REGARD SUR Erica scoparia : arbrisseau des sols pauvres
Parmi nos bruyères indigènes à port arborescent, la brande ou bruyère à balais offre une floraison insignifiante, mais elle peut intéresser les sols pauvres.
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Rarement cultivée, Erica scoparia fait néanmoins l'objet d'attentions multiples, signant par sa présence nombre d'habitats naturels menacés, riches en biodiversité. Taxon protégé dans la Creuse et l'Île-de-France, sa distribution française est méditerranéo-atlantique, avec une présence à peu près continue en région méditerranéenne, dans la plus grande partie du Sud-Ouest et du Centre-Ouest, la Sologne et le sud du Massif armoricain. Elle pénètre légèrement le Morbihan, à peine l'ouest du Massif central, et évite largement le pied des Pyrénées. Elle est absente ailleurs en France, toutefois introduite dans quelques localités bretonnes et normandes.
Cet arbrisseau sempervirent, lâche mais gracieux en forme libre, se transforme en buisson compact par la taille. Avec le temps, la brande forme une souche souterraine renflée. Elle peut supporter d'être rabattue au niveau du sol, et rejette alors vigoureusement. En l'absence d'agressions, un ou plusieurs troncs tortueux se forment, portant des verticilles de rameaux verticaux et étagés. Les feuilles en courtes aiguilles sont d'un vert clair et luisant. Les fleurs petites et verdâtres forment de nombreuses capsules, parant de brun les vieux sujets en été (Erica erigena et Erica lusitanica sont plus décoratives par leur floraison). De croissance juvénile rapide, la brande atteint facilement 3 mètres. Elle dure une cinquantaine d'années, le manque de lumière provoquant sa perte.
Un arbuste de faible entretien
L'optimum écologique de la brande correspond aux sols sableux à humus de type moder ou mor, vulgairement appelé terre de bruyère. En conditions naturelles, elle se développe dans une grande diversité de stations, depuis les buttes des marais tourbeux à piment royal, jusqu'aux fourrés succédant à certaines pelouses calcicoles, en passant par de nombreux types de landes et matorrals. Ces communautés végétales se développent sur des sols avec une disponibilité minérale et une activité biologique faibles. Un cortège de champignons mycorhiziens assure la nutrition de la plante, notamment en phosphore.
À l'intérieur de son aire naturelle de distribution, la brande se satisfait donc de tout sol infertile suffisamment perméable à ses racines. L'adjonction de terreau de feuille acide bien décomposé et de sable est requise hors de cette aire. En conditions naturelles, le régime hydrique est caractérisé par un contraste saisonnier important, la brande s'avérant tolérante aux épisodes extrêmes. L'engorgement hivernal peut être prononcé, tandis que l'assèchement estival est bien supporté chez les individus installés.
Christophe Chambolle (*) et Valéry Malécot (**)
(*) Ingénieur conseil en horticulture et paysage. (**) Maître de conférences en botanique.
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