« Mon entreprise est représentative des horticulteurs qui font de tout »
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Le 4 janvier 2013, j'ai reçu les horticulteurs sarthois dans mon entreprise pour une rencontre avec Stéphane Le Foll, ministre de l'Agriculture, en présence du préfet de la Sarthe, de notre députée et du maire de la commune (NDLR : voir le Lien horticole n° 827 du 23 janvier 2013). Mon entreprise est représentative des horticulteurs qui cultivent de tout, en petite quantité. Je suis conscient que je ne représente pas, à moi seul, l'ensemble de la filière. Aussi, j'ai présenté à notre ministre de tutelle un confrère angevin qui dirige une grande entreprise avec une production de niveau industriel. Ceci a permis d'avoir une image plus juste de notre métier.
Tout d'abord, le ministre nous a fait part de son attention pour la profession. Il a reconnu l'investissement manuel important qu'elle requière, son intérêt en qualité de pourvoyeur d'emplois, et qu'il s'agit d'un secteur fragile demandant de la vigilance. Les horticulteurs ont pu exprimer leur grande difficulté à vivre, ou survivre, dans un contexte où la production française est menacée très durement par les productions étrangères. Par ailleurs, l'horticulture souffre d'une non-reconnaissance par l'agriculture, et notre métier s'avère peu attractif vis-à-vis des jeunes en raison de son faible niveau de revenu pour un nombre d'heures de travail important.
Nous avons besoin de valoriser nos produits et de trouver des voies de distribution. Toutefois, nous faisons le constat de notre manque de communication !
Le 24 janvier 2013, avec Joël Lemaitre, pépiniériste à Carquefou (44), nous avons organisé une rencontre réunissant des horticulteurs des Pays de la Loire. Nous avons pris conscience qu'il est vital de mieux nous faire connaître et entendre auprès du public et des politiques. Chaque horticulteur de France doit agir. Chacun est invité à prendre contact avec le député de sa circonscription pour lui expliquer les préoccupations de notre profession, nos difficultés, et l'inviter à reconsidérer la hausse de TVA prévue en 2014. Nous ne pouvons déjà pas augmenter nos prix en cette période de crise. Nos marges sont minimes. L'achat d'un végétal n'est pas prioritaire pour le client, même s'il contribue à la qualité de son environnement, et nous sommes tributaires des conditions climatiques. Dans ce contexte, nous ne voulons pas endosser le rôle de collecteur d'impôt à travers une augmentation de la TVA, qui pénaliserait encore plus nos entreprises. Je sais que ma démarche en étonnera certains, sachant que des établissements horticoles, heureusement, fonctionnent bien. Mais depuis cette rencontre avec le ministre, j'ai reçu de nombreux témoignages de professionnels en difficulté. J'ai appris la cessation d'activité de confrères pourtant mieux équipés que moi, et dont on pouvait penser qu'ils n'étaient pas concernés par cette crise.
Mon métier est ma passion depuis plus de trente ans. Mais aujourd'hui, j'ai une peur indicible de ne plus être horticulteur l'année prochaine, happé par une crise dont je ne suis pas responsable. Le temps est morose, les clients sont moroses, l'actualité est morose... On a la chance d'avoir un produit qui induit de la bonne humeur, qui donne de la couleur au jardin et fait entrer le soleil dans nos maisons. Nous produisons sur le sol français. Nous avons de bonnes cartes à jouer et à défendre vis-à-vis des productions étrangères, dans le souci du respect du développement durable. Nous suivons en ce sens l'encouragement du ministre Montebourg à produire et à consommer français. La pose de panneaux spécifiques « Production française », dont nous aurions la charge de la mise en place, serait la bienvenue pour informer les clients sur l'origine de leurs achats et, par exemple, inciter les communes à consommer local.
Les horticulteurs français sont pourvoyeurs d'emplois, même peu qualifiés, préoccupation si chère à notre gouvernement. Je m'interroge d'ailleurs sur l'arrivée de main-d'oeuvre polonaise qui pourrait nuire à la concurrence. Nos élèves horticulteurs devront-ils aussi travailler au rabais ?
Monsieur le ministre, nous aurions apprécié que vous visitiez le Salon du végétal pour vous rendre compte que les horticulteurs débordent d'imagination et qu'ils ont besoin de votre soutien pour mener à bien leurs actions. Nous sommes à votre entière disposition pour fixer un rendez-vous...
PAR PATRICK PLESSIS, HORTICULTEUR À SAINT-SATURNIN (72)
Pour accéder à l'ensembles nos offres :