Login

Énergie : de nouvelles technologies pour l'économiser

Le Ratho expérimente deux modèles accumulateurs de chaleur dans sa serre bioclimatique : ici, le modèle horticole est composé de petits murs situés en dessous des tablettes de culture.

Une centaine de professionnels ont assisté à la matinée de conférences organisée par station horticole d'expérimentation et d'information de Brindas (69), le 3 juillet dernier, avant de découvrir les installations dédiées notamment aux économies d'énergie.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

La station d'expérimentation de Brindas (69) a organisé en juillet dernier une journée pour permettre aux producteurs de découvrir ses essais, et de se tenir informés sur certaines innovations technologiques - parmi lesquelles la serre bioclimatique et le chauffage aux agropellets - et les certificats d'économie d'énergie encore trop peu utilisés.

1 SERRE BIOCLIMATIQUE POUR UNE PRÉCOCITÉ SOUS TUNNEL NON CHAUFFÉ.

La serre Richel installée en 2013 sur la station et chauffée grâce au soleil selon le principe bioclimatique mis en place et suivi par Agrithermic (73) (voir le Lien horticole n° 856 « Garder la serre hors gel et la chauffer grâce aux énergies renouvelables » p. 10-11) livre ses premiers résultats. Ainsi, les plantes exigeantes en température (agapanthe, alstroemère, Callistemon viminalis...) y présentent une rapide montée à fleurs (semaine 13). Cette précocité vaut aussi pour la sauge, qui toutefois offre un port légèrement déséquilibré, peut-être dû au manque de lumière, la serre bioclimatique monopolisant la façade nord occupée par les bidons noirs accumulateurs de chaleur (cette énergie thermique stockée pendant la journée est restituée la nuit). Une nette amélioration de la précocité ressort également sur Dianthus Sunflor 'Metallica', Pericallis cruenta et Euryops chrysanthemoides. Pelargonium peltatum et P. zonale présentent peu de différence avec un témoin sous tunnel non chauffé, si ce n'est un port plus souple lié peut-être à une trop forte hygrométrie, du fait du caractère étanche du bâtiment. Élongation, étirement et sensibilité des fleurs au botrytis sont observés sur pensée, une culture qui supporte mieux les températures froides en hiver. Le Ratho a élargi ses essais aux arbustes. Abelia, Buddleia, Caryopteris et Hypericum offrent un démarrage vigoureux sous serre bioclimatique et un développement végétatif accéléré. Les résultats satisfaisants sur rosier incitent à envisager d'élargir l'essai à la fleur coupée. « La serre bioclimatique permet d'accélérer la vente au printemps et de travailler une grande partie de l'année », conclut Serge Lepage, directeur de la station de Brindas. Le programme, non financé au niveau national, va être relancé en 2015, avec le remplacement de l'eau des bidons par un matériau à changement de phase. Il devrait permettre d'obtenir une différence de température de 12-13 °C sous serre en hiver par rapport à l'extérieur, au lieu de 6 °C actuellement en moyenne. La gestion climatique va être optimisée (aération, hygrométrie) et le modèle amélioré avec les partenaires du projet (Agrithermic et Richel).

2 AGROPELLETS POUR UN CHAUFFAGE DURABLE...

La start-up Agronergy (75) propose un nouveau concept tout-en-un de chauffage aux agropellets. « Ce nouveau combustible est équivalent aux pellets de bois, mais est issu des coproduits de l'agriculture (poussières de céréales, rafle de maïs, déchets de betterave...), il est donc moins cher », affirme Stéphane Vidaillet, directeur général de l'entreprise. Le responsable compare les 100-120 euros/MWh du chauffage au fioul - dans le résidentiel - aux 80 euros des pellets bois, et 71 euros des agropellets. « Si les serres sont chauffées au propane ou au fioul, nous sommes compétitifs, mais pas si elles sont chauffées au gaz de ville. » Bertrand Thiebold, responsable technique chez le fabricant de chaudière HS France, explique : « La chaufferie peut être organisée sous une forme modulaire mobile, dans un conteneur. Le convoyage du combustible s'effectue par visserie, ou par bande pour les puissances importantes. Les chaudières polycombustibles de 100 à 500 kW sont équipées d'un brûleur. La gestion est centralisée. Les puissances supérieures à 500 kW nécessitent des chaudières de gamme industrielle plus volumineuses. Selon l'usage et la contenance, le silo doit être rempli une fois par semaine à une fois par mois en hiver. » Un système de « décendrage » automatique externe est nécessaire, et il faut adapter le volume du cendrier en conséquence. « Pour une puissance de chauffage de 200 kW à 2 MW, les agropellets sont intéressants. Au-delà de 2 MW, les plaquettes s'avèrent plus rentables. »

Une chaudière biomasse de 110 kW a été installée au Ratho pour fonctionner dès ce printemps. Elle est accompagnée d'un silo à granulés de 12 tonnes pour le stockage du combustible. L'installation a duré deux mois et dix jours, et la mise en marche a eu lieu en mars. Au Ratho, la livraison s'effectue une fois par mois par un camion souffleur qui se branche dans le bas du silo. La chaudière Gilles HKV 110 kW chauffe 2 000 m² de serre. L'objectif est de fournir 85 à 90 % des besoins, les 10-15 % (pics de demande) restants étant assurés par la chaudière au gaz propane existante.

3 ... ET UNE SOLUTION CLÉS EN MAIN.

« Nous offrons un produit clés en main », précise Stéphane Vidaillet. Agronergy prend en charge l'étude d'intérêt et la conception de la chaufferie, la construction, l'installation, l'investissement, l'approvisionnement en agro-granulés. L'entreprise reste propriétaire de la chaufferie. Le contrat sur dix ans prévoit son entretien par Agronergy. Le producteur achète à la société les MWh qu'il consomme. « Ainsi, le producteur n'a pas d'investissement à réaliser, et bénéficie d'une haute performance énergétique, économique, écologique, avec une prise en main technique. L'idée étant qu'il n'ait à gérer que les cendres, Agronergy prenant en charge la responsabilité de la maintenance. »

La start-up a équipé une serre en Île-de-France, qui consomme annuellement 1 900 MWh. Précédemment chauffée avec 170 tonnes de propane pour un coût de 76 euros HT/MWh, elle bénéficie aujourd'hui d'une chaudière Agronergy d'une puissance de 700 kW. Cette dernière fournit 95 % des besoins (1 800 MWh) pour un coût de 51 euros HT/MWh. « Sans avoir à réaliser d'investissement, l'horticulteur économise 17 % dès la première année, et plus de 30 % en projection sur dix ans », assure Stéphane Vidaillet. Selon lui, une puissance installée minimale de 200 kW pour 600 MWh/an permet de faire gagner 20 % comparé au propane ou au fioul. L'économie réalisée prend en compte, en plus de la redevance variable (en euros/MWh), le paiement d'une redevance fixe annuelle par le producteur.

Ce dernier peut aussi choisir d'investir dans la chaufferie, auquel cas l'économie réalisée atteint 25 à 30 %. Selon Agronergy, le prix des agropellets augmentera deux fois moins vite que celui des énergies fossiles. « La qualité des résidus agricoles diffère mais les recettes des agropellets sont adaptées en fonction de ces derniers », précise le responsable d'Agronergy. Les granulés donnent à la combustion du mâchefer et provoquent l'acidification des fumées, « d'où notre proposition de prendre en main l'entretien de l'installation, c'est notre métier de contrôler la qualité des déchets ». Agronergy s'assure de la résistance de la chaudière pendant les dix ans du contrat. L'entreprise travaille avec la technologie Calys développée par RAGT, fournisseur de granulés. De son côté, le Ratho étudie la maintenance nécessaire. La station a monté un dossier pour l'étude de la valorisation des cendres et du PCI (pouvoir calorifique inférieur).

Le responsable de la station croit d'autant plus aux atouts des agropellets que la région Rhône-Alpes possède un potentiel d'énergie verte. « Bientôt, le producteur devra annoncer les pourcentages de gaz à effet de serre liés à sa production dans les appels d'offre et l'affichage environnemental... », prévoit Serge Lepage. De quoi inciter à diminuer l'usage d'énergies fossiles.

Valérie Vidril

La start-up Agronergy, installée à Paris, propose une solution de chauffage biomasse clés en main. La facture mensuelle comprend un abonnement fixe et une redevance variable selon la chaleur qui a été consommée.

La serre bioclimatique (ici, le modèle maraîcher du Ratho avec mur accumulateur au nord) « permet d'accélérer la vente au printemps et de travailler une grande partie de l'année », selon Serge Lepage, directeur de la station d'expérimentation.

Les agropellets, à base de résidus agricoles ligneux, sont fabriqués selon la technologie Calys (Ragt Energie) en fonction des intrants disponibles localement.

Agronergy gère l'approvisionnement en granulés, l'installation et l'entretien de la chaudière polycombustible dont elle reste propriétaire.

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement