Jardin. L'exotisme des Petits-Prés décroche la palme

Organisé par la Société nationale d'horticulture de France, le prix Bonpland a été créé pour faire découvrir des jardins exemplaires. Cette année, il a récompensé un lieu qui ne ressemble vraiment à aucun autre. Situé à Cézy (89), près de Sens, cet espace remarquable et original est né du travail de titan de Thierry Floreau, son propriétaire.

Lorsque vous arrivez sur place, vous levez la tête en passant sous les feuilles des bananiers, sous les cannes à sucre vertes ou rouges qui ondulent au vent ; les agaves bleues ont des feuilles épaisses comme un bras qui vous dominent ; et bien d'autres plantes exotiques et fragiles qu'on ne rencontre généralement que dans des serres chauffées l'hiver ou sous les tropiques s'épanouissent !

Plus de 400 sujets déplantés pour l'hiver

Et pourtant vous êtes à une heure quarante de Paris dans un superbe jardin en plein air. Depuis dix ans, Thierry Floreau y plante et déplante des sujets sensibles au froid qui représentent la moitié des végétaux qui couvrent ce terrain d'environ 1 500 m2. Ils ne sont pas en pot... mais en pleine terre. « Tous les ans à partir de fin octobre, je déplante plus de 400 sujets, seul et sans outil n'ayant qu'une tondeuse pour le gazon. »

Cactus, bananiers de plusieurs mètres, touffes de canne à sucre, agaves hostiles et piquantes, Alocasia, Colocasia, Phormiums, etc., sont arrachés, mis en container avec du terreau de récupération, transportés (pour les plus grands) dans une serre mise à disposition par les co-gérants du Gaec Baron, à Joigny (89), où Thierry Floreau est par ailleurs responsable des cultures.

Jusqu'à 23 heures dans le jardin pour planter !

Tout ce petit monde passe l'hiver au chaud pour être replanté d'avril à juin par Thierry le solitaire, dans un terrain propre et nourri, retourné et amendé durant cette trêve. Les plantes vivaces, les arbustes, les collections d'Hosta, d'Heuchera, et autres végétaux attendent sagement leurs congénères venus d'un monde plein de soleil et d'odeurs d'épices...

« Parfois, au printemps, pourtant en pleine saison dans mon travail au Gaec, je peux rester jusqu'à 23 heures à planter, en mangeant un fruit en rentrant et encore quand j'ai le temps ! J'envisage même d'investir dans une lampe frontale pour allonger les soirées », raconte Thierry en riant. Il se relève ensuite vers une heure ou 2 heures du matin pour changer les arroseurs de place car il n'a pas encore pu investir dans un système programmé...

Ce jardin est un savant mélange de genres exotiques ou plus classiques ; une insertion réussie où tout le monde prospère. Un espace dans lequel les sujets des collections sont décrits avec une précision botanique rare par un propriétaire heureux !

Patricia Grolier

L'édition 2014 du prix Bonpland a également récompensé le jardin de Françoise Rouillé, à Saint-Cyr-sur-Loire (37), et celui d'Hélène et Pierre Lefillastre, à Créances (50).