Phytosanitaires Palmiers : faut-il s'appuyer sur l'espoir venu des îles ?
Le colloque de l'AFPP, à Nice, a permis de rapporter le succès d'un plan de lutte contre le charançon rouge aux Canaries. Un exemple pour la France...
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Du 16 au 18 janvier 2013 s'est tenu, à Nice, le colloque méditerranéen sur les ravageurs des palmiers organisé par l'AFPP (*) et ses partenaires. Une manifestation à caractère international ayant réuni une quinzaine de pays et plus de deux cents personnes (chercheurs, techniciens et élus) autour d'une problématique qui ne cesse de prendre de l'ampleur sur le territoire français.
Le charançon banni des Canaries
Le papillon argentin et le charançon rouge – découverts sur le territoire national en 2001 et 2006 –, sont des ravageurs des palmiers causant de plus en plus de dégâts sur la Côte d'Azur et en Languedoc-Roussillon. L'intérêt de ce colloque a été d'aborder ce sujet avec une vision très large, en portant un regard sur ce qui se fait hors de nos frontières et en présentant des résultats à la fois sur le plan scientifique (biologie des ravageurs, anatomie des palmiers, impact des traitements), technique (stratégies de lutte, nouvelles pistes), économique (impacts directs et indirects) et réglementaire (en France et en Europe). L'intervention de chercheurs et de gestionnaires venus d'Italie, d'Espagne, de Grèce ou d'Israël a permis notamment de prendre connaissance de pistes intéressantes sur le plan de la détection précoce des symptômes, des traitements, mais aussi de la gestion « politique » du problème, à l'image de ce qui a été présenté par les îles Canaries.
Dans cette province espagnole, le gouvernement local a pris la question à bras-le-corps, avec des mesures de lutte et de surveillance très strictes sur le domaine public et privé, une réglementation interdisant l'importation de palmiers le temps que le contrôle du charançon soit achevé, des actions de formation et de sensibilisation pour les gestionnaires des collectivités et la population. Ce plan d'actions a été couronné de succès puisque la population de charançons a été réduite à quasi néant en cinq ans ! La situation insulaire a constitué un atout indéniable sans oublier les moyens mis en oeuvre par les élus et la très forte implication des habitants pour le domaine privé. Un point sur lequel les citoyens de l'Hexagone auraient sans aucun doute des leçons à prendre…
Sur le plan des techniques de lutte, de vifs débats ont eu lieu concernant l'endothérapie, – actuellement en phase de tests sur le terrain en France –, et la taille sanitaire qui consiste à supprimer entièrement le houppier du sujet. Cette dernière solution n'est pas sans conséquences : épuisement des réserves et impact vis-à-vis de la tenue mécanique.
Peut-on espérer sauver les palmiers du sud de la France ? Les professionnels cherchent des solutions adaptées au contexte urbain. Les gestionnaires essaient de ralentir la progression des ravageurs. Et les élus espèrent et tentent de peser auprès des pouvoirs publics…
Mais au-delà, la vraie question est : « Faut-il sauver tous les palmiers, au regard de la difficulté à trouver des techniques de lutte efficaces, respectueuses de l'environnement et des hommes, des coûts engendrés par la surveillance, de la prévention et de l'élimination des sujets infestés, et du contexte économique actuel ? »
Yaël Haddad
(*) Association française de protection des plantes.
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