux. Nous sommes tous nés ici et avons été baptisés dans la chapelle du domaine. »

Le jardin de ce lieu chargé d'histoire est resté assez classique, loin des principes de gestion différenciée, par exemple. Jardin à l'anglaise au XIXe siècle, il a été entièrement refait il y a quarante-cinq ans par le père de Patrick Sermadiras, sur un schéma à la française. L'objectif était d'en minimiser l'entretien. Mais c'était oublier que les végétaux taillés ne gardent pas leurs formes... sans intervention humaine ! Longtemps, un seul jardinier a entretenu l'ensemble du site. Mais, en 1987, l'embauche d'une seconde personne s'est avérée indispensable. Pour la financer, le propriétaire a donc eu l'idée d'ouvrir son jardin au public...

Une évolution par étapes

Désormais, ce sont treize personnes, dont six jardiniers, qui travaillent sur le domaine, ouvert tous les jours de l'année sans exception. « Tout est au millimètre, tiré au cordeau », explique Patrick Sermadiras. « Nous avons voulu réaliser un écrin de luxe, cher d'accès mais proche de la perfection. Notre souci est d'être irréprochables, d'éradiquer toute mauvaise herbe, d'offrir le meilleur accueil possible... » Du coup, l'an dernier, le prix d'entrée, déjà élevé, a été augmenté de 1 euro, à 12 euros, sans que la fréquentation baisse, bien au contraire : plus de 90 000 personnes se sont présentées aux portes du domaine, soit une augmentation de 3 % par rapport à 2010.

Si l'endroit est fortement teinté de classicisme, avec, en particulier, sa célèbre et spectaculaire allée de charmes taillés, il n'en est pas moins en train de changer de visage. Sur la forme, déjà, les visites ne sont plus systématiquement guidées. Désormais, les visiteurs peuvent déambuler seuls au gré de leurs envies ou suivre un guide. Une évolution qui s'est faite par étapes : « Au début, nous avions mis des chaînes pour éviter les dégradations », explique Patrick Sermadiras. « Nous nous sommes aperçus que nous ne pouvions pas les conserver. Les gens laissaient des remarques sur le livre d'or ou bien nous signalaient que ce n'était pas très esthétique. Nous les avons donc supprimées sans constater de dégâts. » Et le résultat est là : quand les visiteurs passaient auparavant une heure à Eyrignac, ils peuvent aujourd'hui y rester la demi-journée, voire plus.

Pique-nique en blanc

Depuis une dizaine d'années, le jardin a aussi considérablement évolué dans sa structure. Le camaïeu de verts qui le caractérisait ménage désormais une place à la couleur. Le jardin blanc a vu le jour au tournant du siècle dernier et a permis aux rosiers et aux bulbes d'investir les lieux. Cette année, des prairies fleuries sont proposées aux visiteurs. Elles sont, bien sûr, en liberté surveillée, bien encadrées par des topiaires sagement taillés, mais l'évolution est notable. Dans le même secteur nouvellement aménagé, les Jardins de Capucine, épouse de Patrick Sermadiras, font même jaillir la couleur. Ils sont composés d'un potager et d'un jardin de fleuriste. Le premier, plus ouvert sur le paysage alentour, est ceint d'une clôture de châtaignier, et vise à concilier production et esthétique. La tomate y côtoie la bourrache, les salades et les capucines. Le second constitue la partie la plus colorée d'Eyrignac, avec une structure en bandes calquée sur celle du potager. Les dahlias, rosiers, cosmos... sont plantés là pour animer le jardin et fournir des fleurs destinées aux points d'accueil.

Du 16 juillet au 20 août prochain, à partir de 18 h, un « pique-nique en blanc » musical sera proposé afin d'admirer le coucher du soleil. « J'ai récupéré des draps de lin blanc dans un grenier. Je les étends sur les pelouses et les familles peuvent s'installer et dîner ensemble », explique Capucine Sermadiras. Les participants sont invités à s'habiller en blanc, quasiment la première couleur à avoir fait son apparition dans le jardin. Eyrignac est un lieu d'histoire... en mouvement !

Pascal Fayolle

L'équipeTreize personnes, dont six jardiniers, travaillent au manoir, détenu par la famille de Patrick Sermadiras (au premier plan) depuis cinq siècles.

Le blancLe jardin blanc a été créé il y a quelques années. Il a signé la première apparition de la couleur au domaine d'Eyrignac...

La couleurDésormais, avec le jardin de fleuriste, Eyrignac a changé d'époque. Il est jouxté par un potager, aujourd'hui incontournable.

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement