Jardins. Un cru à laisser vieillir quelques semaines

Le 25 avril dernier, le Festival international des jardins de Chaumont-sur-Loire a ouvert ses portes à un public que les organisateurs attendent toujours plus nombreux, mieux que les 210 000 personnes qui ont franchi les grilles du site l'an dernier si possible ! D'ailleurs, le domaine dans sa globalité a accueilli l'an passé 365 000 visiteurs. Ce qui laisse encore un bon potentiel pour les jardins... Pour son vingtième anniversaire, la Région Centre, propriétaire des lieux, a vu grand. Avec tout d'abord l'ouverture d'un parc de 10 ha, les Prés du Goualoup. On y accède par une passerelle et on y découvre un site aménagé par Louis Benech qui est encore largement en devenir. De nouvelles parcelles de jardins éphémères devraient y prendre place (il sera bientôt difficile de tout voir en une journée !), mais pour l'instant, seul le « Jardin des nuées qui s'attardent » vaut vraiment le déplacement. Conçu par le paysagiste chinois Shu Wang, il représente une structure de bois savamment assemblée et qui repose sur un bassin sombre. Le tout évoque un nid d'oiseau qui va petit à petit être colonisé par des vignes en particulier. Plus loin, un jardin chinois est en cours d'aménagement. Il faudra attendre un moment avant de pouvoir l'apprécier vraiment. Et ce besoin d'attendre marque l'édition 2012 du festival. Dans les parcelles dédiées aux jardins éphémères, la végétation a souffert d'un mois d'avril humide et froid : les gelées ont été fréquentes, obligeant parfois les concepteurs a replanter certains végétaux trop fragiles...

Le jury a réservé plusieurs belles réalisations

Couplé à des sols difficiles, ce climat d'avril capricieux a donc causé bien des soucis aux jardiniers. Mais l'oranger niché au coeur du jardin intitulé « Orange mécanique », qui invite à pénétrer dans une peau d'orange déroulée, n'a pas souffert. Comme quoi les lois des plantes et du froid ne sont pas toujours faciles à sonder !

Sinon, le thème retenu pour cette édition, « Jardins des délices, jardins des délires », a donné l'occasion aux concepteurs de recourir à des matériaux toujours plus diversifiés, mais avec un travail sur le végétal qui laisse un sentiment d'insuffisance. Le retard de la végétation à la mi-mai a incontestablement accentué ce sentiment. Mieux vaut donc attendre un peu avant de visiter le Festival.

Le jury, placé cette année sous la présidence du chef étoilé Alain Passard, a néanmoins réservé quelques belles réalisations aux visiteurs, comme « Le potager » inspiré du tableau d'Arcimboldo « L'homme potager », ou « Le jardin bleu » qui propose des entrelacs de cuivre dans un univers bleu. À voir également « Émeraude » (notre photo), un jardin perché sur de magnifiques murs de terre, ou « En vert », l'une des rares parcelles à faire vraiment la part belle à la luxuriance, qui présente un monde inversé que l'on peut découvrir « à l'endroit » à condition de l'observer au travers d'optiques « renversantes ». Sans oublier « La pâtisserie » bien anglaise des étudiants du lycée horticole du Fresne, à Angers, ou le hamac délirant du « Paradis terrestre » imaginé par des Irlandais.

Pascal Fayolle

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