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Le rosier

PHOTO : JÉRÔME JULLIEN

Le rosier exprime une sensibilité génétique aux maladies foliaires et toutes les variétés peuvent héberger des pucerons. La fréquence et l'intensité des autres bioagresseurs dépendent surtout de la conduite et du milieu de culture.

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PORTRAIT DE LA PLANTE

Le genre Rosa (famille des rosacées) offre une gamme d'espèces, variétés et cultivars très étendue. Les types et ports sont variés : sarmenteux ou non, remontant ou non, arbustif à fleurs groupées ou à grandes fleurs, botanique (variétés anciennes), buisson à grandes fleurs (hybride de thé), polyantha, à fleurs groupées (floribunda), grimpant, tigette, pleureur, liane, nain ou miniature, paysager couvre-sol. Les professionnels cultivent le rosier dans différents milieux selon ses exigences et sa destination : abri chauffé ou non, plein air ; culture hydroponique, bacs ou pleine terre...

SENSIBILITÉS ENVIRONNEMENTALES

En cas de mauvaise exposition, les tiges s'étiolent, risquent des gélivures, les feuilles pâlissent et la floraison est moins abondante. La chlorose ferrique est marquée par un jaunissement du limbe foliaire entre les nervures. Elle révèle une carence nutritive en fer en sol alcalin (pH > 7,5). L'excès d'eau expose le rosier aux asphyxies et pourritures racinaires. Le gel peut nécroser les tissus des variétés sensibles, des sujets mal aoûtés ou forcés sous abri, surtout en fin d'hiver à partir de - 10 °C. En zone maritime, le sel des embruns ou des terres littorales affecte la végétation. Cependant, des variétés comme Rosa rugosa le tolèrent. En production comme en espaces verts, les phytotoxicités sont à craindre : rabougrissement des pousses, décoloration des tiges et des feuilles, déformation et dessèchement du limbe. En cas d'intoxication sévère, le rosier dépérit. Lorsque de tels symptômes apparaissent dès le débourrement en l'absence de traitement, il peut s'agir d'un stress physiologique marqué, lorsque les nuits sont fraîches et les journées ensoleillées. Ce phénomène peut atténuer les barrières de défense naturelle au profit de maladies comme le chancre des tiges.

GRANDES AFFECTIONS PARASITAIRES

Les risques parasitaires du rosier diffèrent selon les variétés, la conduite et le milieu de culture. La fréquence et la gravité des maladies et ravageurs varient donc en production de fleurs coupées, en pépinière et en espaces verts.

Affections des parties inférieures : collet, tubercule, racines

La galle du collet et des racines ou crown-gall (Agrobacterium tumefaciens) forme des tumeurs bactériennes souvent arrondies et à surface rugueuse. Plus rarement, la galle chevelue (Agrobacterium rhizogenes) entraîne une production anarchique de racines et des nodules. La verticilliose (Verticillium dahliae), causée par un champignon du sol, provoque une nécrose des tissus vasculaires et un dépérissement. En terrain hydromorphe, l'armillaire couleur-de-miel (Armillaria mellea) peut induire un pourridié racinaire avec des palmettes mycéliennes sous-corticales et des carpophores globuleux, convexes et mamelonnés, mesurant 3-15 cm. Les terres très sablonneuses favorisent les attaques des nématodes des lésions racinaires (Pratylenchus vulnus, P. penetrans, P. crenatus, Rotylenchus sp.), notamment dans le sud de la France. Les racines atteintes sont effilées et peu fonctionnelles. Les nématodes à galles (Meloidogyne hapla, M. arenaria) provoquent des nodules évoluant en pourriture. Les nématodes ectoparasites (Criconemoides sp., Criconema sp.) nuisent surtout par leur pouvoir virulifère. En pépinière hors-sol et dans certains jardins, l'otiorhynque de la vigne (Otiorhynchus sulcatus) est un redoutable ravageur qui ronge les racines au stade larvaire. Les plants infestés sont chétifs, puis dépérissent. Plus rarement, des jeunes plants sont attaqués par la chenille terricole ou le « ver gris » de la noctuelle des moissons (Agrotis segetum).

Affections des parties supérieures : fleurs, feuilles, pousses, tiges

La maladie des taches noires du rosier (Marssonina rosae) est la plus fréquente en espaces verts et l'une des plus nuisibles, car elle affecte les variétés sensibles, dès le mois de mai, sous forme de taches arrondies violacées puis noires, entraînant une défeuillaison prématurée. Des rameaux peuvent en dépérir. L'oïdium (Sphaerotheca pannosa var. rosae) est également très préjudiciable aux variétés sensibles dans la mesure où il infecte l'ensemble des organes aériens. Dès le printemps, des taches poudreuses blanches, puis des coussinets grisâtres, causent une dessiccation des tissus. La rosée, le confinement de végétation et le vent lui sont favorables. La rouille (Phragmidium disciflorum, P. mucronatum) effectue son cycle complet sur le rosier et se conserve sur les feuilles mortes. Elle s'exprime au printemps à la face inférieure des feuilles sous forme de pustules orangées, puis brunes, et provoque une chute précoce du feuillage. Moins fréquente et moins grave, l'anthracnose du rosier (Sphaceloma rosarum) produit de petites auréoles noires au centre clair. Le mildiou du rosier (Peronospora sparsa) peut sévir sous abri, plus rarement en extérieur. La face supérieure du limbe présente des taches sombres d'aspect huileux à proximité des nervures et des liserés violacés sur le bord. Le revers est tapissé d'un léger duvet gris clair. Le feuillage atteint flétrit, chute, les boutons avortent et les fleurs fanent. Parfois, des lésions chancreuses apparaissent sur les tiges. La pourriture grise (Botrytis cinerea) se développe en serre sur les pièces florales et les plaies de taille. Les boutons infectés avortent, les pétales se ponctuent de petites taches blanc gris, puis fanent et se momifient. En présence d'humidité, les organes atteints se recouvrent d'un feutrage grisâtre. Le chancre des tiges (Botryosphaeria dothidea, Coniothyrium fuckelii, Coryneum microstictum, Macrophoma sp.) peut entraîner la mort d'un plant. L'infection débute, en général, au niveau d'une plaie de taille dès la fin d'hiver. Des plages brun foncé ou noirâtres finissent par entourer les tiges sur 20 cm de long. Sous l'écorce plissée, maculée de petites fructifications noirâtres, on aperçoit des nécroses du bois plus ou moins profondes. Le dépérissement évolue en direction du porte-greffe. En pépinière ou en jardinerie, cette maladie fongique peut se développer sur des plantes stockées (jauge, frigo) ou cultivées sous abri, après un empotage en conteneur dans l'objectif d'une vente au printemps. Quelques maladies à virus de gravité variable s'en prennent au rosier. Le Rose Wilt Virus produit une excroissance des bourgeons en forme de rosette, un développement anarchique des bourgeons axillaires, uniquement sur Rosa multiflora. Un sujet atteint peut mourir au bout de trois ans. Parmi les divers virus responsables de mosaïques foliaires, les nepovirus ArMV et SLRSV sont transmis par des nématodes du sol, notamment Xiphinema diversicaudatum. La contamination induit une réduction florale, un jaunissement de limbe, des marbrures, des arabesques et un éclaircissement des nervures, que l'on peut confondre avec une carence nutritive. Les piqûres du tétranyque tisserand (Tetranychus urticae) altèrent le feuillage. À la face inférieure des feuilles, on distingue des toiles fines le long des nervures qui abritent des oeufs et de minuscules acariens jaunes, devenant rougeâtres en été. Les pucerons du rosier (Macrosiphum rosae, Maculolachnus submacula, Mysaphis rosarum) sont fréquents du printemps à l'été. De formes et de couleurs variables selon les espèces, ils sucent la sève au préjudice de la croissance, produisent du miellat et favorisent la fumagine. Autres homoptères, les aleurodes (Bemisia tabaci, Trialeurodes vaporariorum) affectionnent les serres et nuisent également à la vitalité. Dans les mêmes milieux de culture, les thrips (Frankliniella occidentalis, Thrips fuscipennis), de forme allongée aux ailes étroites et frangées, dépigmentent les tissus. D'autres insectes piqueurs colonisent le rosier, mais en extérieur. Certains au niveau des feuilles comme des cicadelles – cicadelle du rosier (Edwardsiana rosae), aphrophore écumeuse (Philaenus spumarius) responsable de « crachats de coucou » peu graves – et des cynips – cynips galle-en-perle (Diplolepis eglanteriae). D'autres au niveau des tiges telles que les cochenilles : cochenille du rosier (Aulacaspis rosae), cochenille virgule du pommier (Lepidosaphes ulmi), cochenille lécanine du cornouiller (Eulecanium corni), cochenille à carapace du noisetier (Eulecanium coryli), cochenille australienne (Icerya purchasi). Lorsqu'elles pullulent, les cochenilles provoquent des dépérissements de tiges et de rameaux. Diverses larves défoliatrices consomment les boutons floraux, les bourgeons et/ou le feuillage : des chenilles vraies de lépidoptères (tordeuses, hibernie défeuillante, cidarie dérivée, cidarie fauve, noctuelle verte ou pyramide, bombyx cul-doré, bombyx cul-brun) ; des fausses-chenilles d'hyménoptères (tenthrèdes défeuillantes, tenthrède cigarière). Certaines chenilles vivent en mineuse dans les tissus foliaires : mineuse des feuilles lépidoptère (Stigmella anomalella) ; tenthrèdesmineuses des pousses (Ardis brunniventris, A. sulcata, Cladardis elongatula). En lutte biologique, la confusion de ces différentes larves compromet l'efficacité du Bacillus thuringiensis. L'abeille couturière (Megachile centuncularis) effectue des découpes circulaires de folioles, le hanneton commun (Melolontha melolontha) ronge des boutons floraux, la cétoine dorée (Cetonia aurata), la cétoine grise (Oxythyrea funesta) et le charançon du rosier (Barynotus obscurus) consomment occasionnellement les fleurs. Au niveau des pièces florales, il convient également de retenir la cécidomyie des boutons (Clinodiplosis rosiperda), l'anthonome du framboisier (Anthonomus rubi) et le cynips du rosier ou bédégar (Diplolepis rosae). Les plus importants insectes xylophages sur le rosier sont des coléoptères buprestidés : bupreste du rosier (Coroebus rubi), agrile du poirier (Agrilus sinuatus). Ces insectes méridionaux forent des galeries en spirale dans l'aubier, des racines jusqu'à la base des tiges. Les larves blanchâtres ont une tête en forme de massue.

Jérôme Jullien

L'anthracnose du rosier (auréoles noires au centre clair) est moins fréquente et moins grave que la rouille du rosier.

PHOTO : JÉRÔME JULLIEN

Des symptômes de phytotoxicité peuvent survenir suite à un traitement réalisé par températures supérieures à 28 °C, inférieures à 5 °C ou par une forte amplitude thermique entre le jour et la nuit.

PHOTO : JÉRÔME JULLIEN

Le mildiou du rosier (Peronospora sparsa) peut sévir sous abri, plus rarement en extérieur. Il apparaît en conditions humides à une température de 15 à 20 °C.

PHOTO : FREDON NORD-PAS-DE-CALAIS

Le chancre des tiges du rosier (ici Coniothyrium fuckelii) peut entraîner la mort d'un plant.

PHOTO : JÉRÔME JULLIEN

Le stress physiologique lors du débourrement peut retarder la floraison et atténuer les barrières de défense naturelle au profit de certaines maladies.

PHOTO : JÉRÔME JULLIEN

Tenthrèdes défeuillantes du rosier.

PHOTO : JÉRÔME JULLIEN

Le cynips du rosier engendre des galles chevelues, vertes puis rouges, contenant des petites larves, plus spectaculaires que graves.

PHOTO : JÉRÔME JULLIEN

Le tétranyque tisserand (Tetranychus urticae) se développe par temps chaud et sec.

PHOTO : SRAL DES PAYS DE LA LOIRE

Dépérissement d'un rosier dû aux cochenilles.

PHOTO : JÉRÔME JULLIEN

La galle bactérienne du collet ou crown-gall pénalise plus ou moins la croissance selon la vigueur du portegreffe.

PHOTO : JÉRÔME JULLIEN

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