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Quel est votre diagnostic ? C'est le lixe poudreux

La larve du lixeLa larve au corps incurvé blanc rosâtre creuse une galerie dans la moelle des tiges de la plante hôte.PHOTO : CHAMBRE D'AGRICULTURE DE VENDÉE

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DÉTECTION

Les pièces buccales saillantes qui permettent à l'insecte de découper et broyer les tissus foliaires s'appellent un rostre. Cet appendice est propre au charançon. Le corps allongé et assez trapu de cette espèce, d'une longueur de 13 à 22 mm selon les individus (15 mm en général), d'aspect pulvérulent brun roux, permet d'identifier le lixe poudreux Lixus (Dilixellus) pulverulentus var. ferrugatus (ex Lixus algirus), de l'ordre des coléoptères, de la famille des curculionidés et de la sous-famille des Lixinae. L'espèce type possède un corps noir, recouvert de fins poils jaunâtres et d'une poudre jaune, tandis qu'une autre est gris blanchâtre (L. pulverulentus var. varicolor). La distribution territoriale de L. pulverulentus est relativement étendue. Ce lixe est recensé en Europe moyenne, en Angleterre, dans le bassin méditerranéen, à Madère, en Asie mineure, en Iran ou encore en Sibérie occidentale. Il est répandu et assez commun dans toute la France. On le rencontre plus facilement dans le Sud-Ouest (jusqu'en Pyrénées-Atlantiques), la vallée du Rhône, le Midi et la Corse. À noter que la forme typique jaunâtre est plus commune dans le sud de la France. En revanche, il est peu fréquent dans le Nord et le Centre. Des signalements d'entomologistes ont toutefois été enregistrés dans les départements suivants : Somme, Marne, Aube, Haute-Marne, Loiret, Yonne, Côte-d'Or, Ain. Actuellement, trente-trois espèces de Lixus sont recensées en France, notamment grâce aux travaux de l'entomologiste Christophe Compte, qui a publié en février 2011 une clé de détermination de ces charançons difficiles à distinguer entre eux à l'oeil nu. La reconnaissance est facilitée par l'utilisation d'une loupe binoculaire. Chez les Lixus, il existe peu de dimorphisme sexuel entre les individus mâles et femelles. L'espèce pulverulentus présente un corps d'aspect poudreux, comme s'il s'agissait d'une épaisse couche de pollen, mais cette pulvérulence est naturelle. Les téguments sont noirs, mais masqués par une pilosité dense, relativement uniforme. Le dessous du corps est assez densément pubescent, à points dénudés noirs, peu nombreux, assez distincts. Au niveau frontal, on note une petite fossette. Le rostre est plutôt arqué, cylindrique, légèrement renflé au niveau de l'insertion antennaire, finement ponctué-pointillé, non caréné, un quart plus long (mâle) ou moitié plus long (femelle) sur le prothorax. Celui-ci, conique, présente une base bisinuée à impression médiane profonde. Les élytres sont légèrement divergents à l'extrémité mais non terminés en pointe. Les pattes sont assez longues et le tarse élancé.

CONFUSIONS POSSIBLES

L'absence de mucus sur les feuilles rongées permet d'écarter l'attaque d'un gastéropode de type limace ou escargot. On peut également penser à l'infestation d'une chenille défoliatrice. Mais dans ce cas, les déjections sont souvent visibles sur le feuillage, de taille proportionnelle au stade de développement de la larve. En revanche, il est plus fréquent de confondre les symptômes provoqués par le lixe adulte avec les dégâts d'un autre charançon phyllophage. Parmi les espèces appréhendées en pépinière hors-sol, figure en tête l'otiorhynque. Ses principales nuisances ont lieu durant le cycle larvaire, de l'automne à la fin de l'hiver. Mais cet insecte occasionne également des échancrures foliaires au stade adulte, d'avril à septembre. Contrairement aux morsures du lixe, les feuilles dévorées accusent des encoches régulières au pourtour du limbe leur donnant un aspect crénelé. Enfin, si un lixe est observé en culture, la confusion la plus probable avec L. pulverulentus concerne Lixus vilis, dont le corps est également recouvert d'une pulvérulence dorsale rouge carminé. Cependant, ce charançon plus petit (7-12 mm) est orné d'une bande jaunâtre sur les côtés du pronotum (plaque dorsale du prothorax), associée à une zone blanche de chaque côté de l'écusson (petite plaque à la base des élytres), ainsi que des mouchetures blanches le long des élytres. C'est une espèce paléarctique vivant à tous les stades sur Erodium cicutarium (bec-de-grue à feuilles de ciguë). Lors d'un diagnostic, en cas de doute sur la détermination spécifique d'un charançon, il est possible d'adresser un échantillon à un laboratoire compétent en entomologie.

TRANSMISSION ET DÉVELOPPEMENT

Le lixe poudreux est un insecte polyphage, occasionnel ou rare sur les Photinia en pépinières d'ornement. On le rencontre surtout au stade adulte, du début du printemps à la fin de l'été, sur diverses astéracées : cirse des marais (Cirsium palustre), cirse des champs appelé chardon des champs (Cirsium arvense), chardon-Marie (Silybum marianum), et centaurée noire (Centaurea nigra) dans les Hautes-Pyrénées. Il colonise également les fèves et féveroles (Vicia faba) sur lesquelles il exerce parfois d'importants ravages en dévorant les feuilles, les fleurs, puis les tiges au stade larvaire. Dans les régions méridionales (Alpes-Maritimes, Var), il vit sur la mauve des bois (Malva sylvestris). Cet insecte produit deux générations en France, trois en Algérie et dans les autres régions chaudes. L'imago apparaît de mars à mai, puis de juillet à septembre suivant les zones géoclimatiques. Après l'accouplement, les femelles fécondées utilisent leur rostre pour creuser des trous dans les tissus de la tige afin d'y déposer leurs oeufs. Les larves ont un corps incurvé blanc légèrement rosâtre, sont apodes et possèdent une tête brune. Elles creusent des galeries dans la moelle des tiges de malvacées non arborescentes : mauve des bois, rose trémière (Althaea rosea), et dans celles des fèves et féveroles ; ce qui provoque un flétrissement de la plante hôte. La nymphose a lieu au terme du développement larvaire, puis un imago apparaît. C'est à ce stade adulte qu'hivernent les individus de deuxième génération.

Par Jérôme Jullien, expert horticole

La larve du lixeLa larve au corps incurvé blanc rosâtre creuse une galerie dans la moelle des tiges de la plante hôte.

PHOTO : CHAMBRE D'AGRICULTURE DE VENDÉE

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