Toussaint : la bonne note de 2013

Premier constat qui s'impose : la qualité des chrysanthèmes était bonne. La météo était assez favorable, malgré quelques fortes pluies fin octobre en Normandie et dans le Nord qui n'ont pas facilité l'expédition de plantes mouillées et de quelques dégâts causés par la grêle en Rhône-Alpes. L'été très chaud avait parfois un peu accéléré le fleurissement, mais le mois de septembre moins lumineux a calmé le jeu, sauf dans le Midi où les quinze jours avant la Toussaint ont été très chauds. L'événement tombait un vendredi, ce qui laissait une plage d'action logistique facile en amont.

L'offre et la demande sont en équilibre

Pour la première fois depuis de nombreuses années, l'offre disponible est équilibrée par rapport à la demande. Les producteurs habituels ont réduit sensiblement leurs quantités, d'autres ont définitivement arrêté, et beaucoup de professionnels occasionnels ont abandonné cette culture particulièrement coûteuse en main-d'oeuvre. La diminution globale de l'offre peut être évaluée à 1/5e cette année, alors que dans le même temps la demande n'a diminué que de 2 à 3 %. Pour cette Toussaint, les principaux producteurs ont vidé leurs serres et quelques distributeurs ont eu des difficultés à se réapprovisionner selon les régions. Du coup, les ajustements de dernier moment se sont faits avec des produits en provenance de Belgique ou de Hollande. Cette année, la prime était pour ceux qui ont osé se positionner, passer des accords et prendre des risques partagés.

Les évolutions des produits

La vente des chrysanthèmes multifleurs et pomponettes s'est bien déroulée, malgré des conditions de ramassage difficiles dans le Nord en raison des fortes pluies et de quelques floraisons avancées dans le Sud pour cause de forte chaleur. On constate un glissement progressif dans l'assortiment des couleurs qui s'orientent vers les tons clairs : le blanc est passé d'une quantité minime à importante, de même que les jaunes clairs et les roses pâles, alors que les couleurs vives (orange, mauve, jaunes et roses vifs) tendent à diminuer.

La vente des chrysanthèmes à grosses fleurs (trois, quatre ou cinq têtes et plus) diminue d'année en année. Elle ne représente plus que 10 à 15 % des assortiments. Les coupes en couleurs mélangées et celles de plantes variées trouvent leur marché surtout si elles sont présentées dans un contenant valorisant, bien que le prix soit dissuasif. Cette année, les multifleurs étaient de belle qualité et une potée à 8 euros faisait autant d'effet qu'une coupe vendue 15 ou 20 euros.

Les ventes de cyclamens sont variables selon les régions. Elles sont bonnes dans le Nord-Ouest et le Sud-Est mais moins en région Centre - Pays de la Loire. Les productions étaient encore importantes au regard de la demande et les prix n'ont pas pu être revalorisés, principalement pour les pots de 14 cm. Les minicyclamens ont rencontré un meilleur succès.

Les bruyères se sont bien vendues mais également de façon variable selon les régions, malgré des coloris plus variés et des mélanges de trois ou quatre couleurs qui enregistrent une bonne demande. Pas moins de 85 % des bruyères vendues sont des Calunas et 15 % des Gracilis.

Les semaines précédant la Toussaint participent habituellement au démarrage de la saison des bisannuelles. Mais cette année, ce type de vente a connu le calme plat et les prix se sont en conséquence effondrés de manière inquiétante.

Le point de vue des producteurs...

Les quantités produites ont diminué d'année en année et ces ajustements progressifs ont permis un écoulement raisonnable en 2013, favorisé par quatre jours ouvrés avant le 1er novembre. Globalement bonne, la qualité était au rendez-vous, mais malheureusement ce n'est pas encore le cas pour la marge. Bien que très légèrement revalorisés, les prix sont à peine rémunérateurs, encore trop tirés vers le bas par beaucoup d'actions promotionnelles faites en dépit du bon sens. Cependant, le nouvel équilibre entre l'offre et la demande a permis un peu plus de résistance de la part des professionnels lors des négociations.

La préoccupation principale est maintenant de faire rentrer de l'argent. Cette Toussaint permet de poursuivre l'activité, mais elle n'a toutefois pas renforcé la situation financière des entreprises. Les problèmes récurrents de manque de trésorerie restent donc le souci majeur des producteurs tournés vers les mises en culture pour le printemps prochain. Les établissements financiers sont réticents pour alimenter les trésoreries des sociétés. Celles qui commercialisent au détail sont très satisfaites. Les ventes avaient commencé vers le 24 octobre et tout était parti le 1er novembre.

...celui des distributeurs

C'était vraiment l'année où il fallait réserver, prendre des risques, et se positionner. Le marché a proposé de bons produits. Les coupes tricolores, petits jardins en mélange et jardinières composées ont séduit les consommateurs dans la limite d'un panier moyen cependant en baisse. Les relations avec les producteurs de proximité ont été encourageantes et les réapprovisionnements parfois difficiles en raison du manque de disponible. Les fleuristes, quant à eux, ne profitent que très peu de cette période de vente, car ils s'impliquent de moins en moins dans leurs achats pour cet événement.

Brand Wagenaar