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Économies d'énergie : des pistes pour les plantes à massif

L'Astredhor Grand-Est et l'Astredhor Sud-Ouest ont acquis des références encourageantes concernant la limitation des dépenses énergétiques en culture de plantes à massif de printemps sous abri. Jouer sur l'adaptation du calendrier et choisir des variétés tolérantes au froid constituent une voie intéressante.

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Même si le contexte énergétique est redevenu plus favorable ces derniers mois, les hausses du coût de l'énergie des dix dernières années ont participé à la perte de compétitivité des exploitations horticoles françaises. Le chauffage des abris est devenu un poste de charge très important. Quatre stations d'expérimentation de l'institut technique de l'horticulture Astredhor - Arexhor Grand-Est à Nancy (54), GIE Fleurs et plantes du Sud-Ouest à Bordeaux (33), le Scradh à Hyères (83) et le Cate dans le Finistère, coordonnées par le Cate, ont étudié, de 2011 à 2014, des conduites culturales économes en énergie des fleurs coupées et des plantes en pot cultivées sous abri dans le cadre d'un programme national. Dans cet article sont présentés les résultats concernant les plantes à massif de printemps, obtenus par l'Astredhor Grand-Est et par l'Astredhor Sud-Ouest.

1. DIMINUER L'ÉNERGIE SANS INVESTISSEMENT LOURD

Les exploitations disposent d'une surface d'abris d'environ 5 000 m² en moyenne. Il apparaît donc difficile pour ces entreprises de financer des investissements lourds liés au changement de la source d'énergie et de chaufferie. Aussi, les pistes qui ont été expérimentées s'intéressent à une modification des conduites climatiques des serres ou à des équipements dont les coûts sont modérés et plus facilement transposables en production. Les conduites étudiées sur les plantes à massif font appel à la diminution des températures de chauffage, voire à la suppression du chauffage avec adaptation du calendrier de culture pour compenser la vitesse de croissance plus lente des plantes et le choix de cultivars plus tolérants aux basses températures. Par ailleurs, les conduites économes en chauffage du fait du confinement des abris augmentent les risques d'hygrométrie excessive et par conséquent les risques pour la qualité des produits et les problèmes sanitaires. C'est pourquoi l'étude de l'utilisation de déshumidificateurs thermodynamiques a également été lancée.

2. CONSIGNES DE CHAUFFAGE ABAISSÉES

Les répercussions de ces techniques sur la qualité des produits et les calendriers de culture ont donc été étudiées pour une gamme d'espèces végétales de plantes à massif commercialisées au printemps. Chez les producteurs, ces cultures de printemps sont habituellement réalisées sous abri avec des consignes minimales de chauffage avoisinant les 10-12 °C. L'objectif du programme était de donner des références aux horticulteurs sur le comportement des plantes cultivées avec des consignes de chauffage inférieures à 10-12 °C et de montrer l'importance des économies d'énergie sans pour autant modifier de façon majeure les pratiques de production. Ces travaux ont montré les possibilités de réaliser des conduites avec des consignes de chauffage basses - de 3 à 7 °C -, en avançant les dates de rempotage. Les résultats sont très intéressants pour les taxons suivants : Bidens, Calibrachoa, Nemesia, Osteospermum, Petunia, Phlox, Verbena. Dans les différents essais effectués, le cycle des cultures a été en moyenne allongé d'une à deux semaines pour obtenir un stade de floraison identique.

3. PLANTES PLUS COMPACTES ET CALENDRIER MODIFIÉ

Le grand avantage de ces conduites est que les plantes présentent un port plus compact et une croissance des entre-noeuds mieux maîtrisée, limitant ainsi l'usage de régulateurs. Néanmoins, les cultivars ne s'adaptent pas tous aussi bien à ces types de conduites froides. La région de production intervient également. Ainsi, en climat semi-continental, sur Pelargonium, la sensibilité de certaines variétés limite l'utilisation de cette conduite avec desconsignes basses à cause du retard de quelques semaines dans la commercialisation, alors qu'en climat océanique, cette conduite est utilisable. De même, sur Dahlia et Fuchsia, la culture à consignes de chauffage basses reste possible dans le Sud-Ouest - même si elle ne permet pas des ventes en avril -, alors qu'elle ne l'est pas dans l'est de la France. Le choix de variétés adaptées est donc une problématique importante de ces itinéraires.

4. UNE PHASE D'ENRACINEMENT À 10-12 °C LIMITÉE OU SUPPRIMÉE

Jusqu'à présent, une période de trois à quatre semaines avec un chauffage à 10-12 °C était jugée nécessaire pour l'enracinement des plantes. Or, cette phase représente entre 60 et 75 % de la consommation d'énergie totale pour les conduites sous serre (consignes de chauffage à 3-7 °C après la phase d'enracinement) et la presque totalité pour des conduites sous tunnel (tunnel sans chauffage dans le Sud-Ouest et hors gel dans l'Est). L'étude de différentes conduites (jeunes plants, calendriers, variétés) a été menée de façon à optimiser l'enracinement. Pour l'est de la France et pour des rempotages compris entre les semaines 6 à 8, cette phase d'enracinement à 10-12 °C peut être ramenée à 10 jours avec des variétés tolérantes au froid. Dans le Sud-Ouest et pour la même période de rempotage, cette phase peut être supprimée sans conséquence pour les cultures à condition de déployer un voile de forçage sur les plantes pendant la nuit. Celui-ci régule également la croissance (thigmomorphogenèse). Dans les deux régions et pour des rempotages à partir de la semaine 9, cette phase d'enracinement avec des consignes de chauffage à 10-12 °C n'apparaît plus nécessaire pour les espèces tolérantes au froid.

5. SURVEILLER L'HYGROMÉTRIE

Une contrainte de ces itinéraires est l'influence de l'hygrométrie en hiver. En diminuant les températures, le risque de développement de champignons parasites (Botrytis) augmente. L'utilisation de déshumidificateurs thermodynamiques sur ces cultures s'est révélée efficace pour limiter les excès d'hygrométrie dans les abris. Mais ces appareils ont entraîné un surcoût énergétique trop important et un investissement trop élevé pour la rentabilité des cultures. Cette conclusion n'est cependant pas valable pour toutes les régions et conditions de culture. De plus, certains aspects, comme la diminution des risques sanitaires, sont très difficiles à chiffrer en terme économique.

Toutefois, dans une conduite avec des consignes de chauffage basses, le professionnel doit impérativement s'assurer de la qualité du suivi afin d'anticiper les périodes à risque, de raisonner au mieux l'utilisation des fongicides, de maîtriser la déshumidification par le chauffage. Le brassage de l'air par des ventilateurs est également conseillé. Les autres risques liés aux basses températures concernent la dépréciation de la qualité du feuillage. Le choix du substrat, la conduite de la fertilisation et de l'irrigation permettent d'éviter ou de corriger ces effets.

Laurent Mary (1), Olivier Riaudel (2) et Marie-Anne Joussemet (3)

(1) Astredhor Loire-Bretagne - Cate, 29250 Saint-Pol-de-Léon.(2) Astredhor Sud-Ouest - GIE Fleurs et plantes, 33883 Villenave-d'Ornon (olivier.riaudel@astredhor.fr).(3) Astredhor Grand-Est - Arexhor Grand-Est, 88700 Roville-aux-Chênes (arexhor@astredhor.fr).

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