Login

Les ventes de végétaux au coeur des turbulences printanières

Les grandes surfaces spécialisées (GSS) ont enregistré une importante baisse de fréquentation affectant les ventes de végétaux d'ornement mais également celles des autres rayons.

Notre baromètre de mi-saison, réalisé avec le cabinet Médioflor, montre combien les ventes ont souffert des conditions météo exécrables, alors que les charges sont à la hausse...

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Après un hiver froid et humide, particulièrement sur la moitié nord du pays, le mois de mars, froid et moins ensoleillé que d'habitude, n'a pas amené le printemps, mais plutôt des épisodes tardifs de neige toujours sur la moitié nord du pays, et de fortes pluies sur la moitié sud. « En avril, ne te découvre pas d'un fil » : cet adage populaire collait parfaitement aux conditions météo cette année, très riche en contrastes : chutes de neige et gelées tardives, alternant avec des coups de chaud précoces et inattendus.

Le mois de mai n'était pas terminé à l'heure où ces lignes ont été écrites, mais la première quinzaine est restée marquée par la fraîcheur et l'humidité, voire les inondations... Les saints de glace (11, 12 et 13 mai) n'ont jamais autant refait parler d'eux et beaucoup de jardiniers et d'amateurs ont attendu qu'ils soient passés pour programmer leurs plantations. Ces circonstances météorologiques très défavorables ont rendu le début de saison très compliqué pour tous les acteurs. À l'inverse, le contexte économique, bien que toujours très tendu, n'a pas été vraiment dissuasif pour les acheteurs de végétaux : dès l'apparition du soleil, ils se sont rendus sur les points de vente. Malheureusement, les différentes possibilités de « faire le pont » n'ont pas permis de rattraper le retard accumulé. Les quatre jours fériés du mois ont engendré pour les producteurs et les distributeurs des coûts supplémentaires. Cette conjoncture calendaire a également généré des complications logistiques pour les entreprises ayant à utiliser les services de transporteurs extérieurs. Par ailleurs le nombre important de jours de congés de la première quinzaine de mai a défavorisé les points de vente des grandes métropoles urbaines au profit des commerces moins citadins.

Producteurs : plus de chauffage et une rentabilité dans le rouge

Le déroulement de saison a donc été particulièrement difficile à suivre pour les acteurs de la production. Il a fallu chauffer pour compenser l'absence d'ensoleillement et lutter contre l'humidité. Beaucoup de cultures ont souffert du manque de chaleur et de soleil, et les atteintes de botrytis ont été très sévères sur les primevères acaules. Par ailleurs, il a fallu faire face à l'indécision des clients peu enclins à prendre le risque d'approvisionner, ce qui a provoqué de la manutention et des frais supplémentaires. En dehors des premières livraisons de mise en place, les réapprovisionnements se sont faits difficilement, dans l'urgence et par petites quantités, ne comptant que très peu de chariots complets.

Résultat, les producteurs ont subi une double peine : d'une part l'augmentation des charges (selon les exploitations entre 30 000 € et 75 000 € de chauffage en plus), la lutte contre les maladies, les coûts de main-d'oeuvre, les dépenses supplémentaires de logistique, et d'autre part la diminution des prix de vente en raison de la demande incertaine. Si la rentabilité d'un grand nombre d'exploitations a frôlé la ligne rouge l'année passée, elle est nettement en dessous cette année. Le seuil critique a été atteint avant même la fin de la saison, qui aurait dû procurer 70 % du chiffre d'affaires pour beaucoup et dans bien des cas le retard ne peut plus être compensé. Les bisannuelles ont été les principales victimes de ce début de printemps froid et humide. Certaines séries ont même dû être jetées pour raison sanitaire ou pour faire de la place. Les plantes vivaces en petits contenants sont arrivées à la vente au cours de la plus mauvaise période météo. Les ventes d'annuelles ont pu démarrer en avril, mais n'ont pas encore atteint, et de loin, les niveaux de 2012. Par ailleurs, malgré les dépenses supplémentaires en chauffage, les floraisons des géraniums et des dipladénias sont en retard en raison d'une forte carence en luminosité (- 40 % en mars comparativement à la normale).

Le groupe des plants de légumes potagers tire mieux son épingle de ce jeu de massacre. Le démarrage a été tardif, mais dès la troisième semaine d'avril, la demande était bien là. Le végétal utile serait-il en train de supplanter le végétal d'ornement ? Et maintenant, quelles sont les perspectives ? Beaucoup de producteurs, en France et chez nos voisins du Nord, vont essayer de sauver la fi n de saison en priant pour que la chaleur ne revienne pas brutalement et durablement. Si les températures restent modérées, il sera possible de travailler le prêt-à-poser en plus gros contenant, bien que cette orientation soit assez généralisée et que la concurrence sur les prix s'annonce très rude.

Distributeurs : les producteurs détaillants ont moins souffert

Les variations sont sensibles selon les différents circuits et les méthodes de vente. Les conséquences du mauvais mois de mars sont assez lourdes pour le circuit des grandes surfaces spécialisées (GSS). En effet, la baisse de fréquentation due au mauvais temps n'a pas seulement affecté les ventes de végétaux d'ornement, mais également celles des autres rayons (substrats, engrais, aménagement du jardin). Dès la moindre apparition du soleil, les parkings se remplissent de nouveau, assurant une fréquentation normale. Toutefois, le nombre de jours ensoleillés est pour l'instant insuffisant pour compenser la baisse des ventes du premier trimestre, qui peut aller jusqu'à - 30 %. Les LISA (libres-services agricoles) semblent être un peu moins touchés que les jardineries, le végétal n'étant pas la seule source d'intérêt des clients. Les enseignes vont donc devoir redoubler de pertinence en termes de mise en scène, de qualité et d'originalité de l'offre sans oublier l'accompagnement du client pour remonter ce handicap avant la fin de l'année.

Dans l'ensemble, le circuit des grandes surfaces alimentaires et de bricolage (GSA-GSB) a honoré ses engagements et respecté les dates et les quantités pour les opérations programmées. Mais le taux de démarque n'étant pas encore connu, il ne semble pas que la rentabilité espérée soit au rendez-vous. Le circuit de vente des producteurs détaillants est celui qui a le moins souffert des aléas climatiques. La baisse des ventes en mars est de même ampleur que pour les autres circuits, mais la disponibilité des produits, la réactivité, l'expertise et la pertinence des conseils d'accompagnement ont permis de mieux valoriser les moindres moments de répit du côté du ciel ; bien souvent les ventes d'avril sont même meilleures que celles enregistrées l'an passé. Contrairement aux autres circuits, pour les ventes de végétaux d'ornement, les fleuristes indépendants ou d'enseigne ont été touchés à part égale par les conséquences météorologiques et économiques. La baisse du chiffre d'affaires, continue depuis le début de cette année, semble difficile à inverser. Même les évènements calendaires dédiés, comme le 1er mai, n'ont pas redynamisé le commerce.

Baisse des ventes de végétaux partout en Europe de l'Ouest

Les contraintes météorologiques et logistiques ont provoqué la baisse des ventes dans pratiquement tous les pays de l'Europe de l'Ouest, le recul enregistré va de - 15 à plus de - 30 % selon les pays et les circuits de vente. Cependant, la saison n'est pas terminée et, une fois de plus tout dépendra de la météo. Le pire à éviter étant une entrée brutale dans l'été. Pour peu que les conditions météo restent raisonnables, tout n'est pas perdu, et une partie du retard des ventes peut encore être rattrapé. Par contre, les bilans de certaines entreprises seront beaucoup plus longs à redresser...

Brand Wagenaar

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement