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BÉNÉDICTE BACHÈS, PÉPINIÉRISTE SPÉCIALISÉE DANS LES AGRUMES ET PRÉSIDENTE DE PLANTES & CULTURES « Aider le public à mettre en scène les végétaux chez eux »

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Plantes & Cultures existe depuis deux ans. Sur quoi se mobilise votre association ?

Nous portons notre attention sur les plantes de collection, leur mise en marché et leur utilisation, la proximité et la communication avec la clientèle. Notre message principal : « Chacun de nos vingt-cinq adhérents produit de la diversité. Avec leurs compétences, nous pouvons vous aider à choisir et à utiliser la richesse de la palette végétale. » Il s'agit aussi de valoriser le travail de recherche, parfois dans le monde entier, réalisé par nos adhérents pépiniéristes, pépiniéristes-paysagistes, parfois également botanistes, chercheurs, conservateurs...

Les journées des plantes de Courson (91), du 16 au 18 mai, ont été votre premier rendez-vous 2014. Dans quel but ?

Plantes & Cultures exposait pour la deuxième fois à Courson pour se rapprocher des jardiniers. Cette année, notre jardin didactique, en vingt-cinq modules, portait sur les graines et la biodiversité (voir le Lien horticole n° 884 du 7 mai 2014, page 7), un thème en phase avec les organisateurs. Avec le message « La diversité, prenez-en de la graine », nous voulons montrer et expliquer que, s'il y a danger pour la survie de la diversité végétale, nous pouvons la protéger en favorisant la vie, sous différentes formes (faune, flore...), dans nos espaces paysagers.

Quelles actions engagez-vous avec les membres de votre association ?

Nous avons programmé trois événements pour ce printemps. En plus du jardin thématique de Courson, trois adhérents ont exposé durant le festival d'art contemporain, du 17 au 25 mai, à Sainte-Savine près de Troyes (10). Sur le thème « Mise en (s) cène », dans onze chapelles de l'église, il s'agissait de montrer que la culture peut être un art, mais surtout de montrer comment l'Homme a accompagné les plantes depuis des millénaires, notamment via les grandes religions, dans toutes les confessions. Enfin, à Jardins, Jardin aux Tuileries, à Paris (75) ce mois de juin, nous communiquons sur « La diversité du jardin nourricier : des jardins dans la ville ». Il existe beaucoup de plantes qui se mangent. Nous insistons sur le fait que « vous pouvez le faire, et nous, nous vous expliquons comment ». Cet échange est important, d'autant plus que, sous peu, près de 80 % des gens seront des citadins !

Plantes & Cultures est issue d'une scission avec l'Aspeco (Association des pépiniéristes collectionneurs). Comment allez-vous vous démarquer ?

Comme dans tous les groupes, il existe des affinités différentes. Nous nous intéressons moins à la mise en marché et à la vente par internet [N.D.L.R. : nombre des pépiniéristes collectionneurs ont déjà leur site]. Pour nos actions collectives, nos vingt-cinq membres se centrent sur un objectif : comment aider le public, les jardiniers, à mettre en scène les végétaux chez eux.

Qui sont vos adhérents ?

Majoritairement des producteurs qui ont envie de réfléchir sur la (bio)diversité. Et nous travaillons avec des partenaires sur les actions que nous avons décidées. Chacun apporte sa contribution selon son activité. C'est le cas avec l'entreprise Créa'Paysage, de Didier Fogaras, qui nous a aidés pour les trois réalisations menées ce printemps. Nous cherchons toujours de nouveaux partenaires pour d'autres projets, plutôt prévus sur plusieurs années.

Envisagez-vous de nouvelles adhésions ?

Nous ne souhaitons pas former un trop grand groupe d'adhérents mais nous préférons rester sur l'envie de se rencontrer, sans toutefois être fermés.

Votre association était présente à la table ronde sur la future réglementation européenne (synthèse dans une prochaine édition du Lien horticole). Les projets évoqués touchent au coeur votre préoccupation sur la biodiversité...

Christian Crépin, vice-président et coresponsable des pépinières Lepage, était intervenant et plusieurs de nos membres étaient dans l'assistance. Nous ne pouvons pas laisser légiférer sur toutes les semences par certains lobbies qui monopoliseraient tout. Ce qui permet la nouveauté et la diversité, en particulier dans le végétal, c'est le semis. Bouturer, greffer, cloner... ce n'est pas suffisant pour favoriser la diversité. Il existe déjà des travaux de sélection - sur le génome - qui misent sur les fruits sans pépins. Sous couvert de proposer aux consommateurs l'avantage des fruits sans pépins... il s'agit avant tout de supprimer les possibilités de reproduction et de s'arroger la propriété des variétés. Nous, nous voulons que la vie continue à émerger, en particulier à partir des graines. Et aussi des portegreffes qui permettent d'amener une grande diversité.

À la suite de ces débats, quelle est la position de Plantes & Cultures sur ces règlements annoncés ? Comment allez-vous vous mobiliser ?

Nous attendions plus de précisions avec la venue d'une représentante de la Commission européenne... Avec d'autres, nous avons à dire sur la protection de la diversité et sur les dangers du projet de loi tel qu'il a été présenté. D'ici à octobre, avec les organisateurs de Courson, les intervenants de la table ronde, nous allons solliciter tous les partenaires volontaires du monde horticole, français (associations, syndicats, Val'hor...) et européens (Angleterre, Allemagne, Italie, Espagne...), pour avoir plus de poids pour faire entendre nos avis. À ce jour, les mois de mai et juin étant très chargés, nous avons juste débuté les premiers contacts...

Propos recueillis par Odile Maillard

www.plantesetcultures.org www.facebook.com/planteset cultures

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