HERVÉ PIETRA, PRÉSIDENT DE L'ASSOCIATION « SAUVONS NOS PALMIERS » (83), WWW.SAUVONSNOSPALMIERS.FR « Un désastre écologique pour le bassin méditerranéen »

Pourquoi « Sauvons nos palmiers » ?

L'association, créée fin 2011 par quelques propriétaires de palmiers de l'est toulonnais, comporte aujourd'hui 150 membres, avec une délégation dans les Bouches-du-Rhône, un projet en Languedoc-Roussillon et des prolongements au Maghreb. Nous sommes extrêmement concernés par le charançon rouge du palmier (CRP), Rhynchophorus ferrugineus. On peut parler d'un désastre écologique pour tout le bassin méditerranéen. Les experts annoncent une perte de 80 % minimum des palmiers Phoenix canariensis en France. Le CRP attaquerait ensuite les autres variétés de palmiers, la canne de Provence, les agaves et même le laurier-rose ! L'association dénonce les lenteurs des pouvoirs publics face à cette infestation : contrôles insuffisants des importations ; délai trop long entre l'apparition du CRP dans le Var en 2006 et l'obtention de l'arrêté de juillet 2010 ; accord de principe du ministère pour l'introduction de l'endothérapie en préventif en novembre 2011 ; obtention d'un arrêté en mars 2012.

Cet arrêté autorisant l'endothérapie répond-il à vos attentes ?

La fin progressive de l'application aérienne d'insecticide est un réel progrès pour la protection de l'environnement. Nous regrettons que le ministère ait choisi le principe de l'expérimentation alors que les professionnels de la filière avaient largement prouvé la gravité et l'urgence de la situation. Nous aurions préféré que les opérateurs aient le choix entre deux voire davantage de molécules, comme c'est le cas en Espagne et en Italie.

Quelles sont les prochaines étapes ?

Le comité de pilotage départemental Copil Charençon 83, dont l'association est membre depuis janvier, va avec l'aide de la Fredon recenser les Phoenix de la zone d'expérimentation, pour suivre les campagnes d'injection et les déclarations d'infestation. Il s'agit également de soutenir les communes pour le démarrage des campagnes d'endothérapie, et de mobiliser les particuliers. L'offre en termes d'applicateurs privés doit être suffisante pour garantir de bonnes prestations à un prix raisonnable. Il reste à solliciter des financements européens, suivre les méthodes alternatives de traitement... Le problème des solutions biologiques comme des traitements par aspersion pour lutter contre le CRP est leur faible durée d'efficacité et la difficulté de leur application.

Faut-il encore planter des palmiers en France ?

Par un souci de créer un peu artificiellement de nouveaux cadres paysagers, beaucoup trop de palmiers ont été plantés depuis 50 ans. Il convient maintenant de défendre notre patrimoine. Il faut faire une pause en effet, en se gardant de remplacer les sujets disparus par des variétés banales déjà abusivement représentées...

Valérie Vidril

www.lienhorticole.fr Retrouvez « Charançon rouge du palmier : l'injection en mesure d'urgence » en date du 24 mai 2012 en rubrique Actualités.