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Le jardinier urbain, un mutant toujours mieux connu

Sur les 27,63 millions de foyers que compte la France, 61 % vivent dans des villes de plus de 20 000 habitants, et 11,9 millions, soit 43 %, jardinent ou s'occupent de fleurs et plantes, en extérieur ou en intérieur.PHOTO : PASCAL FAYOLLE

Val'hor a dévoilé, à l'occasion de la dernière édition de Jardins, Jardin aux Tuileries, le 6 juin, à Paris, les résultats d'une enquête TNS Sofres de 2013 consacrée aux attentes des jardiniers urbains. Avec à la clé deux questions : quels végétaux et quelles prestations recherchent-ils ?

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L'enquête présentée lors d'une conférence à Jardins, Jardin a été menée auprès de 1 000 foyers appartenant au panel Metascope (*) des végétaux, demeurant dans des villes de plus de 20 000 habitants, et jardinant ou s'occupant de plantes ou de fleurs. Les interviews ont été réalisées par téléphone en avril 2013 et, pour plus de richesse dans l'analyse du comportement des jardiniers urbains, les informations ont été mises en perspective avec celles du panel de 2013... La France compte aujourd'hui 27,63 millions de foyers, dont 16,9, soit 61 %, habitent une commune de plus de 20 000 habitants et 11,9 millions, soit 43 %, jardinent ou s'occupent de fleurs et plantes, en extérieur ou en intérieur.

Des PCS (professions et catégories socioprofessionnelles) plutôt supérieures à la moyenne, résidant surtout en région parisienne et ayant des revenus plus confortables que la moyenne nationale. Ces jardiniers pratiquent avant tout en extérieur (85 %), surtout au jardin (59 %), mais aussi sur les rebords des fenêtres et le balcon (33 %), ou sur une terrasse (16 %). Mais ils sont aussi, pour plus de la moitié, actifs dans la maison (57 %). Les moins de 35 ans sont plus nombreux (73 %) à fleurir leur intérieur que leur extérieur (69 %), alors qu'ils sont aussi nombreux que leurs aînés à disposer d'un jardin ou d'une terrasse. Même si les non-possesseurs de jardin ou terrasse investissent davantage leur intérieur (66 %), ils sont 57 % à jardiner à l'extérieur (rebords des fenêtres, jardins partagés ou d'amis...). Pas moins de 83 % des Franciliens jardinent à l'extérieur (presque la moyenne nationale), notamment grâce aux rebords des fenêtres (39 %). En moyenne, ils mettent leur passion en oeuvre sur près de deux lieux : 50 % ne jardinent que sur un lieu, 37 % sur deux, et 14 % sur trois et plus...

Les urbains fréquentent plus que la moyenne les jardineries

Ces jardiniers achètent en moyenne 1,6 plante de plus que les autres acheteurs de végétaux (24,2 plantes par an contre 22,6) et dépensent 9,20 euros de plus (132,5 contre 123,1). Soit un prix moyen par végétal légèrement supérieur, 5,50 euros contre 5,4... Par contre, et logiquement, le budget en végétaux d'extérieur des urbains est légèrement inférieur à celui des non-urbains : 25,3 contre 26,1 plantes par an pour une somme de 55,7 euros contre 57,60 euros par an, pour un prix par végétal comparable. C'est donc sur les végétaux d'intérieur que les urbains consomment plus que la moyenne, trois plantes de plus par an, (9,1 contre 5,9) et 36 euros de plus (104,4 contre 68,3). Soit, et c'est surprenant, un prix par végétal comparable, voire très légèrement inférieur (11,5 contre 11,60 euros) !

Cela serait-il dû au fait que les urbains n'achètent pas plus (61 % des acheteurs) chez les fleuristes, alors qu'ils fréquentent significativement plus que la moyenne les jardineries (48 % contre 39 % des acheteurs) et les marchés et foires (29 % contre 23 %) ? Les auteurs de l'enquête se demandent pour leur part si cela ne serait pas dû à des raisons de proximité et de praticité. Mais la proximité, en ville, semble plutôt pencher en faveur des fleuristes...

Plus d'originalité, de parfums, de résistance

L'enquête visait surtout à déterminer les attentes des jardiniers urbains. Dans 90 % des cas (96 % quand les achats sont effectués chez un producteur), ils souhaitent une durée de vie plus longue de leurs végétaux. Ils veulent aussi moins d'entretien (82 %), une plus grande « résistance aux insectes » dans 70 % des cas, des mélanges prêts à l'emploi (62 %) et des plantes de petite taille (dans six cas sur dix, les jardins sont en effet de plus en plus petits, surtout en ville). Concernant l'innovation, ces jardiniers recherchent plus d'originalité et de diversité (74 %), des plantes plus odorantes (67 %), de nouvelles espèces ou de nouvelles formes (61 %). Et, côté services, la demande est portée sur un bon rapport qualité-prix (92 %), un emballage pratique (67 %), voire la livraison à domicile (30 %). L'enquête note que les besoins des jeunes foyers, permettant d'assurer l'avenir, sont supérieurs à la moyenne dans la recherche de praticité et de fleurs qui durent plus longtemps, de mélanges prêts à l'emploi, d'innovations, de parfums, de plantes de petite taille, et, plus surprenant, de contrats avec un jardinier. Et en région parisienne, les consommateurs sont demandeurs de services liés au transport (emballage pratique et livraison à domicile).

Local oui, mais pas beaucoup plus cher...

Les panélistes ont ensuite été interrogés sur l'intérêt d'un label environnemental. Environ 28 % se sont dits très intéressés, 47 % plutôt intéressés. Les trois quarts sont donc attentifs à un label. La même proportion affirme porter une grande importance ou une assez grande importance au fait que les plantes qu'ils achètent sont produites localement : 47 % affirment qu'ils sont prêts à payer plus cher une production locale (8 % sont prêts à mettre 10 % de plus dans l'achat et 39 % à débourser 5 % de plus), contre 53 % qui ne veulent pas avoir à payer de différence... Il a ensuite été demandé aux panélistes s'ils seraient intéressés par la création d'Amap (Associations pour le maintien d'une agriculture paysanne) dans le secteur horticole, telles qu'elles existent déjà pour le maraîchage. Seul le quart se montre intéressé par ce type d'initiative. Il s'avère surtout que le principe reste méconnu dans les villes de moins de 100 000 habitants (63 % ne savent pas ce dont il s'agit), ce qui explique en partie la faible demande pour ce type d'action.

Jardiner soi-même, une demande forte

Pour terminer cette enquête, les possesseurs de jardin, terrasse, balcon ou rebords de fenêtres ont été interrogés sur leurs attentes en termes de prestation pour le jardin (881 personnes en tout). À la question « Si vous le pouviez, feriez-vous appel à un jardinier professionnel pour aménager et entretenir votre jardin ou votre terrasse ? », 43 % répondent positivement. Sans surprise, les plus gros acheteurs de végétaux, qui fréquentent plus facilement les rayons des fleuristes, sont plus nombreux à assurer que « oui » (50 %). Par contre, les moins dépensiers réagissent majoritairement par la négative : les clients des coopératives et Lisas (libres-services agricoles), par exemple, sont 63 % à ne pas vouloir de l'intervention d'un professionnel... Les personnes favorables à l'idée de faire intervenir un professionnel dans leur jardin le feraient à 68 % pour des conseils techniques, à 59 % pour le choix des végétaux, à 57 % pour avoir de la créativité dans l'aménagement et à 36 % pour l'entretien. Par contre, pour les réfractaires, les trois quarts le font pour garder le plaisir de jardiner, 13 % seulement parce qu'ils n'ont pas le budget. Jardiner reste donc un plaisir affirmé ! Pour choisir un jardinier professionnel, les personnes interrogées privilégient le prix de la prestation, puis les avis et recommandations de leur entourage. « On observe que ceux qui en voient davantage l'utilité pour apporter de la créativité dans l'aménagement et pour réaliser l'entretien général de leur jardin ou terrasse sont surtout sensibles ou préoccupés par le prix de la prestation (plus de 54 %). Et ceux qui sont intéressés par des conseils techniques choisiraient un professionnel davantage en sachant qu'il utilise des végétaux produits localement que la moyenne (38 % contre 32 %) », note le rapport final de Val'hor.

Pascal Fayolle

(*) Le panel Metascope est un échantillon de 20 000 foyers, soit 49 600 individus, représentatifs de la population française. Il est utilisé par TNS Sofres pour réaliser ses enquêtes et sondages.

LabelAujourd'hui, les trois quarts des consommateurs de végétaux sont intéressés par un label environnemental. Un plébiscite pour Plante Bleue...

PHOTO : PASCAL FAYOLLE

ParfumParmi les critères de choix des jardiniers pour les végétaux, le parfum occupe une place importante. Ils veulent aussi des plantes qui durent plus longtemps.

PHOTO : PASCAL FAYOLLE

IntérieurLes urbains consomment davantage de végétaux que les ruraux. C'est sur les plantes d'intérieur qu'ils font la différence, avec trois achats de plus par an.

PHOTO : ODILE MAILLARD

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