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Toitures végétalisées : le marché progresse mais peut encore mieux faire

L'un des essais mis en place par Plante & Cité sur les toitures végétalisées, ici sur le site de l'Agrocampus Ouest Centre d'Angers.PHOTO : YAËL HADDAD

Après l'organisation du congrès mondial des toits et murs végétalisés en septembre 2013 à Nantes et l'élection d'un nouveau président à la tête de l'Adivet (Association française des toitures et façades végétales), début 2014, où en est le marché et quelles sont ses perspectives d'évolution ?

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Depuis une quinzaine d'années, la végétalisation extensive des toitures est apparue comme l'un des moyens de concilier l'augmentation des surfaces vertes dans les villes - pour répondre aux attentes citoyennes de plus de nature et améliorer la qualité de l'espace urbain sur le plan écologique - avec l'engagement des politiques en faveur des villes durables, ce qui implique notamment une densification du tissu urbain.

1 LE MARCHÉ FRANÇAIS A PRIS UN CERTAIN ESSOR.

Si les premières réalisations françaises datent du début des années 1990, il faudra attendre une dizaine d'années avant de voir le marché prendre un certain essor. Au début des années 2000, il était estimé par les professionnels de l'Adivet à environ 100 000 m² de toitures aménagées chaque année. Depuis 2010, on est à plus de 1 million de m² par an, ce qui représente près de 10 % des toitures terrasses qui se construisent. Cela place la France désormais parmi les leaders mondiaux, aux côtés d'un pays pionnier, l'Allemagne, où la technique s'est développée depuis les années 1970-1980. L'essentiel des toitures végétalisées est réalisé par les collectivités territoriales ou des entreprises privées ; le secteur des particuliers restant encore anecdotique. « La branche dans laquelle il reste encore beaucoup de marge de progression est celle des bâtiments industriels ou commerciaux, mais il faudrait des contraintes réglementaires pour que ce marché progresse. Car une toiture végétalisée coûte toujours plus cher à la construction qu'un toit gravillonné, - entre 40 et 100 euros le m², fournitures et pose comprise -, contre 10 euros », précise Raphaël Lamé, président de l'Adivet. Environ 80 % des toitures réalisées sont des aménagements extensifs pour 20 % d'intensif, avec des raisons liées à la tenue des structures supports et aux budgets qui sont restreints. La grande majorité des toitures extensives utilise une palette limitée de plantes, principalement des sédums.

2 DES BÉNÉFICES APPORTÉS PAR LES TOITURES.

Outre des échanges fructueux entre professionnels et chercheurs de tous les pays, le congrès mondial, qui s'est tenu en septembre 2013 à Nantes, et a accueilli plus de 500 congressistes, a également permis de montrer que la France n'avait pas à rougir de ses connaissances et de sa technicité dans ce secteur. Elle a en effet développé ces dernières années plusieurs programmes de recherche visant à comprendre les effets positifs des toitures végétalisées sur la ville et à améliorer leur contribution environnementale. Ainsi, depuis 2008, Plante & Cité associée à plusieurs partenaires (Critt horticole de Rochefort-sur-Mer (17), stations d'expérimentations du réseau Astredhor, établissements de formations, collectivités territoriales) a mis en place des expérimentations ayant pour objectif d'élargir la palette végétale utilisable sur les toitures. D'autres travaux complémentaires ont été réalisés autour de l'élaboration de structures favorables à la biodiversité. Il apparaît que, plus le milieu est diversifié, composé de différentes épaisseurs de substrat, de plusieurs strates végétales et d'une palette d'espèces variées, plus la toiture est apte à accueillir une plus grande biodiversité. Entre 2010 et 2013, le programme de recherche baptisé VegDUD, consacré au rôle de la végétation dans le développement urbain durable, financé par l'ANR (Agence nationale de la recherche) et coordonné par Marjorie Musy, chercheuse au centre de recherche méthodologique d'architecture de Nantes, a été l'occasion d'aborder ces questions dans une approche pluridisciplinaire avec, parmi les modèles de végétalisation étudiés, les toitures végétalisées. Ce projet a permis de confirmer le rôle positif de la végétation sur le microclimat urbain. Plus le taux de couverture végétale est élevé et l'atmosphère humide, plus cet effet est important. Concernant le rôle des toitures, il semblerait que leur impact ne soit vraiment marqué à l'échelle d'un quartier que si elles sont présentes en nombre. Vis-à-vis de la régulation thermique des bâtiments, le rôle rafraîchissant des toitures végétalisées est confirmé, mais seulement en période estivale et surtout pour les derniers étages. Sur la gestion des eaux pluviales, les premiers résultats montrent que la présence d'une surface végétalisée (substrat + plantes) augmente de façon non négligeable la capacité de rétention des eaux de pluie par rapport à une surface nue.

3 LES ÉTUDES MENÉES DOIVENT SE POURSUIVRE.

La recherche doit continuer sur différents axes pour affiner les résultats obtenus tant sur le plan de la sélection d'une gamme végétale plus vaste - adaptée aux toitures mais également facile à produire - que sur les questions de conception de milieux réellement favorables à la biodiversité urbaine ou à l'amélioration du milieu urbain. Car nombre de travaux de recherche ont surtout étudié des modèles théoriques avec peu de transposition sur le terrain. En outre, certaines questions restent encore sans réponse tranchée, par exemple l'effet des toitures sur la pollution des eaux de ruissellement. Il faut travailler non seulement sur la partie végétale, mais aussi sur les aspects techniques, car pour diversifier les toitures, il faut nécessairement faire varier les épaisseurs de substrat et leur capacité de rétention en eau. Parmi les projets de recherche dans lesquels l'Adivet s'est engagée, le programme TVGEP traite de l'apport des toitures végétalisées en matière de gestion des eaux pluviales. Le domaine de la végétalisation des toitures terrasses s'oriente également vers une autre piste : le développement de l'agriculture urbaine dans les grandes métropoles. Un thème sur lequel l'association Plante & Cité a choisi de réfléchir dans les années à venir.

Yaël Haddad

La réalisation des toitures végétalisées implique deux secteurs professionnels qui doivent se compléter pour des travaux de qualité : étancheurs et paysagistes.

PHOTO : LE PRIEURÉ

Essais sur la diversification de la palette végétale au Critt horticole de Rochefort-sur-Mer (17).

PHOTO : YAËL HADDAD

La plupart des toitures végétalisées réalisées sont extensives, se font sur des bâtiments publics et sont composées majoritairement de sédums.

PHOTO : YAËL HADDAD

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