Rosiers paysagers : une palette adaptée aux nouveaux usages
À l'occasion du congrès mondial des roses, qui s'est déroulé à Lyon (69) fin mai, une matinée technique organisée par la direction des espaces verts de la ville a permis de faire un point sur la place des rosiers dans les aménagements paysagers.
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Le congrès mondial des roses s'est tenu pour la première fois en France du 25 mai au 1er juin derniers, à Lyon. L'occasion pour les chercheurs et les professionnels du monde entier d'appréhender le rôle historique que la région a tenu à partir du XIXe siècle dans la production et la création variétale autour de la fleur préférée des Français. Un passé prestigieux qui ne s'est pas éteint puisqu'aujourd'hui la moitié des variétés nouvelles de roses créées en Europe naissent encore dans la région lyonnaise, qui se situe au deuxième rang de la production nationale.
En marge de cette manifestation internationale de premier rang, la ville a lancé un Festival des roses programmé sur la période du 4 avril au 10 octobre autour de multiples événements : expositions dans les musées et au parc de la Tête d'Or, animations et aménagements éphémères dans les quartiers, baptême de la rose 'Only Lyon', colloque scientifique de la SNHF (Société nationale d'horticulture de France) et matinée technique à destination des collectivités territoriales, des centres de formation et des entreprises du paysage. Celle-ci a rassemblé près d'une centaine de personnes et a notamment permis d'aborder la place de ce végétal dans les aménagements paysagers et l'évolution de la gamme pour s'adapter aux nouvelles exigences environnementales et économiques actuelles.
Chédigny, un « village-jardin » autour de la rose
Depuis une quinzaine d'années, Chédigny, village-rue de 585 habitants en Indre-et-Loire, a construit son image autour des roses. Cette commune attire aujourd'hui plus de 60 000 visiteurs par an grâce à ses aménagements et aux manifestations qu'elle organise autour du fleurissement et de ces fleurs, notamment les promenades fleuries et le festival des roses. Sa transformation est née de la volonté de son maire, Pierre Louault, d'améliorer le cadre de vie de ses administrés et de faire baisser la vitesse des véhicules de passage. Passionné de roses anciennes, c'est avec la complicité du rosiériste André Eve qu'il a commencé à planter à la fin des années 1990 des variétés grimpantes en pied des habitations dont les façades n'ont rien d'exceptionnel. Ces premières plantations ont été un succès et à partir de 2001, elles se sont poursuivies au gré des réaménagements du bourg, de la suppression des trottoirs et de l'enfouissement des réseaux. Aux grimpants s'ajoutent des sujets arbustifs et des vivaces. Aujourd'hui, on compte près de 800 rosiers et 250 variétés, des centaines d'arbustes et plus de 1 500 bulbes printaniers.
« Portés par ces aménagements, les habitants sont devenus acteurs de l'embellissement du village en réalisant des plantations dans leurs jardins ou en repeignant leurs façades et leurs volets. En outre, de plus en plus de jeunes ménages font le choix de s'installer dans le centre-bourg et non plus en périphérie », souligne le maire. La commune a obtenu la première fleur en 2004, la seconde en 2005, la troisième en 2007 et la quatrième en 2013. En 2012, elle a été reconnue au sein des parcs et jardins de la région Centre et a recu le label Jardin Remarquable du ministère de la Culture en 2013, une distinction unique pour un village sur le territoire national.
Une palette adaptée aux contraintes de gestion
L'intervention à deux voix des rosiéristes François Félix (également président de la FNPHP) et Matthias Meilland a permis de préciser les multiples usages de ces végétaux dans les aménagements paysagers. Leur présentation ne s'est pas attardée sur les roseraies « traditionnelles » qui présentent certes un intérêt scientifique, historique ou esthétique, mais ne connaissent pas de nouvel essor du fait des niveaux d'entretien élevés qu'elles exigent. Elles restent toutefois prisées des amateurs de jardins et font l'objet de toutes les attentions de la part des gestionnaires pour conserver leur attrait malgré les restrictions d'usage en matière de traitements phytosanitaires.
Pour les aménagements paysagers, les rosiers proposés, de nos jours, par les obtenteurs conjuguent plusieurs atouts : des floraisons qui peuvent s'étaler du printemps à l'automne, des feuillages et des fruits décoratifs à l'automne et en hiver, une occupation rapide de l'espace, une bonne adaptation aux conditions urbaines (sols pauvres) et une bonne tolérance aux maladies, aux ravageurs et au froid, gage d'une réduction des coûts d'entretien. « En outre, la production et le développement de ces rosiers sont facilités par la multiplication par bouture. En effet, la capacité de couverture des rosiers paysagers issus de bouture est plus rapide et importante que pour ceux issus de greffage, dont le port est généralement érigé. Avec une assez faible densité de plantation (deux à quatre plants au mètre carré), il est possible d'obtenir un taux de couverture très intéressant dès la première année et quasi total dès la seconde. Un atout non seulement pour l'effet esthétique, mais aussi pour limiter les travaux de désherbage en phase d'installation. De plus, ce mode de multiplication est plus aisée que le greffage pour les producteurs », ont expliqué François Félix et Matthias Meilland.
Un éventail de couleurs quasi infini
Hormis le bleu et le noir, la palette de coloris des roses est quasi infinie, avec des couleurs franches ou des teintes pastels, des fleurs unicolores ou chamarrées. Si les tons rouges et roses sont les plus nombreux, les jaunes, les oranges, les blancs se sont également bien développés. En outre, le port et les dimensions de ces arbustes à l'âge adulte sont diverses : couvre-sol, port arbustif de 50 cm à 1,80 m de haut, rosier liane grimpant... Le travail de sélection est principalement axé sur la diversité de formes et de couleurs des fleurs, la floribondité, les aspects sanitaires et l'adaptation aux différentes conditions édapho-climatiques. « Depuis plus de vingt ans les obtenteurs ont cessé de traiter les carrés de sélection pour permettre de ne retenir que les variétés très tolérantes aux pathogènes. »
Les usages dans les jardins ou l'espace public urbain des rosiers paysagers sont multiples : créer un massif fleuri ou une haie, - en association ou non avec d'autres végétaux, vivaces ou arbustes -, aménager un talus ou remplacer une surface engazonnée difficile d'accès, animer un rond-point ou un terre-plein routier... « Les seules contraintes sont que le rosier est une plante de plein soleil et que si l'on veut obtenir une longue floraison, il faut prévoir un arrosage goutte à goutte là où les pelouses ne restent pas vertes l'été. »
Yaël Haddad
L'histoire Reproduction d'une planche représentant l'une des premières roses lyonnaises. Baptisée 'La France', elle a été créée par Jean-Baptiste Guillot en 1867. PHOTO : MUSÉES GADAGNE, LYON
La ville Massifs à base de rosiers paysages de la gamme DRIFT de Meilland. PHOTO : MEILLAND
La campagne Aménagement le long d'un axe périurbain avec des Décorosiers®. PHOTO : DÉCOROSIERS®
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