PIERRE HABERSCHILL, HORTICULTEUR À VALDURENQUE (81) ET PRÉSIDENT DE L'ASTREDHOR DE 2009 À 2012 (*) « La qualification de l'Astredhor en institut technique est en marche »
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Le 29 juin 2012, lors de son assemblée générale annuelle, à Villenave-d'Ornon (33), l'Astredhor, réseau de stations d'expérimentations horticoles, a acté son projet de qualification en institut technique agricole (ITA) qui s'organise autour de trois axes :
- la consolidation de l'institut actuel en optimisant « l'intégration » des stations ;
- la construction d'un institut de toute la filière de la « croissance verte », adossé à l'interprofession et collaborant avec Plante & Cité ;
- la constitution d'un ensemble plus important et plus lisible qui facilitera l'accès aux nouvelles technologies et l'ouverture sur les programmes européens de l'innovation. Dans ce cadre, un rapprochement est prévu avec l'Institut technique interprofessionnel des plantes à parfum, médicinales et aromatiques (Iteipmai).
Qu'est-ce qui a motivé la décision de transformer l'Astredhor ?
Une première qualification des instituts techniques agricoles a eu lieu en 2007 pour cinq années. Un nouveau processus est engagé avec pour objectif d'aboutir au 1er janvier 2013. Le ministère souhaiterait ne qualifier que huit à dix instituts contre seize actuellement. Pour éviter la disparition de l'Astredhor et parce que sa fusion avec le Centre technique interprofessionnel des fruits et légumes (CTIFL) n'a pas été souhaitée par les acteurs concernés, nous avons défendu le projet d'un institut de l'horticulture.
Quels sont les enjeux portés par cette nouvelle organisation ?
D'abord la qualification de l'Astredhor en ITA. Mais aussi un institut plus pertinent, plus fort, avec des actions plus lisibles et efficaces pour apporter des réponses nouvelles. Francis Ginestet, ancien rédacteur en chef du Lien horticole, avait mis l'accent sur un paradoxe : le marché de la « croissance verte » se développe, mais les producteurs n'en profitent pas. Or, il y a vraiment un changement sociétal, les végétaux étant maintenant clairement identifiés utiles pour le bien-être et la qualité de vie. Cette organisation doit aussi nous permettre de travailler sur de grandes questions transversales (l'eau, l'énergie...). Nous allons pouvoir mutualiser les coûts, les moyens et les compétences pour les expérimentations, expertises et certaines fonctions administratives. Et nous aurons plus de capacités à répondre à des appels à projet, nationaux et européens. Nous devons créer des savoirs et veiller aux transferts de technologie au service des producteurs.
À quelle échéance la nouvelle organisation va-t-elle se mettre en place ?
Depuis le 30 septembre 2011, nous travaillons sur le projet de nouvel institut. Notre dossier de demande de qualification a été déposé auprès du ministère le 11 juin dernier. Nous présenterons le projet oralement devant le comité scientifique et technique du réseau des instituts des filières animales et végétales (Acta) en septembre, puis le ministère rendra sa décision avant la fin de l'année. Pour l'organisation interne, des unités de « bassins de compétences » s'organisent avec un nouveau cahier des charges pour les actions nationales – le tout devant être opérationnel dès la qualification au 1er janvier 2013. L'implication plus forte de l'interprofession dans la programmation se fera en lui confiant l'organisation d'un conseil intermétiers, chargé de rassembler les attentes des territoires et de la filière. Cette disposition permettra aussi de mieux intégrer – dans l'orientation des programmes de recherche et d'expérimentation – des études prospectives et de marché conduites par l'interprofession. Ce conseil se réunira dès 2013 pour la construction des programmes 2014. L'interprofession a aussi prévu de mettre en place un conseil stratégique de l'innovation de la filière, et cela dès le second semestre de cette année 2012. Il se réunira tous les trois ans et définira les grandes perspectives de la filière. Les conseils seront composés par des représentants de producteurs, des secteurs du commerce et de la distribution, et des paysagistes.
Que deviennent les treize stations d'expérimentation ?
Elles seront regroupées, au sein de l'institut, en six unités horticoles de bassins, correspondant à des logiques géographiques : Seine-Manche, Loire-Bretagne, Sud-Ouest, Méditerranée, Rhône-Alpes et Grand Est. Ces bassins seront coordonnés par l'unité nationale, chargée de construire le programme technique unique. À ce jour, il n'est pas prévu de disparition physique de station, le regroupement est administratif et juridique. Mais certaines régions avec plusieurs stations devront encore se réorganiser.
De quelle façon va s'opérer l'ouverture sur la filière ?
Val'hor et ses composantes (fleuristes, architectes paysagistes, commerce) ont validé le projet d'institut de la filière horticulture, avec un rapprochement – à l'horizon 2015 – avec les PPAM (plantes à parfum, aromatiques et médicinales). Nous allons renforcer nos collaborations avec Plante & Cité. De programmes d'expérimentation jusqu'à présent insufflés par les producteurs, nous passerons à un programme prenant davantage en compte les besoins de l'amont et de l'aval, afin de définir un travail de prospective pour savoir ce que veulent les consommateurs et utilisateurs de végétaux de demain, les usagers (particuliers, collectivités), sans diminuer la place décisionnelle des horticulteurs et des pépiniéristes. Nous devons trouver une cohérence et une vision de filière sans perdre le contact avec le terrain, les territoires et nos stations d'expérimentation. Conserver aussi la compétence de nos ingénieurs, en étant réactifs face aux demandes.
Comment éviter de retomber dans les travers ou dans le rejet comme pour l'ex-Comité national interprofessionnel de l'horticulture ?
Le CNIH avait mené une politique de centralisation dans laquelle les professionnels ne se retrouvaient plus. Le nouvel institut se recentre sur six bassins géographiques et, parallèlement, s'ouvre sur sa filière.
Odile Maillard
(*) Claude Déhais, horticulteur en Haute-Normandie, lui a succédé au poste de président.
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