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Le pélargonium

La maîtrise phytosanitaire du pélargonium demande un respect des exigences culturales et une surveillance attentive dès la multiplication.

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PORTRAIT DE LA PLANT

Le pélargonium appartient à la famille des Géraniacées. Appelé couramment « géranium », c'est un genre botanique différent, originaire d'Afrique du Sud. De nombreux pélargoniums sont produits par bouturage, mais également par semis. Les principales sélections horticoles, bien ramifiées, très florifères aux coloris variés, sont des hybrides, notamment : P. zonale et P. x hortorum au port droit avec feuilles et tiges tomenteuses ; P. x hederaefolium (= P. peltatum, géranium-lierre, géranium des balcons) au port retombant avec feuilles et tiges coriaces, glabres et brillantes ; P. x domesticum (= P. grandiflorum, pélargonium des fleuristes) à grosses fleurs souvent bicolores et feuilles à bords dentés. La gamme des pélargoniums s'étend à des formes naines ou miniatures, à des variétés aux feuillages panachés, ainsi qu'à des espèces à feuilles odorantes appelées « géraniums odorants ».

Le pélargonium requiert un substrat bien drainé, fertile, affichant un taux d'argile de 15 à 20 % et un pH acide compris entre 5,8 à 6,6. Une exposition très lumineuse ou en plein soleil dans les jardins est idéale, y compris en vasque ou suspension. L'irrigation est localisée sur les pieds-mères, mais effectuée par aspersion aux autres stades de la production. Fertiliser sans à-coup, selon la température de la serre, le stade phénologique de la culture et la fréquence des arrosages. Lors d'une analyse de substrat, observer une EC (électroconductivité) de 1 à 1,5. Au cours des quatorze jours consécutifs au rempotage, la température du substrat doit être supérieure à 16 °C (optimum 18 °C), la température ambiante pouvant descendre à 12 °C.

SENSIBILITÉS ENVIRONNEMENTALES

Le pélargonium craint le gel dans les jardins à partir de - 5 °C. Certaines espèces sensibles peuvent se nécroser à la suite de gelées blanches. Quelques stress physiologiques peuvent altérer l'apparence et la vitalité des plants. En serre, l'enrichissement de l'air en CO2 permet de limiter ces phénomènes. L'oedème se traduit par une rétention anormale d'eau au niveau des feuilles, notamment à la suite d'un arrosage à l'eau froide par températures élevées, ou par temps frais en présence d'un substrat très humide ou d'écarts d'hygrométrie. Les cellules végétales gonflent, éclatent et forment de petites pustules translucides au niveau du limbe, parfois des pétioles et des tiges. Les pélargoniums issus de semis y sont peu sensibles. Les carences nutritives (azote, potassium, magnésium, fer, bore) sont assez communes sur les feuilles basses des pieds-mères et sur les potées fleuries en période estivale. Des apports d'engrais sont possibles dès l'observation des premiers symptômes. Par exemple, contre la chlorose ferrique, apporter des chélates de fer de l'acide EDDHA. Si le pH est trop bas ( à < 5,8), on peut constater à l'inverse une toxicité en éléments mineurs, en particulier le fer et le manganèse sur des variétés sensibles issues de semis ou de P. zonale dès que le pH est de 5,6 ou 5,7. Les tissus atteints s'assombrissent, puis se nécrosent entre les nervures.

GRANDES AFFECTIONS PARASITAIRES

Le pélargonium est sensible à plusieurs maladies et ravageurs, principalement rencontrés en serre. La lutte préventive est nécessaire contre les pathogènes, y compris ceux disséminés par des insectes vecteurs comme les thrips.

Affections des parties inférieures : collet, tubercule, racines

La pourriture brune du collet et des racines, pied noir ou fonte des semis (Pythium splendens) peut sévir dès le bouturage et se disséminer dans une unité de production via le circuit d'irrigation. Les tiges et les feuilles basses brunissent à la suite d'une incubation qui dure de huit jours à plusieurs semaines selon les températures. Les symptômes peuvent évoquer un défaut d'arrosage. Le coeur des racines reste intact, tandis que l'épiderme se défait facilement entre les doigts. Assez semblable, la pourriture des racines (Phytophthora sp.) s'attaque à tous les stades de la production. Les racines se nécrosent, le collet pourrit et le feuillage dépérit. Limiter la fertilisation en période de canicule ou de sécheresse et fractionner l'irrigation. En cas de risque, traiter le substrat avec un produit autorisé à base de propamocarbe HCl, méfénoxam ou diméthomorphe. Contrairement à ces pourritures humides colonisant le système vasculaire, le rhizoctone brun (Rhizoctonia solani) provoque une nécrose sèche encerclant les tissus, à l'origine d'un jaunissement des feuilles et pétioles. Sous loupe binoculaire, on observe du mycélium et des petits nodules bruns, durs et irréguliers de 1 à 3 mm de diamètre appelés pseudosclérotes. La verticilliose (Verticillium dahliae, V. albo-atrum) est rare en culture horssol. Ce champignon tellurique infecte les racines, puis les tissus vasculaires, entraînant un flétrissement des parties aériennes en quelques jours. La galle bactérienne du collet et des racines ou crowngall (Agrobacterium tumefaciens) développe des excroissances mamelonnées sur les racines, le collet, et parfois, à la base des tiges, spécialement en cas de blessure, stress physiologique, sécheresse, excès d'eau ou chignon racinaire. La nutrition et la croissance des plants peuvent être perturbées. Pour éviter la dissémination de ces maladies des parties inférieures, supprimer rapidement toute plante atteinte et aseptiser leur emplacement avec un biocide autorisé en serre. Effectuer un vide sanitaire entre deux cultures sensibles, en éliminant tous les résidus organiques. Désinfecter les substrats recyclés.

Affections des parties supérieures : fleurs, feuilles, pousses, tiges

La pourriture grise (Botrytis cinerea) contamine les tissus blessés ou sénescents par temps couvert, humide et frais, à partir des résidus organiques conservant le champignon à l'état saprophyte. Elle se propage ensuite aux feuilles. Les boutons floraux avortent, les fleurs se momifient et les tiges pourrissent. Éviter le compactage du substrat et les arrosages excessifs. Si les mesures prophylactiques comme le nettoyage et la désinfection des serres, l'aération et le distançage des potées ne suffisent pas à limiter le risque, pulvériser un fongicide préventif à base de cyprodinyl + fludioxonil, iprodione ou pyriméthanil.

La rouille (Puccinia pelargonii- zonalis) produit des pustules brun rougeâtre au revers des feuilles, en présence d'une forte hygrométrie et de températures comprises entre 10 et 30 °C. La face supérieure des feuilles devient vert clair à jaune. Les P. zonale sensibles peuvent accuser des nécroses de tige et des défoliations importantes. La thermothérapie permet de détruire le champignon. Exposer les plantes 48 heures à des températures supérieures à 38 °C, en atmosphère saturée. L'alternariose (Alternaria tenuis) se rencontre principalement sur P. hederaefolium. Les petites taches translucides (1 mm), d'aspect huileux, apparaissent surtout au revers des vieilles feuilles, puis progressent vers les étages foliaires supérieurs en formant des macules brunes (2-3 mm). Ces auréoles aux contours irréguliers s'élargissent (6-10 mm), se dessèchent, mais sont toujours délimitées par les nervures. Les variétés sensibles risquent une défoliation. Traiter préventivement les deux maladies avec du mancozèbe (contact), myclobutanil, difénoconazole, azoxystrobine ou trifloxystrobine + tébuconazole (pénétrant et/ou systémique). La bactériose du pélargonium (Xanthomonas hortorum pv. pelargonii) est peu fréquente, mais grave sur les pieds-mères, car cette maladie vasculaire, parfois latente et asymptomatique, contamine les boutures. On observe d'abord des taches foliaires noirâtres et des lésions cernées d'un halo jaunâtre translucide. Puis les pétioles brunissent et expriment des chancres longitudinaux d'aspect graisseux. En coupant un organe malade, on détecte un exsudat jaunâtre. La pourriture brune des solanacées (Ralstonia solanacearum), organisme nuisible de quarantaine, peut s'attaquer au pélargonium. La fasciation du pélargonium (Corynebacterium [= Rhodococcus] fascians), rare en production, est causée par une bactérie qui se conserve dans le sol pendant cinq ans et serait transmise par des nématodes. Les plantes déformées, invendables, ne peuvent plus servir de piedmère. Les virus s'attaquant au pélargonium sont nombreux (PLCV, PFBV, PeRSV, PZSV, PelRSV, PLPV, CMV, TRSV, TBRV...), plus ou moins nuisibles. Les viroses sont favorisées par la multiplication végétative ou des insectes (thrips, pucerons) vecteurs. Les virus de la maladie bronzée de la tomate (TSWV), des taches nécrotiques de l'Impatiens (INSV), et des taches chlorotiques en anneaux de la tomate (TomRSV) sont réglementés de lutte obligatoire dans l'Union européenne. La culture de méristèmes permet l'obtention de plantes saines. Par ailleurs, pour prévenir les maladies graves (verticilliose, bactérioses, viroses), la France dispose d'une méthode de certification officielle des piedsmères et des boutures de pélargonium. Un arrêté ministériel a été publié le 23 octobre 2007 pour homologuer le règlement technique correspondant.

Les principaux ravageurs du pélargonium sont : les pucerons (Acyrthosiphon pelargonii, Aulacorthum solani, Macrosiphum euphorbiae, Myzus persicae), les thrips (surtout Frankliniella occidentalis en serre, dès le début de floraison des variétés à fleurs doubles), les aleurodes (Bemisia tabaci, Trialeurodes vaporariorum), le brun ou lycène du pélargonium (Cacyreus marshalli), les noctuelles défoliatrices (Autographa gamma, Phlogophora meticulosa), la tordeuse européenne de l'oeillet (Cacoecimorpha pronubana), Duponchelia fovealis, la tenthrède du pélargonium (Ametastegia [= Protemphytus] carpini ; fausse-chenille, insensible au produit Bacillus thuringiensis), les acariens phytophages (Tetranychus urticae, Tarsonemus pallidus, Polyphagotarsonemus latus, principalement sur P. hederaefolium), les mouches noires des terreaux (Sciara sp., Bradysia sp., sur boutures en cours d'enracinement ; favorisent les maladies racinaires). La protection biologique et intégrée (PBI) offre aux producteurs, notamment de pieds-mères, des méthodes de lutte valorisant les solutions alternatives aux traitements chimiques : prophylaxie, mesures culturales, voiles insect-proof au niveau des ouvertures, piégeage, auxiliaires biologiques.

Jérôme Jullien

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