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Phytosanitaires. Thiaméthoxam et imidaclopride interdits d'usage fin 2013

Les néonicotinoïdes sont reconnus dangereux pour l'environnement, classés au plan écotoxicologique vis-à-vis de certains organismes aquatiques et insectes pollinisateurs, dont les abeilles.

L'usage de plusieurs substances actives de la famille des néonicotinoïdes sera restreint dans toute l'Union européenne dès le 1er décembre.

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Le 24 mai, la Commission européenne (CE) a décidé de restreindre l'utilisation de trois substances actives appartenant à la famille des néonicotinoïdes : le thiaméthoxam, l'imidaclopride et la clothianidine. Cette mesure s'inscrit dans la stratégie globale adoptée par la CE pour lutter contre le déclin des populations d'abeilles en Europe. Les restrictions entreront en vigueur le 1er décembre 2013. Les États membres doivent retirer ou modifier les autorisations existantes d'ici le 30 septembre 2013. Néanmoins, ils peuvent accepter l'utilisation des stocks jusqu'au 30 novembre au plus tard. Les autorités nationales sont responsables du respect des restrictions. Dès que de nouvelles informations seront disponibles, et au plus tard dans les deux ans, la CE réexaminera les restrictions adoptées pour tenir compte des évolutions intervenues dans le domaine scientifique et technique.

Champ d'application des restrictions

Ces restrictions s'appliquent à l'utilisation des trois néonicotinoïdes pour le traitement des semences, l'application au sol (en granulés) et le traitement foliaire des végétaux. Les utilisations autorisées restantes seront réservées aux professionnels. Les exceptions seront limitées à la possibilité de traiter les cultures attrayantes pour les abeilles sous serre, ainsi que dans des champs en plein air après la floraison uniquement.

« Sur le plan phytosanitaire, le retrait du marché de ces molécules réduit la gamme d'insecticides neurotoxiques, à mode de diffusion systémique dans les végétaux d'ornement (à l'abri du lessivage), notamment utilisés contre des insectes piqueurs-suceurs et des coléoptères nuisibles aux cultures », remarque Jérôme Jullien, expert phytosanitaire pour le ministère de l'Agriculture (DGAL-SDQPV). Ces produits, efficaces à faible dose s'ils sont appliqués en flux de sève actif, détruisent de nombreux insectes-cibles (ravageurs), mais également non cibles.

Impact en production ornementale et espaces verts

« Plusieurs spécialités commerciales relatives au thiaméthoxam se trouvent actuellement dans les catégories d'usage phytosanitaire : “Arbres et arbustes d'ornement-traitement des parties aériennes-ravageurs divers” et “Toutes espèces florales-ravageurs divers”. On retrouve aussi cette substance pour de nombreux usages spécifiques : arbres et arbustes d'ornement (otiorhynque en traitement du sol, pucerons en traitement du sol, cochenilles des parties aériennes, pucerons des parties aériennes), chrysanthème (pucerons des parties aériennes, thrips), cultures florales diverses (pucerons, mouches noires des terreaux, aleurodes, cochenilles, mouches mineuses, noctuelles défoliatrices, pucerons, thrips), rosier (pucerons, aleurodes, tenthrèdes, thrips). L'imidaclopride se retrouve dans quelques catégories d'usage relatives aux plantes d'ornement ou forestières : rosier (pucerons des parties aériennes), pin (grand charançon ou hylobe), forêts (insectes xylophages, ravageurs des tiges des jeunes plants, insectes du sol) », poursuit Jérôme Jullien. La clothianidine n'a aucun usage autorisé en cultures ornementales ou espaces verts.

Molécules de substitution

« Dans la même famille des néonicotinoïdes, il reste sur le marché l'acétamipride. On peut noter, par ailleurs, l'intérêt de l'abamectine (produit translaminaire à l'abri du lessivage) utilisable pour la lutte contre les ravageurs divers des arbres et arbustes d'ornement. Pour la lutte contre les insectes forestiers, certaines pyréthrinoïdes de synthèse sont parfois disponibles. Le retrait du marché de néonicotinoïdes reconnus dangereux pour l'environnement peut favoriser la prise de conscience des professionnels vis-à-vis des risques écotoxicologiques, et entraîner par voie de conséquence la mise en oeuvre de méthodes alternatives », conclut l'expert phytosanitaire.

Valérie Vidril

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