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Colloque Des espaces verts qui ont... la pêche

Le conseil général de Seine-Saint-Denis a mis en place une politique de valorisation de ses espaces verts. Ici, dans le parc départemental Jean-Moulin - Les Guilands, à cheval sur Montreuil et Bagnolet.PHOTO : CG93, DNPB

Les acteurs du paysage de Seine-Saint-Denis étaient réunis le 28 novembre à Montreuil pour parler de qualité.

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Vu de l'extérieur, que connaît-on des espaces verts du département de la Seine-Saint-Denis ? Le parc de La Courneuve, celui du Sausset, qui a été en son temps précurseur en termes de gestion différenciée... En réfléchissant, ce département de la petite couronne parisienne compte plusieurs sites plus ou moins fréquentés, mais aucun aussi connu que les murs à pêches de Montreuil. Ces murs de plâtre, montés pour protéger les arbres fruitiers les plus frileux, ont longtemps assuré la notoriété de la ville qui jouxte la capitale.

De l'usager au consommateur

Largement urbanisé, le département veut désormais préserver les parcs et jardins disponibles, à défaut de disposer d'espace libre pour en proposer de nouveaux. La volonté politique est aussi de les valoriser au mieux, en insistant sur leur rôle écologique, botanique... Le colloque du 28 novembre dernier, organisé avec le concours du lycée des métiers de l'horticulture et du paysage de Montreuil, s'inscrivait dans cette logique, avec la volonté de promouvoir « des espaces verts de qualité en Seine-Saint-Denis ».

La journée a été déclinée autour de trois tables rondes sur la qualité des espaces verts départementaux, leur usage en milieu urbain et les moyens de valorisation de la filière horticole via ses réalisations. Des débats ont ébranlé certaines certitudes. On estime qu'aujourd'hui, la création de nouveaux jardins fait l'objet de concertation dans des proportions jamais atteintes ? Daniel Foundoulis, président du Conseil régional des associations familiales laïques d'Île-de-France, affirme qu'il est frappé par le manque de considération pour les usagers dans les sites qu'il fréquente. Pour lui, la filière du paysage n'a pas encore suffisamment muté de la notion d'usager à celle de consommateur. Le visiteur est de plus en plus habitué, dans son quotidien, à consommer ou pas les produits qu'on lui propose. Or, les jardins n'offrent pas toujours des prestations donnant envie d'être consommées...

Les espaces verts doivent avant tout être des espaces sociaux, de partage. Tant mieux s'ils sont esthétiques, mais ils doivent en premier lieu être des espaces à vivre. Le rôle des professionnels est aussi de prendre des décisions après avoir noté l'ensemble des attentes, parfois contradictoires...

La friche au coeur des débats

La biodiversité a occupé une grande part des débats, en particulier autour de notions telles que la friche, considérée par certains comme le meilleur refuge de la biodiversité en ville. Un avis que réfute Nathalie Machon, écologue au Muséum national d'histoire naturelle : en milieu trop urbanisé, la friche devient vite une zone piétinée sur laquelle rien, ou presque, ne pourra se développer. Par contre, explique un paysagiste, quand le parc des Beaumonts, qui devait être aménagé sur 22 hectares, voit son budget atteindre ses limites alors que la moitié seulement de sa surface est réalisée, l'autre moitié peut devenir une zone Natura 2000 peu entretenue. L'imprévu et le manque de moyens peuvent ainsi s'avérer une chance pour les riverains, la biodiversité et le plaisir des yeux ! Trois des piliers de la qualité de vie dans les espaces verts contemporains...

Pascal Fayolle

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