Montpellier, le 29 mars : qui peut se prévaloir de pouvoir réunir sept candidats à la présidentielle sur dix, leur demander de préparer un exposé de 15 mn et de répondre à 2 questions ? Une branche professionnelle forte, représentant 3,5 millions d'emplois et surtout un pan entier de l'électorat particulièrement courtisé : le monde rural. D'où l'idée de la FNSEA, Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles, en point d'orgue de son congrès annuel, organisé les 27 et 28 mars, de ne pas mener l'opération seule, mais avec vingt et un partenaires du monde de l'agriculture, l'Unep, union nationale des entrepreneurs du paysage, et la FNMJ, Fédération nationale des métiers de la jardinerie, pour ce qui concerne notre filière. Les horticulteurs font, pour leur part, partie de la FNSEA, via la Fédération nationale des producteurs de l'horticulture et des pépinières (FNPHP).
Plus de marchés publics pour les PME
Ce « moment républicain » proposé par Xavier Beulin, président de la FNSEA, a donné lieu à trois heures d'intenses discussions. Évidemment, les conversations ont plus souvent tourné autour de la politique agricole commune (Pac) que sur les problèmes qui concernent directement notre filière. Mais les participants – en majorité des agriculteurs, mais aussi des viticulteurs et quelques trop rares horticulteurs, il est vrai bien mobilisés dans les entreprises en cette période de l'année – se sont retrouvés sur des sujets comme l'ouverture des frontières, le coût du travail et la fiscalité des entreprises.
En un quart d'heure, sept candidats, François Bayrou, Jacques Cheminade, Nicolas Dupont-Aignan, François Hollande, Éva Joly, Marine Le Pen, Nicolas Sarkozy ont exprimé leurs intentions concernant l'agriculture. Puis, deux questions leur ont été posées par les responsables des différentes branches professionnelles représentées. L'occasion pour Emmanuel Mony, président de l'Unep, d'interroger le président de la République en exercice sur l'accès des très petites entreprises (TPE) aux marchés publics, et pour que cesse le recours trop fréquent au moins-disant. Nicolas Sarkozy donne, en cas de réélection, un an à l'Union européenne pour autoriser la mise en place d'un « small business act », comme il en existe un aux États-Unis, réservant 20 % des marchés publics aux petites entreprises. Si l'UE refuse, la France prendra des mesures unilatérales.
À la recherche d'une fiscalité stable
Patrick Lorie, président de la FNMJ, était, pour sa part, chargé d'interpeller Éva Joly sur la fiscalité des entreprises : comment les entreprises peuvent-elles organiser leur développement à moyen ou long terme dans un contexte d'imposition aussi changeant ? La candidate écologiste a précisé qu'elle ne trouvait pas normal que les TPE et PME paient en moyenne plus d'impôts que les grosses entreprises à qui elle promet un impôt plancher en France. Pour elle, l'imposition des entreprises doit être progressive, comme pour les citoyens.
Bonne nouvelle...
Si les questions posées étaient bien en relation avec les programmes de chaque candidat (à François Hollande, les emplois annoncés dans l'enseignement concerneront-ils l'agriculture, à quoi il a répondu par l'affirmative), l'exercice n'a pas réellement permis de confronter les points de vue. Néanmoins, la démonstration de force de la profession faite pour l'occasion ne peut que mettre du baume au coeur aux acteurs du monde agricole, toujours très courtisés par les politiques.
À noter que le candidat président est venu à Montpellier avec une bonne nouvelle : la possibilité faite aux agriculteurs de réaliser des réserves d'eau collinaires allant jusqu'à 350 000 m3 sans recours possible. Mieux qu'une simple promesse...
Pascal Fayolle