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Le schizophylle : un champignon très commun...

Les chapeaux de petite taille et de forme conchoïde apparaissent souvent très nombreux.

Très répandu, Schizophyllum commune n'a pas de conséquence grave pour l'arbre si ce n'est la rupture fréquente des branches colonisées.

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1. PORTRAIT DU CHAMPIGNON

Le schizophylle commun colonise essentiellement le bois des arbres feuillus et il a été repéré sur plus de 350 espèces ligneuses différentes. Certaines essences l'hébergent plus fréquemment : érable, aulne, hêtre, tilleul. Il s'observe également sur des branches d'arbustes, sur les tiges des cannes à sucre et sur certains fruits. Ce champignon peut être responsable d'infections sur des personnes fragiles.

Répartition géographique : ce mycète commun est connu sur tous les continents, à l'exception de l'Antarctique. Il est très présent dans les forêts de feuillus à condition qu'elles soient bien éclairées ; il affectionne notamment les lisières. Les arbres de ville et de parcs l'hébergent souvent. Mais ses populations semblent être en régression, en raison notamment d'une certaine raréfaction du bois mort.

Description de la fructification : la fructification est annuelle. Les chapeaux dimidiés sont fixés au support par le centre. Parfois, ils sont dotés d'une courte base qui ressemble à un pied. De petite taille (1 à 5 cm de diamètre) et peu épais (3 à 4 mm), ils ont une forme de coquille Saint-Jacques (conchoïde). Ils apparaissent souvent très nombreux, groupés sur les écorces ou le bois et parfois imbriqués. La surface piléique feutrée, voire hirsute, et de couleur blanche devient grisâtre avec le temps mais aussi dans les endroits peu lumineux. Elle est sillonnée radialement et non zonée. La marge mince et onduleuse se replie vers les lames. Sur la face inférieure, les lames et les lamelles rosées à violacées rayonnent à partir du point d'insertion. Accolées deux à deux, elles apparaissent ainsi fendues dans le sens de la longueur. La sporée prend une couleur brun rosé pâle. La chair est mince (1 mm) et brune.

Confusions possibles : les petits chapeaux du schizophylle commun ne sont généralement pas confondus avec d'autres espèces. La présence de lamelles de teinte légèrement rosée au revers des consoles permet d'identifier avec certitude l'espèce. Bien que portées par un court pied, de jeunes fructifications de Panellus stipticus (panelle astringente) pourraient éventuellement semer le doute. Il s'agit d'un champignon bioluminescent appartenant à la famille des Pleurotacées qui se développe sur des bois gisants.

Période de fructification : les chapeaux persistent longtemps sur leur support. Ils peuvent se déshydrater et se racornir lorsque le temps est sec et reprendre leur forme et leur activité après avoir été ré-humectés. Ils sont visibles du printemps à l'automne.

2. CONSÉQUENCES POUR LES ARBRES

Le schizophylle commun affecte uniquement la partie aérienne des arbres (branches, charpentières et tronc) et il se développe fréquemment sur le bois tombé au sol ou récemment coupé. Il semble pouvoir s'installer rapidement sur des plaies récentes et se comporter alors comme un pionnier préparant le substrat ligneux à d'autres agents lignivores. Il profite des blessures superficielles qui mettent à nu le bois d'aubier pour s'introduire (arrachement de l'écorce, « coup de soleil », brûlures des tissus après un incendie...) puis il se répand ensuite dans l'aubier déshydraté et mort. Généralement, il ne touche pas aux tissus internes duraménisés de l'arbre. Ce champignon colonise aussi bien des branches de faible diamètre que le tronc de vieux sujets mais il reste essentiellement dans l'aubier.

Dégradation du bois : le champignon entraîne une pourriture blanche plutôt spongieuse de l'aubier.

Activité lignivore : elle reste essentiellement limitée à la dégradation de l'aubier. La tenue mécanique d'un tronc ou d'une charpentière est donc rarement amoindrie par le schizophylle, mais la rupture des branches a lieu assez fréquemment.

3. DIAGNOSTIC ET PRÉCONISATIONS

Même si ses fructifications restent discrètes, le champignon se détecte aisément car il fructifie facilement, en groupes conséquents et en toute saison. Les chapeaux apparaissent sur des plaies ou des lésions généralement étendues. Ils se forment également sur des bandes d'écorce lésée qui se fissurent et se décollent progressivement de leur support. Très souvent, le schizophylle s'observe sur les « échaudures corticales » (ou « nécroses orientées ») qui surviennent sur l'exposition ouest des troncs d'arbres subitement ou intensément exposés au rayonnement solaire.

Décision : les troncs ou les charpentières infectés sont rarement fragilisés car le bois de coeur est épargné. Cependant, il est nécessaire de vérifier si les fructifications du schizophylle ne masquent pas la présence d'un autre champignon localisé dans les tissus internes ; dans ce cas, l'arbre peut s'avérer dangereux et une vérification s'impose. Usuellement, la suppression de l'axe infecté est recommandée uniquement lorsque l'altération touche plus de 50 % de sa circonférence totale. De plus petit diamètre et dépourvues de bois de coeur, les branches colonisées par le schizophylle doivent être systématiquement éliminées ou allégées lors d'un élagage.

4. DES USAGES MÉDICAUX

Une substance active extraite de ce champignon, la schizophyllane, s'utilise dans les pays asiatiques pour le traitement de certaines tumeurs cancéreuses. Pour des travaux de recherche en laboratoire, le schizophylle est par ailleurs un sujet de premier choix car sa culture est très facile. Il a permis de mieux comprendre les mécanismes enzymatiques impliqués dans la dégradation du bois ou encore l'origine de l'imperméabilité des chapeaux des champignons.

Pierre Aversenq

Le champignon entraîne une pourriture plutôt spongieuse de l'aubier.

Sur la face inférieure, les lames et les lamelles rosées à violacées rayonnent à partir du point d'insertion.

Développement du champignon schizophylle sur des échaudures corticales (ou nécroses orientées) sur un jeune marronnier.

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