Technique Murs végétalisés, encore de nombreux défis

Le 28 mai dernier à Cergy-Pontoise, l'association Plante & Cité a proposé une approche très pragmatique des avancées, aspects critiques et évolutions à attendre...

Ils font envie, donnent un effet spectaculaire et immédiat, conviennent à une décoration événementielle... mais attention à ne pas céder trop facilement au chant des sirènes. Lors d'une journée consacrée aux murs végétalisés en extérieur, les résultats d'une étude menée par le CRITT Horticole sur 250 sites recensés (dont 40 exemples étudiés en détail), les témoignages et retours d'expérience de villes et d'experts, ainsi que des visites sur quatre sites en région parisienne ont permis à la soixantaine de participants de mesurer les précautions à prendre. Elles sont d'ordre stratégique : bien établir en amont l'objectif attendu afin d'opter pour la palette végétale appropriée, les systèmes adéquats, le fournisseur compétent... Et technique : il faut choisir entre une végétalisation pérenne mais moins colorée, ou plus fleurie et plus explosive à une saison bien déterminée (elle sera forcément moins attractive sur toute l'année). Cela semble évident, et pourtant les exigences en eau des plantes associées permettant de minimiser les échecs ne sont pas toujours respectées. Cette base de principes horticoles est en effet souvent oubliée dans ce type de réalisation.

L'entretien à court, moyen et long terme L'entretien doit être attentivement négocié au préalable avec les installateurs : ses contraintes réelles, sa durée, ses spécificités (taille, nettoyage-désherbage manuel des graines et petits ligneux qui s'incrustent, débouchage des goutteurs, renouvellement des plantes mortes...). Par ailleurs, la coupure des apports d'eau en hiver, parfois obligatoire, est une période très sensible. On veut protéger les conduites du gel, mais il y a un fort risque d'amplifier la mortalité de certaines plantes. Attention, cet entretien n'est pas de tout repos ; il nécessite des compétences spécialisées et ne souffre d'aucune négligence car certains systèmes, basés sur le principe de l'hydroponie, n'ont pas ou très peu d'inertie et d'autonomie, surtout pour l'eau. D'où l'importance de la gestion en régie (quand c'est possible) ou du choix d'un fournisseur réactif.Autre question soulevée lors de la journée technique de Plante & Cité : les concepts de murs hors-sol, totalement artificiels, (dignes d'un « biberonnage » ou d'une mise sous perfusion compte tenu de leur conception et de leurs superficies relativement faibles) sont-ils vraiment « nature », environnementaux, écologiques, favorables à la biodiversité et actifs dans la régénération de l'air urbain ?

La France en avance Le bilan de cette rencontre montre que de nombreux défis doivent encore être relevés pour obtenir des résultats satisfaisants concernant le choix de la palette végétale, la maîtrise de l'irrigation, du pH et de la salinité, la tenue au bout de quinze ou vingt ans... Et, point positif, la France compte parmi les pays les plus avancés en matière de murs végétalisés.

Pour en savoir plus :-> Plusieurs guides techniques doivent paraître prochainement.-> Rendez-vous au Congrès mondial des infrastructures vertes, à Nantes, du 9 au 13 septembre 2013 (www.wgic2013.com).

O.M.