Achats des collectivités : les budgets restent tendus
L'hiver 2012-2013 n'a pas favorisé la fluidité du marché des espaces verts des collectivités. Les chantiers ont pris du retard, mais les villes poursuivent la diversification de leurs gammes
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Comme lors du bilan de l'année passée, 2012-2013 ne montre pas une évolution marquée en ce qui concerne les produits végétaux achetés par les collectivités territoriales, d'autant que les budgets publics restent toujours aussi serrés dans le contexte de crise actuel. Les prix constatés sont globalement stables, avec des hausses ou des baisses légères localement, à mettre sans doute en relation avec des quantités demandées variables et la région d'approvisionnement. Sur le plan qualitatif, la diversification des gammes se poursuit, en accord avec les nouvelles stratégies politiques en faveur du développement durable et de la biodiversité.
En France, l'hiver 2012-2013 s'est révélé plutôt frais, mais seulement inférieur en moyenne de 0,3 degré à la normale. C'est surtout la pluviométrie qui s'est avérée sensiblement excédentaire (+ 15 %) et l'ensoleillement déficitaire. Ces moyennes masquent de brusques variations de temps, ainsi que des contrastes géographiques importants. Tandis que la moitié ouest du pays a bénéficié de températures légèrement supérieures à la normale, la moitié est en a connu de plus basses. Les précipitations ont été particulièrement abondantes dans le Sud-Ouest ainsi que sur une bande allant du nord de l'Auvergne au sud de la Bourgogne. En revanche, elles sont restées déficitaires en Languedoc-Roussillon et dans la basse vallée du Rhône. Dans la moitié nord, les pluies se sont fréquemment conjuguées avec les chutes de neige, jusqu'en plaine, mais les épaisseurs n'ont pas été importantes. Ce qui a le plus marqué est sans doute le déficit d'ensoleillement sur l'ensemble du territoire, en particulier dans un large quart nord-est, avec des valeurs comprises entre - 20 et - 40 %.
Quel impact le sel a-t-il sur les plantes à moyen terme ?
Pour la végétation, l'impact négatif de cette saison hivernale apparaît surtout sur les espèces herbacées vivaces les plus sensibles à l'humidité et au gel, mais il reste assez faible. À Lyon, les pertes avaient été plus importantes (5 à 10 %) l'année passée. Beaucoup de collectivités ont constaté un retard dans le démarrage de la végétation pouvant aller jusqu'à un mois, et un fleurissement de printemps qui a peiné à se développer. Certaines redoutent pour les mois à venir des effets toxiques liés à l'utilisation accrue du sel durant les épisodes de neige et de verglas. En revanche, les forts cumuls de précipitations ont plutôt été considérés comme une aubaine pour recharger les nappes phréatiques, notamment dans des régions comme le Centre ou le Sud-Ouest. « Les pluies ont permis de résorber le grand déficit en eau et de favoriser la reprise des plantations d'arbres et d'arbustes que nous effectuons en grande majorité avant le 25 décembre, afin de garantir une reprise optimale, car les printemps sont souvent secs et les étés très chauds », explique Christian Amiel, responsable des espaces verts d'Albi.
L'évolution des stratégies du fleurissement, – pris dans son acception globale intégrant aussi bien les aménagements éphémères que les plantations d'arbres et d'arbustes –, se poursuit avec une large tendance à la diversification. Elle permet de répondre aux objectifs de réduction de l'impact environnemental de la gestion des espaces végétalisés, avec le choix d'espèces rustiques, bien adaptées aux milieux, moins gourmandes en intrants, favorables à la faune auxiliaire si utile en protection biologique intégrée. « À La Rochelle, la tendance en terme de palette végétale porte sur des essences résistantes à la sécheresse et permettant de prendre en compte le phénomène de réchauffement climatique, tout en étant bien adaptées au contexte pédoclimatique local très particulier (sol filtrant, argilo-calcaire) ainsi qu'aux risques de submersion de certains espaces verts situés à proximité de la mer (choix d'espèces tolérantes au sel) », précise Emmanuel Pavy, directeur des espaces verts et de la propreté. Le volet amélioration ou conservation de la biodiversité entre également en ligne de compte, avec la recherche de végétaux d'origine locale et le développement de trames vertes pérennes.
La demande de conifères presque nulle...
Pour la plupart des villes interrogées, la tendance à la baisse est confirmée quant à l'utilisation des annuelles et bisannuelles. À Lille, le volume d'achats des annuelles a chuté de 40 % et de 25 % en production, tandis que les bisannuelles accusent une réduction de 18 %. À Lyon, la baisse est d'environ 10 %. C'est souvent à mettre en relation avec une augmentation de l'usage des graminées, des vivaces et des bulbes qu'on laisse se naturaliser. Les annuelles et bisannuelles restent toutefois présentes pour le fleurissement traditionnel, mais avec une évolution dans la composition des massifs. « La tendance, c'est de mettre en place des annuelles ou des bisannuelles en association avec des graminées et des vivaces pour donner du corps et du relief. Nous utilisons de plus en plus de plantes graphiques telles que Penstemon, Pennisetum, Stipa, euphorbes, ou encore le Silybummarianum, sorte de grand chardon persistant à feuillage marbré. Chaque année, nous mettons en culture, au centre horticole, de nouvelles espèces que nous testons ensuite sur le terrain avant de généraliser leur utilisation », précise Bertrand Sauvage, responsable du pôle végétal à la direction des parcs et jardins de Tours.
Pour les arbres et arbustes, les quantités diffèrent principalement en fonction des projets d'aménagement ou de rénovation programmés sur les territoires. « À Lyon, la demande en conifères est presque nulle, excepté quelques sujets à grand développement », explique René Thollon, responsable du centre de production. « La diversification des gammes végétales contribue également à échelonner le fleurissement sur une plus longue période », souligne Christian Amiel.
Yaël Haddad
Intempéries hivernalesLes chantiers de l'hiver dernier ont été retardés en raisondu temps froid et particulièrement humide. Une situationqui n'a, du coup, pas amélioré la fluidité du marché.
Diversification de la gammeLes collectivités poursuivent leur travail en matière de diversification de gamme végétale. Elles élargissent de plus en plus la palette des plantes résistantes au sec.
Tensions sur les prixDu côté des arbres, les tailles les plus vendues oscillent entre 16/18 et 20/25. Mais c'est pour cette catégorie de végétaux que les prix semblent être les plus « tirés », en raison des importations à bas coûts.
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