Paysage Assurer l'avenir des sols pour assurer le nôtre...
Le colloque « Des sols et des si » a apporté un nouveau regard sur ce milieu naturel méconnu.
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Le colloque « Des sols et des si » a apporté un nouveau regard sur ce milieu naturel méconnu.
Le vendredi 16 janvier, à Lyon (69), la journée d'échange « Des sols et des si » a réuni une centaine d'étudiants, principalement spécialisés en droit et environnement, à l'université Lyon 3. S'y sont exprimés tour à tour, dans un cheminement interdisciplinaire, pédologues, anthropologues, juristes et philosophes, sur les questions fondamentales relatives au sol. Qu'est-ce qu'un sol ? Parle-t-on d'un sol ou des sols ? En quoi le droit peut-il donner un statut au sol en le considérant non plus seulement comme une surface d'occupation, mais dans sa réalité de milieu de vie nécessaire à l'équilibre écologique et comme producteur de services écosystémiques ?
Approche scientifique dans un premier temps Un sol naturel met plusieurs milliers d'années pour se former et, à ce titre, doit être considéré comme une ressource non renouvelable. Toutefois, Christophe Schwartz, professeur en pédologie urbaine à l'université de Lorraine, montre qu'il est possible de construire un sol, et que ces sols construits ou reconstitués sont rapidement capables d'assurer les mêmes fonctions de support de végétaux et de biodiversité qu'un sol naturel, tout en rendant des services écosystémiques. Cette technique présente un enjeu important, autant au niveau de la restauration des sites très dégradés que du recyclage et de la valorisation de ressources délaissées : terres dépolluées, matériaux de construction, matériaux organiques (boues d'épuration, composts).
Approche juridique dans un deuxième temps Les services écosystémiques des sols, c'est-à-dire les bénéfices que l'homme retire de ces écosystèmes, sont de plusieurs ordres : support, approvisionnement, régulation (des eaux en particulier), culturels... Dans la sphère politique, on assiste à un conflit d'usage entre ces différents services, avec une priorité qui va souvent à l'encontre de la durabilité. Philippe Billet, professeur de droit à l'université Lyon 3, montre par ailleurs que si on le considère en sa qualité de milieu naturel, le sol est quasiment ignoré du droit. Et ce tant au niveau national (codes rural, de l'urbanisme ou de l'environnement), qu'international. Contrairement à l'eau et à l'air, les risques d'altération des sols en tant qu'écosystème propre sont ignorés. C'est uniquement au travers du risque d'atteinte à la santé ou à la qualité de l'eau que cet aspect est abordé.
En conclusion, Jean-Claude Marcus, représentant l'Association française pour l'étude du sol et cofondateur du Club parlementaire pour la protection et l'étude des sols, a rappelé le rôle important que les sols peuvent jouer dans les années à venir. Il a insisté sur leur aptitude à limiter le réchauffement climatique. « Il suffirait d'augmenter de 4 pour 1 000 leur teneur en carbone pour absorber le surplus du carbone anthropique », mais aussi sur leur grande vulnérabilité face à ce même réchauffement climatique et face au pouvoir destructeur de l'occupation humaine et de la puissance des techniques mises en oeuvre...
Claude Thiery
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