Certification Plante Bleue (1/7) : du bon arrosage...
Cette série consacrée à Plante Bleue abordera tour à tour, pour chacun de ses sept volets, les deux niveaux de la certification horticole : le Diagnostic environnemental (niveau I) et le Référentiel technique national (niveau II). Ce premier article concerne le volet « irrigation » éminemment sensible.
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Premier volet, la problématique de l'eau, incontournable dès lors que l'on évoque l'environnement et l'agriculture, se pose en termes d'impacts, sous l'angle des prélèvements réalisés et des rejets éventuels – un deuxième point qui sera évoqué dans les volets « fertilisation » et « protection des cultures ». L'optimisation de l'irrigation doit tendre à diminuer les pressions sur la ressource en eau.
1 CONTEXTE : L'ÉTAT QUANTITATIF DES EAUX EN FRANCE.
Les précipitations moyennes fournissent chaque année un volume de 175 milliards de mètres cubes d'eau pour alimenter les eaux souterraines et de surface. Dans le même temps, environ 34 milliards de mètres cubes sont prélevés chaque année, dont 5 milliards (15 %) sont destinés à l'agriculture irriguée (Ifen, 2011). En apparence, le bilan n'apparaît donc pas préoccupant ; il varie cependant selon les Certification Plante Bleue (1/7) : du bon arrosage... régions mais également selon les saisons, si bien que certains aquifères sont si sollicités que leur niveau baisse régulièrement. Bien que la quantité prélevée annuellement soit stable depuis les années 2000, c'est ponctuellement et à un niveau local, pour faire face aux conséquences d'épisodes de sécheresse et aux risques de pénurie que le partage entre des usages en concurrence impose une coordination, parfois problématique, en vue d'éviter la surexploitation de la ressource (Jamin, 2011). L'optimisation des systèmes d'irrigation apparaît comme localement importante et les spécificités des systèmes horticoles ont d'ores et déjà des réponses à faire valoir.
2 NIVEAU I : LE DIAGNOSTIC ENVIRONNEMENTAL - LE CAS DES PRODUCTIONS EN POT ET CONTENEUR.
Les productions horticoles sont généralement qualifiées d'intensives et la maximisation des rendements passe par l'optimisation des facteurs de production : sol, intrants, matériels... Cela se traduit par des infrastructures et des équipements de pointe présents sur des surfaces réduites, de telle sorte que ces éléments seront prédominants dans l'évaluation environnementale.
Au niveau du diagnostic Plante Bleue (*) (niveau 1), plusieurs indicateurs sont donc proposés pour le poste « irrigation » : des indicateurs de bonnes pratiques (gestion des doses et des fréquences, entretien et suivi) et un indicateur relatif au système d'irrigation en place. Ce dernier a un poids plus important dans l'évaluation finale et il est de ce fait détaillé pour les productions en pot et conteneur. Le diagnostic est réalisé à partir de données facilement accessibles. Cet indicateur « système d'irrigation » est calculé à partir du mode d'irrigation utilisé, de la taille des pots (ou des conteneurs) et du devenir des effluents. Il est répété pour chaque parcelle de l'entreprise. À partir de ces données et pour construire la grille de notes correspondante, les pertes en eau par ruissellement et drainage, dans des conditions normales d'utilisation, ont été évaluées pour chaque couple mode d'irrigation/taille des pots, permettant une première hiérarchisation des systèmes. Ensuite, il est tenu compte du devenir des effluents : si ceux-ci sont valorisés (recyclage, épandage...), la note finale s'améliore. Plus concrètement, l'aspersion (sprinkler, rampe oscillante) présente des pertes limitées si elle est associée à des petits volumes (forte densité de culture).
Avec des volumes plus importants, à partir de 4-5 l, les systèmes de récupération se justifient de plus en plus, ou alors, une irrigation localisée doit être privilégiée (chariot d'arrosage, goutte-à-goutte).
La subirrigation, par les volumes importants utilisés, impose, quant à elle, de recycler les solutions. D'autres pratiques visant à limiter les pertes en eau sont également intégrées, comme l'utilisation de nappes d'arrosage ou encore l'ombrage des cultures.
3 NIVEAU II : LA CERTIFICATION PLANTE BLEUE - LE RÉFÉRENTIEL TECHNIQUE NATIONAL.
Dans la continuité du Diagnostic environnemental (niveau I) et de ce qui est décrit dans le paragraphe précédent, le Référentiel technique national (niveau II) énumère les différents points de contrôle afférents au volet « irrigation ». Un point de contrôle est consacré à l'optimisation des systèmes d'irrigation sur l'entreprise. Au cours des audits, il sera également porté une attention particulière aux points suivants :
- les éléments d'aide à la décision : au travers de ce point, c'est la gestion globale de l'irrigation qui est approchée ; il s'agit de montrer par quels moyens (matériels, humains, documentation) les fréquences et les doses d'arrosage sont ajustées au besoin des cultures ;
- l'entretien du matériel : essentiellement visuel, le contrôle de ce point tient compte de la vétusté du matériel et peut, au besoin, s'étayer, entre autres, par la consultation de factures d'entretien ;
- le suivi des consommations : l'auditeur s'assure qu'il existe un suivi quantitatif et documenté des consommations, pertinemment détaillé en tenant compte de l'origine de l'eau d'irrigation (s'il y a, par exemple, différents forages) et réalisé de manière périodique selon la durée des cycles de culture. Dans l'objectif de valorisation des efforts déjà réalisés et d'amélioration des pratiques, un échange entre le producteur et l'auditeur sera spécialement consacré à ces deux derniers points.
4 L'EAU DANS LE GRENELLE DE L'ENVIRONNEMENT
Les problématiques de l'eau n'ont pas fait l'objet d'un groupe spécifique, mais ont été cependant évoquées au sein du groupe « Agriculture : production et consommation ». Il y est fait référence dans la Certification environnementale des exploitations agricoles et la Haute Valeur environnementale (HVE), officiellement lancées depuis 2011, ainsi que dans le projet d'affichage environnemental des biens de consommation. Dans ce dernier, un indicateur national sur l'eau (Waterfootprint) devrait faire partie des trois indicateurs à afficher pour les produits agricoles, bien que sa méthode de calcul soit toujours en cours d'élaboration.
Romain Manceau (**)
(*) Les documents relatifs au diagnostic et au référentiel sont disponibles sur www.valhor.com, dans la rubrique « Qualité & Certification ». (**) Astredhor.
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