Kerisnel : 50 ans de pépinière

1964 La pépinière pour échapper aux difficultés du maraîchage

Jacques Roué fait partie des pionniers qui, parmi les adhérents de la Sica de Saint-Pol-de-Léon (29), se sont lancés dans l'aventure de la pépinière. Les producteurs de la région étaient tous maraîchers. Mais l'hiver 1963-1964 particulièrement froid a mis les cultures de chou-fleurs et d'artichauts à rude épreuve, incitant certains à se diversifier. Jacques Roué deviendra président de Kerisnel Les Pépinières en 1975, le restera jusqu'en 1980, puis reviendra de 1985 à 1992 pour un second mandat... « Les débuts n'ont pas été faciles. » Il faut choisir des productions, apprendre à maîtriser la technique et à commercialiser ces produits nouveaux pour la structure... « La seule chose dont nous étions sûrs, c'est qu'il ne fallait pas faire la même chose que d'autres régions et valoriser les atouts de la Bretagne en choisissant la production de plantes de terre de bruyère. Un technicien et un commercial ont été embauchés et nous avons démarré. »

1975 Monter en qualité pour faire face au premier choc pétrolier

La première crise du pétrole éclate. La Bretagne, loin de tout et dépendante des transports, souffre plus encore. Des salariés sont licenciés. Mais « nous avions foi en l'avenir », poursuit l'ancien président. « Nous avons revu notre organisation et avons souhaité que les producteurs soient spécialisés. Les discussions ont été difficiles, certains nous ont d'ailleurs quittés... » À l'époque, la Sica compte 120 hectares de pépinière. Seuls quinze producteurs restent et choisissent d'améliorer la qualité. Chacun devient responsable de son produit et doit commercialiser la totalité de sa production via la Sica.

1978 Les cultures en conteneur font leur apparition

Les principaux problèmes techniques sont résolus. C'est le début des cultures en conteneur « qui allongent les périodes de vente ». Mais ce ne sont que des essais : « Un voyage mémorable aux États-Unis en 1981 nous a convaincus de passer aux cultures en conteneur à grande échelle », relate Jacques Roué. Elles servent à alimenter les jardineries, en plein développement. Le catalogue de l'entreprise compte 2 500 taxons avec deux spécialisations : toujours les plantes de terre de bruyère, et celles de bord de mer.

1985 Le premier de trois hivers dévastateurs

Le gel de cet hiver particulièrement dur (les deux suivants le seront également) entraîne des dégâts importants au sein des productions.

1986 Un printemps pourri bloque les ventes en jardinerie

La météo du printemps est désastreuse, elle fragilise la production déjà affaiblie par le gel.

1987 L'entreprise s'ouvre à l'international, la tempête frappe

L'entreprise réagit et embauche François Quéré, qui va « initier une politique de qualité et de développement national et international. Cette année et les suivantes ont été intenses, non seulement en développement, mais aussi en formation et en discussions, pour que tous les producteurs adhèrent à la stratégie. Nous avions parfois une ou deux réunions par semaine. C'est le début d'un cycle de bonnes années, avec des croissances de chiffre d'affaires de 20 % par an jusqu'en 1991 ». Mais l'année est aussi marquée par une tempête qui, en octobre, ravage, entre autres, la Bretagne.

1991 La TVA au taux plein et un contexte économique perturbé

La TVA passe au taux plein, 18,6 % à l'époque. Le marché se dégrade brutalement, la première guerre du Golfe persique venant déstabiliser l'économie mondiale. « Nous avons fait le choix du haut de gamme, de vendre à l'ensemble de la distribution spécialisée, de renforcer notre politique de qualité, et d'améliorer notre communication et nos services », se souvient Jacques Roué. Des producteurs rejoignent le groupe dans la foulée, dont un de fruitiers.

2002 Mise en place d'une démarche qualité certifiée

La Sica s'engage dans une démarche de qualité de services ISO 9001. De nombreuses autres pépinières font de même partout dans l'Hexagone.

2007 Le contexte économique redevient plus difficile

Le marché commence à se durcir, prémices de la crise de 2008. « Kerisnel parvient à maintenir une progression de son chiffre d'affaires au prix d'une présence sur le terrain renforcée et d'une optimisation de son organisation logistique. Le transport combiné rail et route est testé. »

2012 Des initiatives pour contrer la baisse du chiffre d'affaires

Lancement de la gamme K, la Kollection, composée de trente-deux espèces et variétés choisies pour leur originalité, feuillage ou port originaux, floraison exceptionnelle... L'année a été maussade pour toute la profession et l'entreprise a enregistré 10 % de baisse de son chiffre d'affaires... Mais qui reste le second meilleur depuis sa création ! Avec 300 ha en culture et huit millions de plantes vendues, Kerisnel compte parmi les plus importantes pépinières françaises.

Pascal Fayolle