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Doué-la-Fontaine. La filière rose et pépinière se mobilise

Le bassin douessin est leader en France, avec 60 % de la production de plants de rosiers, 7,5 millions de rosiers cultivés par an et 250 emplois en équivalents temps plein (ETP).PHOTO : JEAN-FRANÇOIS CORBIN, CHAMBRE D'AGRICULTURE DU MAINE-ET-LOIRE

La plate-forme régionale d'innovation pour la rose et la pépinière du bassin douessin vise à maintenir et renforcer le savoir-faire local.

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Pépiniéristes et rosiéristes du bassin douessin se sont engagés dès 2010 dans une réflexion sur l'avenir de la filière locale. Un état des lieux, dressé avec l'aide de Maela Floch, chargée de mission filières végétales à la chambre d'agriculture du Maine-et-Loire, leur a permis d'en évaluer les atouts et les contraintes. Il a servi de base à l'établissement d'un plan d'action, pour lequel une demande de financement a été déposée en fin d'année dernière. Finalement, Jacques Auxiette, président du conseil régional des Pays de la Loire, a lancé officiellement, lors du Salon du végétal, la plate-forme régionale d'innovation (PRI *) « Innovation et modernisation de la filière pépinière et rosier du bassin douessin ».

Un bassin historique mais fragilisé

Depuis deux siècles, les producteurs de rosiers se succèdent de père en fils. « Le bassin douessin, c'est 75 producteurs : rosiéristes, pépiniéristes ne faisant que du contrat, entreprises implantées depuis trois générations, jeunes qui s'installent... », décrit Jean-Marie Maitreau, président de l'Association des pépiniéristes et rosiéristes du bassin douessin. Ce territoire est fragilisé par sa dépendance à l'égard de la distribution, comme l'illustre l'inquiétude soulevée en début d'année par le redressement judiciaire des pépinières et roseraies Georges-Delbard : 500 000 rosiers sont produits en exclusivité pour Delbard dans la région de Doué. Plus généralement, 60 à 70 % de la production de rosiers de Doué-la-Fontaine sont commercialisés auprès de distributeurs spécialisés. Autres difficultés : le manque d'implication des producteurs dans les démarches locales et nationales, les pertes en culture, le manque de mécanisation... Malgré une production regroupée géographiquement et un réel savoir-faire en racines nues qui le maintiennent encore parmi les leaders sur le marché du rosier, le bassin douessin a des difficultés à s'adapter aux changements et doit faire face à une concurrence croissante, notamment des pays de l'Est.

L'état des lieux a mené à la réalisation de la PRI, portée par l'Association des pépiniéristes et rosiéristes du bassin douessin et comportant trois axes. Le premier concerne l'amélioration des itinéraires techniques : diminution des intrants et de la consommation en eau ; connaissance des sols et des besoins nutritifs pour l'optimisation du foncier ; amélioration du porte-greffe. La chute du porte-greffe (non reprise du greffon), qui dépend de la variété, peut affecter 40 % de la production. Les travaux (collection, étude de la variabilité génétique, phénotypage) seront menés par l'Institut de recherche en horticulture et semences (IRHS), composé de l'Inra, Agro-Campus Ouest et l'Université d'Angers). « L'équipe qui se consacre au rosier à Angers est unique en Europe par sa taille (52 personnes), mais aussi par sa multidisciplinarité », indique Soulaiman Sakr, enseignant-chercheur à AgroCampus Ouest. Les expérimentations terrain en partenariat avec l'Arexhor-Pays de la Loire et les cultures de porte-greffe en partenariat avec l'IRHS ont déjà commencé à se mettre en place. Le deuxième axe de la PRI aborde l'organisation collective et la mutualisation des matériels : identification du matériel utilisé et des besoins, développement de matériel innovant (plantation, binage...), organisation de l'emploi et des services pour maintenir le savoir-faire sur le bassin. Le troisième axe consiste à identifier et promouvoir les produits et le territoire. Sur quatre ans, le coût du projet est estimé à plus d'1 million d'euros, financé à hauteur de 50 % par la Région, puis l'IRHS (40 %), avec la contribution de l'association des rosiéristes (3 %) et de la CA 49.

Valérie Vidril

(*) Projet à vocation territoriale, mis en place par la Région des Pays de la Loire en 2009, réunissant acteurs de la recherche et économiques.

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