Hortithérapie. Un symposium a réuni paysagistes et soignants
Les 17 et 18 novembre derniers à Paris, l'association Jardins et Santé a abordé la place des jardins dans les établissements médicosociaux.
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Aujourd'hui en augmentation, l'hortithérapie a récemment reçu le soutien de Ségolène Royal. La ministre de l'Écologie, annoncée en ouverture de ce rendez-vous, n'est pas venue. Qu'à cela ne tienne : « Le but de notre symposium est d'instaurer le dialogue entre les professions qui touchent à la santé et celles qui concernent l'art des jardins et de l'environnement », a expliqué Anne Chahine, la présidente de Jardins et Santé.
Des évaluations rigoureuses
Présente partout en France depuis plus de sept ans, cette association récolte des fonds pour financer des réalisations de jardins à but thérapeutique dans les établissements médicosociaux et des recherches cliniques. « Cette année, nous avons ouvert le débat à l'environnement pour introduire la biodiversité dans les créations de jardins. Ce qui me frappe, c'est qu'il y a de plus en plus de paysagistes. La communication s'instaure tranquillement. » Mais parfois avec quelques à-coups entre ces deux univers qui ne parlent pas le même langage et n'ont pas les mêmes méthodes de travail, ni les mêmes tutelles.
Concertation et évaluation sont deux thèmes forts qui ont émergé. L'intervention des paysagistes doit se faire en concertation avec tous les publics concernés et dans le souci ultime des bienfaits apportés aux usagers (patients, résidents, personnels, familles et parfois un public plus large). Or les paysagistes doivent apprendre à connaître ces différentes populations et prendre en compte dans leur conception la pérennité du projet grâce à diverses animations.
Le thème de l'évaluation, souvent évoqué, s'est concrétisé cette année. L'unité psychiatrique du CHU de Nice (06) a fait une présentation remarquée sur sa méthodologie d'évaluation des bienfaits du jardin, se disant prête à partager avec d'autres praticiens. Pour que la pratique soit reconnue et acceptée par les décideurs, les acteurs s'accordent à dire qu'il faudra obligatoirement passer par des évaluations rigoureuses des effets sur le patient.
Les présentations en séances plénières et lors des tables rondes ont rassemblé plus de quarante intervenants : paysagistes, psychiatres, cadres de santé, infirmiers, mais aussi historiens, urbanistes et philosophes dans un souci de pluridisciplinarité et de théorisation. Une autre intervention a été très appréciée : celle du philosophe Bernard Andrieu consacrée à l'éveil et à la conscience du corps vivant plongé dans son milieu. Divers sujets ont par ailleurs été traités : la théorie de la savane, la phytorésonance et la biophilie, les concepts nécessaires pour comprendre les effets profonds du jardin sur l'être. Et si leur conception en matière d'implémentation diffère, les intervenants et les participants ont semblé rassembler autour du fait qu'au jardin, c'est le vivant qui soigne dans un processus où le soigné devient le soignant. Les quelque 170 participants, préoccupés par le manque de reconnaissance de cette pratique et le manque de formations formelles, ont engagé les premières discussions concrètes pour se fédérer, toutes disciplines confondues.
Isabelle Boucq
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