Diversifier les gammes végétales et sortir des sentiers battus
Dans les rues, comme sur les terrasses, dans les jardins et les intérieurs des maisons, les végétaux sortent des sentiers battus. Ils prennent de la hauteur, sur les murs, les toits ou des câbles métalliques. Ils se nichent dans un interstice, un panier, voire un porteclés. Les professionnels du végétal travaillent leurs gammes, mais ils doivent également jouer de nouvelles partitions...
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La diversification des végétaux d'ornement répond à plusieurs objectifs. En premier lieu, elle permet de satisfaire le besoin de changement des utilisateurs, qui apprécient de disposer régulièrement de produits nouveaux pour enrichir une collection ou faire évoluer des aménagements selon leurs goûts du moment. Car le monde des végétaux n'échappe pas aux effets de mode. Ces dix dernières années, la diversification végétale s'est également renforcée afin d'adapter le marché au contexte environnemental, économique et urbain.
Une demande croissante pour des végétaux rustiques ou « nourriciers »
La demande s'oriente de plus en plus vers des plantes peu exigeantes en eau et en éléments nutritifs, résistantes aux maladies et aux agents pathogènes. Il s'agit ainsi de limiter l'impact de la production et de la gestion des espaces verts sur l'environnement, mais aussi de réduire les coûts d'entretien des plantations. Le fleurissement traditionnel à base d'annuelles et de bisannuelles tend à diminuer dans les collectivités territoriales, principalement dans les grandes villes, au profi t des vivaces, des graminées et des bulbes. La mise en place des démarches de gestion différenciée a conduit à une diversification des types d'espaces verts, des plus horticoles aux plus naturels. Par voie de conséquence, la palette végétale s'élargit avec une augmentation de la présence des végétaux pérennes, arbres et arbustes, des plantes grimpantes. On constate également un engouement croissant ces cinq dernières années pour les arbres fruitiers, les plantes aromatiques, potagères, aussi bien dans le secteur des jardins privés que des espaces publics. Cet engouement est à mettre en relation avec un besoin de traçabilité des produits que l'on mange, et un désir de développer les échanges et le partage entre les habitants.
Sauvages ou horticoles au service de la biodiversité
La préservation de la biodiversité et la recherche d'une gestion écologique des espaces verts ont entraîné une augmentation de la demande sur les végétaux sauvages d'origine locale. « Les espèces horticoles sont souvent moins intéressantes pour les insectes et en particulier pour la faune auxiliaire, car elles présentent des caractéristiques morphologiques qui ne favorisent pas l'accès au pollen et au nectar, comme par exemple la présence de nombreux pétales, explique Johanna Villenave-Chasset, docteure en entomologie. Cependant, il existe des espèces horticoles qui peuvent s'avérer plus favorables que leurs homologues indigènes, à l'instar du fenouil horticole dont la floraison dure plus longtemps que l'espèce sauvage. En outre, des études ont montré qu'en milieu urbain les floraisons sont plus abondantes et s'étalent sur une période plus importante qu'en milieu rural, ce qui est globalement positif pour les insectes pollinisateurs et en particulier les abeilles. »
L'extension des usages face aux besoins
L'élargissement de la gamme végétale correspond également à la diversification des usages du végétal dans la ville pour répondre à la demande croissante de nature, tout en faisant face à la nécessité de densifier le tissu urbain pour réduire l'expansion des villes. La recherche et l'expérimentation se développent pour proposer des végétaux, des substrats, des supports de plantation adaptés à ces nouveaux besoins. Dans le secteur de la production horticole, l'élargissement de la palette végétale a toujours constitué l'un des moteurs de l'innovation. Au premier rang des sources de diversification se place la création variétale, devant l'introduction de nouveaux taxons, le décalage de production, le changement de destination des végétaux et l'adaptation à de nouveaux usages.
Végébase, un outil d'aide au choix des plantes
Mise en ligne depuis 2012, la base de données Végébase élaborée par Plante & Cité en collaboration avec de nombreux partenaires (producteurs, sociétés d'horticulture, centre de recherche, associations) s'adresse aux professionnels de la gestion et de l'aménagement paysager. Avec plus de 3 000 taxons dans sa version initiale, arbres, arbustes et vivaces, horticoles ou sauvages, et une cinquantaine de critères de recherche, elle constitue un formidable outil pour aider le professionnel à choisir des végétaux adaptés au contexte spécifique de chaque projet d'aménagement. Le système de recherche multicritère permet en effet de sélectionner les plantes selon des approches morphologiques, agronomiques, ornementales ou en fonction des usages et des modes de gestion future, un critère rarement proposé dans les bases de données sur les plantes et qui s'avère pourtant très intéressant pour adapter la palette végétale aux contraintes d'entretien du site. Il favorise également la diversification des plantes utilisées et permet de valoriser les nouveautés proposées sur le marché, puisqu'il est prévu d'enrichir régulièrement la base de données au fil du temps. Végébase a été conçu comme un outil collaboratif, participatif et évolutif ayant pour objectif la construction d'une information à la fois détaillée et pertinente.
Dossier réalisé par Yaël Haddad
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