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Arbres. Pour mieux protéger nos vieux sujets

L'if de Montgardon (50), un arbre de 9 m de circonférence et de 10 m de hauteur, a été labellisé, en 2005, Arbre remarquable par l'association ARBRES.PHOTO : LIONEL STAUB, ASSOCIATION ARBRES

Dans la Manche, une association a engagé une démarche pour sauver un vieil if et lancé une pétition pour une vraie reconnaissance des sujets remarquables.

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Fin septembre, des membres de l'association ARBRES (Arbres Remarquables, Bilan, Recherche, Etude, Sauvegarde) ont bataillé pour sauver l'if de Montgardon (50), un arbre de 9 m de circonférence et 10 m de hauteur, qui surplombe le cimetière de l'église de cette petite commune de Basse-Normandie.

Son âge est estimé à près de 800 ans et il a été labellisé Arbre remarquable de France en 2005 par l'association. Le sujet montrant des signes d'altérations jugés inquiétants, une expertise a été réalisée à la demande du maire, mi-août. Celle-ci a conclu qu'il y avait un risque élevé que l'arbre s'ouvre et s'écroule sur les tombes situées à proximité et préconise dès lors l'abattage de l'if.

Mais sa valeur patrimoniale rend cet arrêt de mort difficilement acceptable aux yeux de nombreuses personnes, et une mobilisation sans précédent s'est mise en place pour tenter de le sauver : mails de toute la France et même au-delà, déchaînement des passions sur les réseaux sociaux... Une réunion publique a été organisée mi-octobre à l'initiative des élus. Des représentants de l'association ARBRES, accompagnés de structures locales comme le CAUE (Conseil d'architecture, d'urbanisme et de l'environnement), ont porté en tête le flambeau de la défense de l'if séculaire et ont obtenu une victoire en demi-teinte : l'arbre a été sauvé de l'abattage mais il subira une taille d'allégement sévère pour limiter les risques.

D'autres options comme l'étayage ou le haubanage ont été étudiées mais elles sont complexes à mettre en oeuvre sur un sujet aussi fragile, ce qui implique des études complémentaires, donc du temps et un budget nettement plus élevé que les travaux de taille qui n'aurait pu être supporté par la commune.

Une problématique récurrente

Cet exemple permet d'illustrer une problématique récurrente autour des arbres remarquables, la difficulté de les protéger et d'en assurer un suivi régulier, afin de pouvoir anticiper les mesures nécessaires à leur conservation. D'autres sujets exceptionnels, connus ou non encore localisés, sont également en péril car, même s'ils ont été labellisés, cette marque de reconnaissance n'a aucune valeur légale. La France pâtit d'un manque de protection juridique, à la différence de bon nombre de nos voisins européens (Espagne, Allemagne, Belgique...). Les spécialistes de la gestion des arbres remarquables soulignent que cela permettrait d'engager une surveillance rapprochée des plus exceptionnels, sans avoir à agir dans l'urgence, et de dégager les moyens financiers nécessaires. Car poser un diagnostic et trouver des solutions optimales restent souvent complexes. L'anticipation est ainsi la clef de la sauvegarde.

L'association, qui vient de fêter ses 20 ans, a lancé le 12 octobre une pétition nationale auprès des ministères concernés pour faire reconnaître officiellement les arbres remarquables comme patrimoine naturel et culturel. Celle-ci a déjà recueilli (début novembre) plus de 1 800 signatures.

Pascal Fayolle

Pour en savoir plus : http://www.arbres.org/

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