Le regard de Michel Brunet

1970 Une décennie de fortes évolutions culturales

Développement permanent des matériels, équipements et intrants, dont les substrats et les solutions fertilisantes diversifiées (liquides et « retard ») pour réduire les cycles de culture sans nuire à la qualité.

1973 Premier choc pétrolier : ceux de 1979 et de 2008 suivront

Les producteurs de plantes fleuries de serre chaude, en particulier, ont été impactés chaque fois, surtout par l'augmentation du coût du fuel domestique. L'occasion et l'obligation de se lancer dans des investissements... Les tablettes roulantes ont permis d'augmenter d'environ 20 % les surfaces occupées et les écrans thermiques de chauffer « moins de vide ». Depuis, on ne conçoit quasiment plus de constructions sans ces équipements. Par contre, nombre d'entreprises n'ayant pas assez de moyens pour compenser les envolées énergétiques ont disparu.

1976 Michel Brunet reprend l'entreprise familiale (5e génération) à 26 ans

Il s'installe à Saint-Aubin-sur-Scie (76) après avoir exercé comme assistant de recherche à l'Inra de Versailles dans le laboratoire du professeur Coïc de 1973 à 1976. Il cherche quoi produire et observe ce qui se vend à l'international. À cette époque, avec environ 20 millions de Kalanchoe, le Danemark était leader dans l'innovation et dans la maîtrise des plantes en pot fleuries. Les Pays-Bas étaient loin derrière avec une piètre réputation quant à la qualité.

1979 Le début de l'aventure horticole haut-normande

C'est le temps du syndicalisme (FNPHP) et de la structure de développement Horti D (Arexhor Seine-Manche) adossée aux centres de formations horticoles CFA-CFPPA Hortithèque de Fauville-en-Caux et Mont-Saint-Aignan (76).

1980 Jusqu'en 2010 environ : la montée en puissance des Pays-Bas

La production de plantes en pot fleuries d'intérieur, tant en quantité qu'en qualité, évolue au rythme d'un nouveau genre important tous les dix ans. Chrysanthèmes dirigés, Begonia rieger, Kalanchoe... et dernièrement les orchidées (Phalaenopsis au début) ont balayé les ventes de bégonias, cyclamens et poinsettias. En moins de 10 ans, les Pays-Bas sont passés de 10 000 unités à 125 millions d'orchidées... Après avoir renforcé leurs critères de qualité, les Pays-Bas n'ont actuellement plus rien à envier à la qualité des productions françaises. Ils se sont concentrés, industrialisés et tournés avec force vers l'exportation, bouleversant et malmenant l'horticulture française et européenne en potées fleuries.

1994 Une période particulièrement troublée

Disparition de l'Anihort (Association nationale interprofessionnelle de l'horticulture). Celle du CNIH (Comité national interprofessionnel de l'horticulture) a suivi le 19 septembre 1996, avec une suppléance ponctuelle via l'Institut français horticole professionnel (IFHP)...

1995 Création, le 28 juillet, de l'institut technique Astredhor

L'association des structures d'expérimentations et de démonstration en horticulture soutient le réseau d'une quinzaine de stations régionales au service des producteurs. Un gros travail d'expérimentation et de coordination s'organise, notamment pour le screening variétal, afin d'aider au choix parmi les innombrables nouveautés lancées sur le marché. Les stations ont pu échanger les résultats entre elles, puis instaurer un système d'ouverture du réseau aux adhérents.

1996 Développement de la protection biologique intégrée (PBI)

Deux fournisseurs principaux (Koppert et Biobest), avec l'appui des stations d'expérimentation, ont apporté des solutions efficaces. C'est une révolution dans les pratiques, malgré une nécessaire surveillance de tous les instants. La France a fait des pas de géant dans ce domaine, elle a une longueur d'avance. Un regret : les pays européens ne travaillent pas à armes égales avec les produits phytosanitaires autorisés et interdits, et l'Europe ne soutient pas le développement de la PBI. Il manque des solutions concrètes, notamment en fongicides. Côté commerce international, la production des Pays-Bas a atteint 120 millions de Kalanchoe par an... le Danemark n'est plus qu'à environ 16 millions.

2008 Les cultures energy savers démarrent

La production de poinsettias (Euphorbia pulcherrima) nécessitait autrefois 20 °C minimum, avec des variétés assez difficiles. Le renouvellement de la génétique a apporté des cultivars plus faciles et acceptant sans souci 16 à 17 °C. Le travail des stations Astredhor a permis de choisir parmi les obtentions en fonction des conditions de culture. Le 11 mars, l'Astredhor a reçu la qualification d'Institut technique agricole, plus que jamais référent en matière d'horticulture.

2013 Concurrence internationale pour les plantes d'extérieur

C'est particulièrement le cas pour les approvisionnements des jardineries, par exemple avec les orchidées de jardin des Pays-Bas et de Belgique... À la suite des chocs pétroliers, un (re) positionnement s'opère et marque un nouveau choc commercial pour l'horticulture française.

Odile Maillard